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Défense, énergie, candidature de l'Ukraine: les dossiers sur la table du sommet de l'UE à Versailles

Emmanuel Macron à Versailles, pour le sommet européen, le 10 mars 2022

Emmanuel Macron à Versailles, pour le sommet européen, le 10 mars 2022 - BFMTV

Le sommet européen qui s'ouvre ce jeudi à Versailles sera consacré à la guerre en cours en Ukraine et à ses conséquences pour l'Union européenne, sur le plan économique, énergétique ou encore sécuritaire.

Alors que la guerre continue en Ukraine, les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne seront réunis en sommet à Versailles (Yvelines) ces 10 et 11 mars. Cette rencontre "portera sur la guerre en Ukraine et les conséquences à en tirer pour l’Union européenne en matière de souveraineté", a indiqué l'Élysée dans une note d'information ce jeudi.

La guerre déclenchée par le président russe Vladimir Poutine a en effet souligné des faiblesses de l'Union européenne: son manque de capacités militaires mais aussi son extrême dépendance envers le gaz importé de Russie. Ce sommet ne devrait pas accoucher de décisions, de nouvelles mesures, mais plutôt fixer des orientations politiques qui seront mises en oeuvre dans les mois à venir. Le point sur les sujets au menu des discussions.

· La dépendance énergétique à la Russie

Lors de ce rendez-vous, les chefs d'État "discuteront des actions qui pourront être menées pour répondre aux dépendances stratégiques de l’Union européenne, notamment dans le domaine de l’énergie", souligne l'Élysée.

Même si elle a adopté un paquet de sanctions inédit contre la Russie, l'Europe continue en effet de financer le pays par ses achats énergétiques dont elle est incapable de se priver à très court terme. Sauf coup de théatre, l'UE ne devrait pas, comme les États-Unis, couper d'un coup tout approvisionnement russe, mais les 27 doivent réfléchir aux mesures à mettre en place pour réduire progressivement la dépendance énergétique européenne à la Russie.

Cela pourrait accélérer en Europe la transition énergétique visant à diversifier les sources d'énergie, et aller vers la décarbonisation. Mais cela pourrait aussi rendre plus difficile la fin du nucléaire, ou même des centrales à charbon.

· Le renforcement des armées nationales

Les pays de l'UE vont également discuter du renforcement des armées européennes. "Nous ne pouvons pas dépendre des autres pour nous défendre que ce soit sur terre, sur mer, sous la mer, dans les airs, dans l’espace ou le cyberespace. À cet égard, notre défense européenne doit franchir une nouvelle étape", avait déclaré Emmanuel Macron le 2 mars, dans son adresse aux Français.

Lors de ce sommet, les 27 évalueront la force collective de l'Union européenne, et les moyens qu'ils pourront développer dans les années à venir. L'Élysée avait souligné mercredi que les investissements dans la Défense allaient être discutés, ainsi que les domaines dans lesquels l'Europe avait encore des lacunes.

"Ce dont on a besoin c’est de 27 armées nationales fortes, c’est l’essentiel", fait valoir le Palais.

· La gestion de la guerre en Ukraine et des réfugiés

Au niveau de la sécurité, la priorité absolue reste pour le moment l'obtention d'un cessez-le-feu en Ukraine, et le retrait des troupes russes. L'Union européenne s'est déjà dit prête à renforcer les sanctions contre Moscou si la situation ne s'améliorait pas.

Les chefs d'État discuteront également de l'accueil des réfugiés ukrainiens en Europe. En France, "nous devons anticiper pour être prêts le cas échéant à accueillir 50.000, peut-être 100.000 réfugiés", a estimé ce jeudi le préfet Joseph Zimet, qui pilote la CIC (cellule interministérielle de crise).

Une protection temporaire leur a été accordée, dont les modalités seront discutées à l'échelle de l'Europe, tout comme leur accès au marché du travail ou à des aides.

· La question de l'adhésion de l'Ukraine à l'UE

Lors du sommet de Versailles, l'Union européenne doit envoyer à l'Ukraine "un signal politique sur son appartenance à la famille européenne", ainsi qu'à la Géorgie et la Moldavie, mais ne peut pas lancer une procédure d'adhésion accélérée, a estimé l'Élysée.

L'UE leur a déjà adressé un premier signal en lançant dès lundi la procédure pour l'examen des demandes d'adhésion que ces trois pays ont déposées juste après l'invasion russe de l'Ukraine, alors qu'elle avait mis deux ans pour répondre à celle de la Roumanie.

Pour la France, il faut pour ces trois pays "inventer de nouvelles formes de rapprochement de l'UE" avec "un renforcement des coopérations dans les domaines économiques, éducatifs et de recherche ainsi que dans la coopération politique". Leurs chefs d'Etat pourraient par exemple "être associés aux réunions du Conseil européen plus régulièrement". Mais ce n'est pas une adhésion qui mettra fin à la guerre, avertit l'Elysée.

· Un plan de relance économique?

L'Europe "doit investir davantage pour moins dépendre des autres continents et pouvoir décider pour elle-même. En d’autres termes: devenir une puissance, plus indépendante, plus souveraine", avait déclaré Emmanuel Macron début mars.

Selon plusieurs sources européennes, la France tente de persuader ses partenaires d'adopter un nouveau plan de relance, sur le modèle du fonds de 800 milliards d'euros mis en oeuvre depuis l'an dernier pour contrer les effets de la pandémie. Il s'agirait cette fois d'un emprunt commun pour amortir les conséquences de la guerre en Ukraine.

Mais le sujet "n'est pas à l'agenda", a affirmé le ministre allemand des Finances Christian Lindner, rétif à l'idée d'une nouvelle mutualisation de dettes, comme plusieurs pays d'Europe du Nord. La Commission européenne avait cependant indiqué la semaine dernière qu'elle pourrait prolonger la suspension de ses règles de rigueur budgétaire en 2023 si cela s'avérait nécessaire. Un état des lieux de l'impact économique de la guerre est prévu au printemps.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon avec AFP Journaliste BFMTV