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"Cabinet noir": les lieutenants de Fillon réclament l'ouverture d'une enquête

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Les ténors du parti Les Républicains demandent à la justice d'enquêter sur les révélations du livre Bienvenue Place Beauvau, utilisé par François Fillon pour justifier l'existence d'un prétendu "cabinet noir" à l'Elysée.

Les Républicains sortent l'artillerie lourde: dans un courrier adressé à Eliane Houlette, patronne du Parquet national Financier et François Molins, procureur de Paris, les poids lourds du parti organisent, selon le Figaro, la riposte judiciaire à l'affaire Pénélope. Ils réclament l'ouverture d'une enquête sur les révélations du livre "Bienvenue Place Beauvau", faisant état d'un supposé "cabinet noir" chargé de nuire à François Fillon.

Les signataires de cette lettre comptent parmi la fine fleur de la droite: Philippe Bas, président de la commission des lois du Sénat, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, Christian Jacob, président du groupe LR à l'Assemblée nationale, Nathalie Kosciusko-Morizet, présidente du groupe d'opposition LR au Conseil de Paris, Luc Chatel, porte-parole du candidat, et Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France.

Cette dernière, a d'ailleurs annoncé sa volonté de déposer plainte contre X, après avoir pris connaissance d'un passage du livre, relatant comment l'entourage de Claude Bartolone aurait informé les médias de l'arrestation de son fils en possession de 4 g de cannabis. "Si les faits sont avérés, précise son avocat, nous voulons savoir comment, aussi rapidement, une information dont la diffusion est encadrée par le Code de procédure pénale se retrouve en possession d'un responsable politique."

L'Elysée dans le viseur

La lecture de l'ouvrage, cosigné par les journalistes Didier Hassoux, Christophe Labbé et Olivia Recasens, "révèle la commission de faits d'une particulière gravité", explique la missive, "qui seraient susceptibles de revêtir différentes qualifications pénales". Les Républicains fournissent même, en annexe de ce courrier, une synthèse "clefs en mains" de 17 passages incriminant le chef de l'Etat, avec la qualification pénale correspondante.

Entre autres: "association de malfaiteurs, corruption, corruption des autorités judiciaires, trafic d'influence, atteinte à la vie privée, atteinte au secret des correspondances, abus d'autorité, complicité de fraude fiscale, violation du secret professionnel, violation du secret de l'enquête."

"Les informations qui sont contenues dans ce livre sont extrêmement troublantes. Ou elles sont fausses, ou elles sont vraies, mais elles sont tellement graves. Je pense qu'il faut qu'il y ait une enquête", a réaffirmé ce lundi Bruno Retailleau sur BFMTV.

Contre-feu médiatique et bras de fer judiciaire

Alors que François Fillon semble convaincu que l'accumulation d'affaires et de révélations médiatiques joue en sa faveur par un effet de saturation, ses soutiens semblent adopter le principe bien connu du théorème de Pasqua: "Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien." 

Surtout, Les Républicains engagent un bras de fer avec la justice, dont ils pourront quoi qu'il advienne exploiter le résultat: si une enquête est ouverte, les ténors de la droite pourront inviter leurs adversaires à "balayer devant leurs portes", dans la continuité de l'affaire Bruno Le Roux. Au contraire, si ce courrier reste lettre morte, François Fillon et ses lieutenants pourront alimenter leur discours quasi complotiste dénonçant une justice aux ordres du pouvoir politique.

Le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas dénonce en réponse de "la pure spéculation" et tance "une volonté de manipulation de la réalité". 

Louis Nadau