Aide à Ukraine, "contingents de paix"... Les sujets sur la table du sommet de la "coalition des volontaires" à Paris

La France et l'Europe plus que jamais aux côtés de l'Ukraine. Après avoir accordé une aide supplémentaire de deux milliards d'euros à Kiev, le président français Emmanuel Macron réunit ce jeudi 27 mars dans la matinée à Paris les dirigeants de 31 pays alliés de l'Ukraine pour un nouveau sommet de la "coalition des volontaires" qui doit "finaliser" les "garanties de sécurité" à apporter à Kiev en cas d'accord de paix avec la Russie.
Outre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, reçu mercredi soir à l'Élysée, Emmanuel Macron va accueillir le Britannique Keir Starmer, l'Italienne Giorgia Meloni, l'Allemand Olaf Scholz ou encore le vice-président turc Cevdet Yilmaz. Le patron de l'Otan Mark Rutte est aussi attendu, ainsi que les dirigeants de l'Union européenne.
Selon un court communiqué posté par l'Élysée, ce nouveau sommet des volontaires aura pour objectif de "finaliser les travaux" sur trois points: "le soutien à court terme de l'armée ukrainienne", "la défense d'un modèle d'armée ukrainienne durable et soutenable pour prévenir une invasion russe" et "les garanties de sécurité que peuvent apporter les armées européennes", autrement dit les fameux "contingents de paix".
• Aide immédiate à l'armée ukrainienne
Lors de sa rencontre avec Volodymyr Zelensky à l'Élysée mercredi, Emmanuel Macron a estimé que la "première garantie de sécurité" était le renforcement immédiat de l'armée ukrainienne. Avec un but: garantir un "cessez-le-feu complet" entre Kiev et Moscou.
Aussi, avec une enveloppe supplémentaire de deux milliards d'euros, la France va envoyer à l'Ukraine une nouvelle série d'armements: "des missiles antichar Milan", "des moyens de défense aérienne comme des missiles Mica" qui équipent les avions de chasse français Mirage fournis à l'Ukraine, "des missiles de défense sol-air Mistral", "des blindés VAB", "des chars AMX-10 RC", "de nombreuses munitions dont certaines téléopérées", et "des drones".
La nouvelle aide militaire à l'armée ukrainienne compte également "des productions d'équipements" sur place, a déclaré Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse avec Volodymyr Zelensky à Paris.
• Contingents de paix
En "deuxième ligne" des priorités du sommet parisien, et la plus discutée: une "force de réassurance" composée de pays européens volontaires, qui serait déployée sur le sol ukrainien uniquement dans le cadre d'un accord de paix.
Selon le Guardian, "les détails concernant les participants et la taille de cette force sont peu nombreux, certaines spéculations suggérant qu’elle pourrait comprendre entre 10.000 et 30.000 soldats, ainsi que des avions de chasse pour assurer la sécurité de l’espace aérien ukrainien, et des patrouilles maritimes déminant la mer Noire pour protéger les exportations de céréales".
Emmanuel Macron a défendu devant la presse une "approche pacifiste", "comme une réserve stratégique pour aider à dissuader toute nouvelle agression russe". Ces contingents n'iraient "pas sur le front" pour "aller se battre", a-t-il insisté, même s'ils auraient à "répondre" s'ils étaient "attaqués".
Il ne s'agirait ni d'une force d'observation d'un éventuel cessez-le-feu, ni d'une force d'interposition, a-t-il encore plaidé, évoquant la possibilité d'une opération distincte "de maintien de la paix" qui pourrait être sous "mandat des Nations unies".
• Négociations et "traité de paix"
Après une série de réunions politiques et militaires organisées depuis mi-février successivement par Paris et Londres, l'heure est venue de "tirer des conclusions opérationnelles", a expliqué la présidence française à la presse. Le duo franco-britannique est à l'initiative en parallèle du processus de négociations engagé par les États-Unis de Donald Trump avec Kiev d'une part, et Moscou d'autre part, pour mettre fin à la guerre trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine.
Selon Euronews, "la France, le Royaume-Uni et l'Ukraine" auraient également l'ambition de présenter aux États-Unis lors de ce summet "un traité de paix", qui pourrait être discuté ce jeudi.
Mardi, à l'issue de pourparlers en Arabie saoudite par l'intermédiaire de Washington, un accord a été annoncé pour déboucher, sous conditions, à une trêve en mer Noire et à un moratoire sur les frappes visant les sites énergétiques. Mais dès mercredi, les autorités russes et ukrainiennes se sont mutuellement accusées de vouloir faire capoter ce début d'entente, Moscou accusant notamment Kiev d'avoir lancé des opérations contre des sites énergétiques.
Et malgré les intenses échanges diplomatiques des dernières semaines, l'armée sud-coréenne a accusé jeudi la Corée du Nord d'avoir déployé 3.000 soldats supplémentaires depuis le début de l'année en soutien à l'invasion russe, en plus des 11.000 déjà envoyés, et de continuer à fournir des armements à Moscou.
• "Maintenir la pression sur la Russie"
Pour Emmanuel Macron, en continuant de frapper l'Ukraine, la Russie "a montré sa volonté de guerre", jugeant qu'il était "beaucoup trop tôt" pour envisager une levée des sanctions.
"La Russie joue la montre, il faut continuer à maintenir la pression sur la Russie", a renchéri mercredi soir à ses côtés le président ukrainien.
Lors de leur conférence de presse, les deux hommes ont exhorté Moscou à accepter un cessez-le-feu total de 30 jours "sans conditions préalables". "Contrairement au président Zelensky, Poutine a montré qu'il n'était pas un acteur sérieux dans ces pourparlers de paix", a estimé de son côté Keir Starmer dans un communiqué publié jeudi matin. "Ses promesses sont creuses."
De leur côté, la plupart des pays de l'UE et des États de l'Otan doivent "finaliser" leur travaux sur les "garanties de sécurité" pour l'Ukraine, sans attendre que la médiation américaine parvienne à ses fins.
• La question du soutien américain
Enfin, en "troisième ligne", le soutien que les Américains seraient prêts à garantir aux Européens, nécessaires à beaucoup de pays pour qu'ils franchissent le pas et auquel Donald Trump ne s'est pas encore formellement engagé. "Tout cela (les discussions européennes) se fait en toute transparence avec nos partenaires américains", a précisé Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse du 26 mars.
Ces derniers temps, la France et le Royaume-Uni semblent toutefois avoir mis moins l'accent sur un déploiement terrestre, rejeté catégoriquement jusqu'ici par la Russie de Vladimir Poutine. Côté français, on insiste sur le fait que "la meilleure garantie de sécurité" pour l'Ukraine est l'armée ukrainienne elle-même, qu'il s'agit donc de renforcer encore.
Côté britannique, Keir Starmer a expliqué la semaine dernière que ces garanties pourraient concerner "ce qui pourrait se passer en mer ou dans les airs ou dans la défense des frontières". Une source du renseignement européen a fait valoir que la partie aérienne serait prépondérante.
"Le déploiement de troupes, c'est un élément pour nous de notre stratégie" de rapport de forces, "même si à un moment on devra peut-être constater qu'on ne peut pas aller jusque-là", a d'ailleurs dit à l'AFP une source militaire européenne.