Comment réagit la presse internationale à la démission de Sébastien Lecornu ?

Si la démission de Sébastien Lecornu de son poste de Premier ministre, officialisée ce lundi 6 octobre au matin, fait la Une de l'actualité en France, les réactions s'enchaînent aussi à l'international. Beaucoup pointent du doigt un Emmanuel Macron fragilisé. Tour d'horizon.

La nouvelle a surpris tout le monde, en France comme à l'international. Ce lundi 6 octobre au matin, Emmanuel Macron a accepté la démission de son Premier ministre Sébastien Lecornu, grand fidèle du macronisme depuis 2017. Celui qui a fait partie de tous les gouvernements du président de la République depuis son élection a donc quitté Matignon après seulement 27 jours rue de Varenne.

À l'international, la presse étrangère s'intéresse de près à ce nouveau chapitre de la crise politique française. Alors que l'Allemagne affirme que l'Europe a besoin d'une "France stable", la chaîne d'information Welt, diffusée outre-Rhin, parle d'un "séisme politique" pour évoquer le départ de Sébastien Lecornu, rappelant que l'Hexagone est "le pays le plus endetté de l’Union européenne". Pour le Süddeutsche Zeitung, "la France vit des temps historiques, des temps qui, jusqu'à récemment, n'auraient pas pu être imaginés".

"C'est inédit sous la Ve République", rappelle la Belgique

En Belgique voisine, Le Soir voit cette démission comme un "bouleversement de la vie politique française", qui "nage dans l’inconnu". L'Avenir, de son côté, met en avant la très courte longévité du Premier ministre sortant. "C'est inédit sous la Ve République", rappelle le journal belge. Et de poursuivre : "Cette nouvelle crise politique marque une étape supplémentaire dans la déstabilisation du second quinquennat d'Emmanuel Macron". Pour RTBF, la France "plonge dans une crise politique sans précédent depuis plusieurs décennies, et place Emmanuel Macron en première ligne".

Quelles sont les conséquences économiques de la démission de Sébastien Lecornu?

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Outre-Manche, The Guardian remonte jusqu'à la dissolution de l'Assemblée nationale prononcée en juin 2024 pour justifier la crise dans laquelle s'englue la France. "Le pays a traversé une période d’instabilité et de crise politique depuis que le centriste Macron a convoqué des élections anticipées peu concluantes l’année dernière. Le Parlement reste divisé entre les trois blocs : la gauche, l’extrême droite et le centre, sans majorité claire", retrace le journal britannique.

Quant à lui, The Times ne mâche pas ses mots. "Le président Macron est un canard boiteux à court d’options", écrit le quotidien. "La France est confrontée à une crise de la démocratie qui n’a pas été vue depuis Charles de Gaulle", poursuit-il. Enfin, la BBC rappelle sobrement qu'Emmanuel Macron "a désormais trois options. Il peut nommer un autre Premier ministre. Il peut à nouveau dissoudre l’Assemblée nationale. Ou il peut se résigner".

L'Espagne pointe "l'ingouvernabilité de la France"

Même son de cloche en Espagne, où La Razón évoque "un nouveau vide politique dans un contexte d’impasse parlementaire et de pressions sociales et économiques croissantes". Pour le journal, de nouvelles législatives "pourraient redéfinir l’équilibre politique du pays". La Vanguardia considère de son côté que la démission de l'ancien ministre des Armées "montre la gravité de la crise politique française, l’impuissance de Macron à la gérer et l’absence flagrante de responsabilité des partis". Le quotidien espagnol va même jusqu'à écrire que cette "nouvelle met en exergue l’ingouvernabilité de la France".

L'Italie n'est pas moins surprise par ce nouveau coup de théâtre politique français. "C’est une situation sans précédent, une phase pleine d’inconnues s’ouvre", commente le Corriere della Sera, pour qui "la France est dans le chaos". La Repubblica va plus loin et imagine Emmanuel Macron quitter son poste. "L’hypothèse d’un adieu à l’Élysée", titre le quotidien italien.

Chute de S. Lecornu : "Le gouvernement le plus éphémère de l'Histoire européenne depuis 1945" – 06/10

19:26

Macron est "à bout de souffle"

Les États-Unis ont aussi eu écho de la nouvelle. CNN se montre assez critique vis-à-vis d'un Macron "à bout de souffle" et d'un "pays qui semble épuisé et de plus en plus fatigué de lui". Pour la chaîne de télévision, c'est clair : "La France s’est éloignée du macronisme". CNN pointe aussi du doigt les dernières élections législatives. "La démission de Lecornu souligne la paralysie qui s’est emparée de la France depuis ces élections", analyse le média américain.

Pour The Washington Post, "cette élection a empêché l’extrême droite d’accéder au pouvoir, mais a donné lieu à un gâchis presque ingouvernable". Le quotidien de la capitale des États-Unis met également en avant les conséquences de cette période à l'international. "L’instabilité en France a secoué l’un des pays les plus grands et les plus puissants de l’Union européenne (...). Cela a également jeté une ombre sur Macron alors que les dirigeants européens sont confrontés à une Russie plus affirmée à l’est ; et, à l’ouest, à une relation tumultueuse avec les États-Unis sous la présidence de Donald Trump".

La crise française a même voyagé jusqu'en Argentine, où La Nación explique que "cette nouvelle crise manifeste la profonde méfiance qui existe entre toutes les formations politiques" en France.

Véran Escoffier