BFMTV
Syrie

Offensive en Syrie: les forces turques progressent face aux Kurdes

Combats entre les forces turques et kurdes dans la ville syrienne de Tal Abyad, le 10 octobre 2019

Combats entre les forces turques et kurdes dans la ville syrienne de Tal Abyad, le 10 octobre 2019 - BULENT KILIC / AFP

Les forces turques et leurs supplétifs syriens progressent malgré la résistance des forces kurdes dans le nord de la Syrie, où des familles de membres du groupe Daesh ont fui dimanche un camp situé à proximité des combats.

Les combats font rage au cinquième jour de l'offensive turque contre une milice kurde dans le nord-est de la Syrie qui a provoqué un tollé international et entraîné la mort de plus de 150 personnes, dont une cinquantaine de civils, et l'exode de plus de 130.000.

Avec cet assaut, la Turquie cherche à contrôler des secteurs du nord syrien et à y instaurer une "zone de sécurité" de 32 km de profondeur pour séparer sa frontière des territoires aux mains des Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde qualifiée de "terroriste" par Ankara.

A la faveur de la guerre complexe en Syrie déclenchée en 2011, la minorité kurde a instauré une autonomie de facto sur de vastes régions du nord et nord-est du pays, le long de la frontière turque. Ces secteurs sont sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants dominée par les YPG.

Assaut sur la ville clé de Ras al-Aïn

Dimanche, les combats se concentrent sur une bande allant des villes de Ras al-Aïn à Tal Abyad tenues par les forces kurdes. Près de Tal Abyad, les forces turques et les supplétifs syriens ont conquis la localité de Suluk, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Sur le front de Ras al-Aïn, plus à l'est, les forces kurdes ont fait reculer les militaires turcs et les combats se poursuivent à la périphérie de la ville, a indiqué l'OSDH. Un responsable des FDS à Ras al-Aïn a affirmé que ses forces avaient utilisé "des tunnels souterrains" pour prendre l'assaillant par surprise.

Face à la résistance des combattants kurdes, les forces turques progressent lentement. Elles ont pris au total depuis mercredi 36 villages aux Kurdes mais n'ont pas encore conquis de villes majeures, selon l'OSDH.

52 civils parmi les victimes

Au moins 14 civils ont été tués dimanche, dont cinq personnes à bord d'une voiture visée par des combattants proturcs près de Aïn Issa, a indiqué l'ONG. En cinq jours, 104 combattants kurdes ainsi que 52 civils ont été tués dans les violences, selon un dernier bilan de l'OSDH. Ankara a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 18 civils dans la chute de roquettes kurdes tirées sur des villes frontalières turques.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), "des déplacements significatifs continuent d'être rapportés autour de Tal Abyad et Ras al-Aïn", avec des "estimations dépassant les 130.000 personnes". Ces déplacés ont été installés dans des écoles transformées en abri dans des zones relativement épargnées par les violences.

Un "coup de couteau dans le dos"

Les FDS ont combattu pendant des années Daesh, vaincu en mars dernier en Syrie, avec principalement l'aide des Etats-Unis dont des centaines de soldats sont déployés dans le nord syrien.

L'offensive turque a été lancée deux jours après que les Etats-Unis ont retiré des soldats des abords de la frontière syro-turque, semblant donner le feu vert à l'assaut. Un "coup de couteau dans le dos", ont accusé les FDS en appelant malgré tout les Etats-Unis à "assumer leurs responsabilités morales" et à "fermer l'espace aérien face à l'aviation turque", principal atout dans l'offensive.

La menace de Daesh

Les autorités kurdes ont de plus maintes fois mis en garde contre une résurgence de Daesh, en cas de chaos sécuritaire provoqué par une offensive turque. Des cellules dormantes du groupe islamiste pourraient libérer les milliers de jihadistes et leurs familles retenus dans des prisons ou des camps de déplacés, ont-elles averti.

Dimanche, près de 800 proches de membres de Daesh ont d'ailleurs fui le camp de déplacés de Aïn Issa, situé à proximité des combats, a indiqué un responsable du camp, visé selon les autorités kurdes par "des bombardements". 

Mélanie Rostagnat avec AFP