Derrière le "Penelopegate", les autres affaires Fillon

Derrière le "Penelopegate", c'est tout un système qui est pointé du doigt par la justice, celui de l'emploi des membres de sa famille comme collaborateur par les députés ou sénateurs. Rien d'illégal dans les textes mais dans l'affaire Fillon, ce qui pose problème c'est la réalité de cet emploi et les niveaux de salaires attribués.
Outre l'emploi de Penelope Fillon entre 1998 et 2002 puis entre 2012 et 2013, François Fillon est soupçonné par la justice d'avoir détourné 117.400 euros en employant ses enfants étudiants Marie et Charles entre 2005 et 2007 lorsque leur père siégeait au Sénat. Ils étaient rémunérés sur l'enveloppe allouée aux parlementaires pour salarier leur collaborateur mais pour des "prestations fictives ou surévaluées".
"Aucun des deux n'a fréquenté le Sénat, et leur travail aurait consisté à rédiger des notes sur divers sujets, sans lien évident avec l'activité sénatoriale de François Fillon, depuis leur domicile", ont consigné les juges d'instruction.
"Emploi de complaisance"
Concernant Marie Fillon, son travail pendant 15 mois, qui repose sur des notes, aurait principalement servi à nourrir le livre de son père, La France peut supporter la vérité. Charles Fillon n'a lui gardé aucune trace de cet emploi qui a duré 7 mois. Il aurait d'ailleurs principalement collaboré sur le programme de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. La justice a relevé que les contrats étaient signés à temps complets et pour des salaires confortables.
Les deux enfants ont été placés sous le statut de témoins assistés, la justice estimant qu'ils n'ont "vraisemblablement pas eu pleinement conscience qu'ils bénéficiaient en réalité d'un emploi de complaisance". Alors que François Fillon est accusé d'avoir voulu "accaparer" une partie de l'enveloppe parlementaire. Leur mère, Penelope, va comparaître aussi dans ce volet pour recel, les salaires des enfants ayant été versés en partie sur le compte joint du couple.
Une condamnation déjà prononcée
Penelope Fillon et son mari sont également mis en cause pour l'emploi de cette dernière à la Revue des deux mondes, qui seront jugés pour complicité et recel d'abus de biens sociaux. Le Premier ministre sur le départ a sollicité en 2012 son ami Marc Ladreit de Lacharrière, patron de la revue, pour qu'il emploie son épouse. Un travail "par pur complaisance, sans contrepartie réelle et destiné à lui fournir une rémunération à laquelle elle n'aurait jamais pu prétendre si elle s'était contentée d'envoyer quelques notes de lecture au directeur de la revue", relèvent les juges.
Les investigations ont porté sur les salaires - 3.500 euros net par mois - touchés de mai 2012 à décembre 2013 par Penelope Fillon pour n'avoir publié que deux notes de lecture. L'homme d'affaires a comparu en 2018 dans le cadre d'une procédure de "comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité". Il a été condamné à huit mois de prison avec sursis et 375.000 euros d'amende pour abus de biens sociaux, c'est-à-dire avoir utilisé les avoirs de sa société à des fins personnelles.