BFMTV
Russie

Kiev menacée, l'attaque de Marioupol condamnée: la situation au quinzième jour du conflit en Ukraine

Des habitants évacuent la ville d'Irpin, au nord de Kiev, le 10 mars 2022

Des habitants évacuent la ville d'Irpin, au nord de Kiev, le 10 mars 2022 - Aris Messinis / AFP

En tout, plus de 2,3 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion, et au moins 516 civils, dont une trentaine d'enfants, ont été tués selon les rapports de l'ONU.

Les forces russes ont resserré ce jeudi leur étau autour de Kiev, la capitale ukrainienne. Ils ont aussi rejeté des accusations de "crime de guerre" au lendemain du bombardement d'une maternité dans la ville assiégée de Marioupol. Côté occidental, les 27 dirigeants de l'Union Européenne se réunissent en sommet ces jeudi et vendredi pour fixer les orientations politiques de l'UE sur ce conflit, et ses conséquences.

Au moins 516 civils, dont une trentaine d'enfants, ont été tués en Ukraine et plus de 900 blessés, d'après le dernier décompte de l'ONU, qui souligne que ses bilans sont probablement très inférieurs à la réalité. Une responsable ukrainienne a fait état jeudi de 71 enfants tués dans le pays.

· Les chars russes à la lisière de Kiev

Des chars russes sont arrivés jeudi à la lisière nord-est de la capitale ukrainienne Kiev, qu'ils menacent d'encercler après être déjà parvenus dans ses faubourgs au nord et à l'ouest. Des soldats ukrainiens ont raconté à l'AFP avoir intensément combattu dans la nuit pour y garder le contrôle de la dernière portion d'autoroute avant la capitale, sa principale entrée au nord-est.

"L'importante colonne russe au nord-ouest de Kiev a peu avancé depuis plus d'une semaine et essuie des pertes soutenues", affirme néanmoins le ministère britannique de la Défense.

L'Ukraine garde également le contrôle de Tchernihiv, au nord de Kiev, dont le centre-ville a été pilonné, provoquant la mort de nombreux civils. Dans la région de Jytomyr, à l'ouest de la capitale, sept personnes ont été tuées dans la nuit, dont cinq dans le tir d'un missile sur une route, selon la police.

Depuis le début de l'invasion russe le 24 février, la moitié de la population de l'agglomération de Kiev a fui, a annoncé jeudi le maire de la capitale ukrainienne Vitali Klitschko. En tout, plus de 2,3 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion, dont plus de la moitié ont été accueillies en Pologne, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

· L'attaque de Marioupol condamnée

Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a qualifié jeudi de "crime de guerre odieux" le bombardement russe d'un établissement abritant une maternité et un hôpital pédiatrique à Marioupol en Ukraine, qui a fait trois morts, dont une fillette.

"J'ai été bouleversé par ces images" a pour sa part déclaré le président de la République Emmanuel Macron jeudi. "Des femmes des enfants à nouveau ont été tués", a-t-il dit, parlant de "drames humanitaires". "Des armes profondément létales sont utilisées en plein centre-ville. La France condamne avec la plus grande fermeté ce qui est un acte de guerre indigne et amoral", a-t-il assuré.
"L'aviation russe n'a accompli aucune mission de destruction de cibles dans la région de Marioupol", a rétorqué le ministère de la Défense russe aux condamnations internationales. "La prétendue frappe aérienne est une mise en scène totale à des fins de provocation afin d'entretenir l'agitation antirusse du public occidental", a-t-il ajouté. Selon lui l'hôpital avait été évacué par les Ukrainiens et servait de "place-forte" à des combattants "en raison de son emplacement favorable d'un point de vue tactique".

Les troupes russes assiégeaient toujours cette ville portuaire ce jeudi. Des tentatives d'évacuation de centaines de milliers de civils ont échoué à plusieurs reprises, les deux camps s'en rejetant mutuellement la responsabilité.

· Moscou annonce des couloirs humanitaires vers la Russie

Le ministère russe de la Défense a promis l'ouverture de couloirs humanitaires pour permettre aux Ukrainiens fuyant les combats de rejoindre son territoire, "chaque jour à partir de 10 heures du matin", alors que Kiev réclame des couloirs permettant l'évacuation de civils à l'intérieur de l'Ukraine. Les couloirs allant "dans d'autres directions seront négociés avec la partie ukrainienne", a-t-il ajouté.

· Échec des négociations en Turquie

Les ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et Dmytro Kuleba ont campé sur leurs positions au cours de leurs discussions sous les auspices de leur homologue turc Mevlut Cavusoglu à Antalya (Turquie). Le ministre russe, selon lequel la Russie ne prévoit "pas d'attaquer d'autres pays" et n'a "pas attaqué l'Ukraine", s'est prononcé pour la poursuite du dialogue avec l'Ukraine, mais avant tout via des envoyés des deux camps en Biélorussie, donc à un niveau inférieur.

"Nous avons évoqué un cessez-le-feu, mais aucun progrès n'a été accompli en ce sens", a déclaré de son côté Dmytro Kuleba, ajoutant cependant qu'il "espérait" pouvoir poursuivre la discussion avec son homologue. Il a déclaré que Sergueï Lavrov lui avait assuré que la Russie "allait continuer (son) agression jusqu'à ce que nous acceptions sa demande de capituler". Mais "l'Ukraine ne s'est pas rendue, ne se rend pas et ne se rendra pas", a-t-il clamé.

Une solution à la guerre en Ukraine doit passer par des "négociations entre l'Ukraine et la Russie", ont déclaré au président russe Vladimir Poutine les dirigeants français Emmanuel Macron et allemand Olaf Scholz lors d'un entretien téléphonique jeudi. La France et l'Allemagne ont également "exigé de la Russie un cessez-le-feu immédiat".

· Le sommet européen de Versailles en cours

Les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne seront réunis en sommet à Versailles (Yvelines) ces 10 et 11 mars. Cette rencontre "portera sur la guerre en Ukraine et les conséquences à en tirer pour l’Union européenne en matière de souveraineté", a indiqué l'Élysée dans une note d'information ce jeudi.

Plusieurs points seront abordés: l'indépendance énergétique de l'UE vis à vis de la Russie, le renforcement des armées nationales, la gestion des réfugiés ukrainiens ou encore la question de l'adhésion de l'Ukraine à l'UE.

"L'Europe est unie face à cette guerre", a déclaré Emmanuel Macron, et ce sommet doit notamment permettre "d'afficher et de continuer à renforcer cette unité européenne", a-t-il expliqué, déclarant ne pas voir "de solution diplomatique" à court terme dans ce conflit.
Salomé Vincendon
Salomé Vincendon avec AFP Journaliste BFMTV