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En annonçant le déploiement d'une "force de réassurance" en cas de cessez-le-feu, Emmanuel Macron repositionne l'Europe dans le dossier ukrainien

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Après la réunion de la "coalition des volontaires", Emmanuel Macron a annoncé que 26 pays sont prêts à déployer des troupes en Ukraine pour garantir la sécurité de Kiev après la guerre.

C'est le signe que les choses bougent, et peut-être même le début d'un véritable réveil européen sur le dossier ukrainien. Les Européens commencent à se projeter dans l'après-guerre et ils le font avec un signal politique extrêmement fort: 26 pays se sont "engagés" à participer à une "force de réassurance" dans le cadre d'un futur cessez-le-feu en Ukraine. Une force qui "n'a pas pour volonté ou pour objectif de mener quelque guerre contre la Russie", selon les mots du président français, mais qui s'organise selon "une planification militaire commune". Des mots inimaginables il y a encore un an.

Certes, au sein de la coalition il reste encore quelques différends: si 26 pays, dont la France, le Royaume-Uni et la Belgique, sont prêts à envoyer des troupes, d'autres, comme l'Allemagne et l'Italie, refusent catégoriquement. Mais ces différentes visions ne semblent pour l'instant pas poser de problèmes à la coalition des volontaires qui, dans un premier temps, organisera le soutien à l'Ukraine de manière plutôt libre, laissant le temps aux différents pays de composer avec les opinions publiques respectives.

La puissance de feu américaine reste nécessaire

Ce qu'il faut surtout souligner, c'est que la volonté politique rejoint désormais une réalité militaire déjà existante : les européens ont déjà de facto pris les rênes de l'aide militaire envoyée à l'Ukraine. Le montant de l'aide militaire fournie à Kiev depuis le début du conflit par les Européens s'élève désormais à 77,32 milliards d'euros et dépasse le montant des aides américaines, estimées à 64,6 milliards d'euros.

Les annonces faites hier par Emmanuel Macron en tant que chef de file de la "coalition des volontaires" sont aussi un message clair envoyé aux Etats-Unis : les Européens sont prêts mais ils ont besoin de la puissance de feu diplomatique et militaire américaine.

Une fin de non-recevoir côté russe

Mais avant de penser à la protection de l'Ukraine après le conflit, il faut arriver à une paix, ou du moins à un cessez-le-feu. Ce qui pour l'instant semble improbable. Le Kremlin a opposé une fin de non-recevoir aux déclarations européennes, "inacceptables" selon la porte-parole du ministère des Affaires Etrangeres russe, Maria Zakharova.

"La Russie n'a pas l'intention de discuter d'une intervention étrangère en Ukraine, qui est fondamentalement inacceptable et porte atteinte à toute sécurité, sous quelque forme ou format que ce soit”, a déclaré la porte-parole.

Comme depuis le début du conflit, Moscou assume préférer la voie militaire à la voie diplomatique. Le président russe Vladimir Poutine l'a clairement repeté ces derniers jours: si les négociations échouent, Moscou atteindra "militairement" ses objectifs.

Annalisa Cappellini