Couloirs humanitaires contestés, villes encerclées: la situation au douzième jour de l'invasion russe en Ukraine

Les lignes de front ont peu évolué en Ukraine depuis dimanche. La capitale Kiev est ainsi encore sous contrôle ukrainien, tout comme Kharkiv, malgré d'intenses bombardements russes. Des accords pour mettre en place des couloirs humanitaires pour l'évacuation des civils ont échoué, certains habitants se retrouvent donc coincés pour le moment dans des villes attaquées.
Plus de 1,7 million de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe, selon les derniers décomptes de l'ONU lundi. Et l'organisme s'attend à ce que le flot s'intensifie, notamment en cas d'ouverture de ces corridors humanitaires. BFMTV.com fait le point sur la situation au 12ème jour de la guerre.
• Plusieurs grandes villes ukrainiennes menacées
"L'ennemi continue l'opération offensive contre l'Ukraine, en se concentrant sur l'encerclement de Kiev, Kharkiv, Tcherniguiv (nord), Soumy et Mykolaïev (sud)", a indiqué l'état-major ukrainien ce lundi.
D'intenses bombardements aériens ont ainsi frappé dans la nuit Kharkiv. "Tout est bombardé, détruit", a témoigné un habitant sur BFMTV. Mais, même encerclée, la ville était toujours ce lundi aux mains des troupes ukrainiennes.
Neuf personnes ont été tuées dimanche dans le bombardement par l'armée russe de l'aéroport de Vinnytsia, à quelque 200 km au sud-ouest de Kiev, ont annoncé lundi les secours ukrainiens. Le maire de Gostomel, ville qui accueille une base militaire au nord-ouest de Kiev, a également été tué par l'armée russe, a indiqué lundi la mairie de cette commune, au douzième jour de l'invasion de l'Ukraine.
• À Kiev, "une attaque d'une minute à l'autre"
Dans la capitale Kiev, "les combats peuvent commencer n'importe quand", a déclaré le maire Vitali Klitschko sur BFMTV, expliquant attendre "une attaque d'une minute à l'autre". Toujours sous contrôle ukrainien, la ville a, elle aussi, subi d'important bombardements ce lundi. "Les sirènes d’alarme sonnent dix, vingt fois par jours, les gens passent beaucoup de temps dans les bunkers, nous avons eu également des cas d’explosions dans la ville" raconte-t-il.
Il a expliqué qu'avant l'attaque russe, la population de la capitale était d'environ 3,5 millions d'habitants. Aujourd'hui, ils sont moins de 2 millions, "les femmes et les enfants sont partis, pas tout le monde mais la majeure partie des femmes et des enfants sont partis", a-t-il expliqué, ajoutant que lui était "prêt à se battre" pour que Kiev ne tombe pas.
• Zelensky accuse les Russes d'avoir fait échouer l'évacuation des civils
L'armée russe a annoncé l'ouverture lundi de plusieurs couloirs humanitaires et l'instauration de cessez-le-feu locaux pour évacuer des civils des villes de Kiev, Kharkhiv, Marioupol et Soumy, qui sont bombardées. Mais la moitié de ces couloirs rejoignaient la Russie ou la Biélorussie.
Le gouvernement ukrainien a, en conséquence, refusé les évacuations vers la Russie ou la Biélorussie. "Ce n’est pas une option acceptable" a déclaré lundi la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk. Ces civils, "n’iront pas au Bélarus pour ensuite prendre l’avion et aller en Russie".

Le président de la République Emmanuel Macron a également réagi dans une interview sur TF1. Il a parlé d'un "discours hypocrite" de la Russie, "qui consiste à dire: 'on va aller protéger les gens pour les emmener en Russie'. Tout cela n'est pas sérieux, c'est du cynisme, moral et politique, qui m'est insupportable".
Depuis son bureau du palais présidentiel, à Kiev, le président ukrainien a accusé les forces russes d'avoir fait échouer l'évacuation des civils. "Il y a eu un accord sur les couloirs humanitaires. Est-ce que ça a fonctionné? Les chars russes ont fonctionné à la place, les Grad (lance-roquettes multiples, ndlr) russes, les mines russes", a déclaré Volodymyr Zelensky dans une vidéo publiée sur Telegram dans la soirée.
Quelques heures plus tôt, la Russie a de nouveau annoncé l'instauration de cessez-le-feu locaux dans plusieurs villes ukrainiennes - Kiev, Soumy, Kharkiv, Tcherniguiv et Marioupol - à partir de 8h heure française mardi, pour permettre l'évacuation de civils via des couloirs humanitaires.
• De nouveaux pourparlers à la frontière biélorusse
Un troisième round de pourparlers entre la Russie et l'Ukraine a commencé lundi aux alentours de 16h (heure française), à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, a indiqué l'agence de presse bélarusse Belta sur son compte Telegram, en publiant une photo de délégations russe et ukrainienne assises à la table de négociations. Celles-ci se sont achevées autour de 19h.
"Nous avons obtenu certains résultats positifs concernant la logistique des couloirs humanitaires", a déclaré Mykhaïlo Podoliak, membre de la délégation ukrainienne, sur Twitter.
"Les négociations n'ont pas été à la hauteur de nos attentes", a cependant déclaré le représentant russe à ces discussions. "Nous espérons que la prochaine fois nous pourrons réaliser une avancée plus importante", a-t-il ajouté.
De son côté, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a annoncé la tenue d'une réunion trilatérale jeudi à Antalya (sud) avec ses homologues russe et ukrainien, ce qui serait une première rencontre entre les deux hommes depuis le début de la guerre.
• L'UE lance l'examen des candidatures de l'Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie
En plein conflit en Ukraine, l'Union européenne a annoncé ce lundi avoir lancé la procédure pour l'examen des demandes d'adhésion de l'Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie, a annoncé la présidence française du Conseil de l'UE. Les trois pays ont déposé leur demande à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine. La Commission européenne va devoir exprimer un avis officiel et les 27 devront ensuite décider s'ils accordent le statut de candidat aux demandeurs, avant des négociations longues et complexes.
Pour rappel, la Commission européenne a mis deux années pour rendre son avis après la demande d'adhésion de la Roumanie.
En parallèle, les autorités russes ont répondu aux sanctions contre eux, en établissant ce lundi une liste de pays "hostiles" à la Russie, auxquels les particuliers et les entreprises russes pourront rembourser leurs dettes en roubles, monnaie dont la valeur a perdu 45% depuis janvier. Cette liste de pays comprend entre autres les pays de l'Union européenne, l'Australie, le Royaume-Uni, le Canada, Monaco, la Corée du Sud, les États-Unis, la Suisse et Japon.
