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Mesures chocs, grâces, déplacements... La première semaine mouvementée de Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump signe un décret pour les grâces le 6 janvier des délinquants dans le bureau ovale de la WHite House à Washington, DC, le 20 janvier 2025.

Le président américain Donald Trump signe un décret pour les grâces le 6 janvier des délinquants dans le bureau ovale de la WHite House à Washington, DC, le 20 janvier 2025. - Jim WATSON / AFP

Multiplication des décrets sur l'immigration ou les programmes de diversité, grâce des assaillants du Capitole, premier déplacement à Los Angeles, proposition d'un plan de paix consistant à "faire le ménage" à Gaza... Pour sa première semaine de présidence, Donald Trump a commencé à imprimer sa marque sur la politique et la société américaines.

Une première semaine de décrets et de phrases chocs pour Donald Trump. Le 47e président des États-Unis, investi le lundi 20 janvier dernier, a célébré ce samedi dans un casino de Las Vegas les succès enregistrés lors de cette semaine haletante.

• 1.500 assaillants du Capitole graciés

Dans l'assistance à Las Vegas se trouvait notamment Stewart Rhodes, fondateur de la milice d'extrême droite Oath Keepers, dont il a commué lundi en période de prison déjà purgée la condamnation à 18 ans d'emprisonnement pour sa participation à l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021.

Au premier jour de son nouveau mandat, le président républicain a en effet accordé sa clémence à quelque 1.600 personnes poursuivies pour cette profanation sans précédent du sanctuaire de la démocratie américaine, dont environ 1.250 intégralement graciées.

Parmi ces personnes, des membres des mouvements d'extrême droite Oath Keepers et Proud Boys. Donald Trump a également signé un décret jeudi graciant 23 personnes poursuivies par le gouvernement de Biden pour avoir participé à des manifestations contre l'avortement.

• De multiples décrets signés, avec pour première cible l'immigration

Des décrets, le nouveau président en a signé à foison cette semaine: une quarantaine dont plus de la moitié seulement quelques heures après sa prestation de serment au Capitole, s'attaquant notamment à l'immigration.

Le milliardaire, qui veut lancer un "processus de renvoi de millions et de millions de criminels étranger", a commencé par suspendre la plateforme de demandes d'asile lancée par l'administration Biden. Il a aussi déclaré l'état d'urgence à la frontière avec le Mexique où 1.500 soldats américains supplémentaires vont être déployés.

Le décret ordonnant de revenir sur le droit du sol a quant à lui déjà été suspendu par un magistrat fédéral jugeant qu'il s'agit d'un "ordre manifestement inconstitutionnel". Une suspension dont son administration veut faire appel.

Ce vendredi, le service de presse de la Maison Blanche a annoncé l'arrestation de 538 "migrants criminels illégaux" dans le pays et l'expulsion de centaines d'autres. Signe positif pour son programme d'expulsions massives: le Sénat a approuvé samedi la nomination de sa ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, connue pour ses positions fermes sur l'immigration.

• Retrait de l'accord de Paris sur le climat et de l'OMS

Donald Trump, qui a assuré lors de son discours d'investiture que les États-Unis allaient désormais "prospérer" et que "l'âge d'or" du pays commençait, n'a pas perdu de temps pour détricoter la politique climatique de son prédécesseur.

Pourquoi le retour de Donald Trump à la Maison Blanche est-il une mauvaise nouvelle pour le climat?
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À peine intronisé, il a de nouveau enclenché le retrait des États-Unis de l'accord de Paris sur le climat, "une escroquerie injuste et unilatérale", selon lui.

"Les États-Unis ne saboteront pas leurs propres industries pendant que la Chine pollue en toute impunité", a-t-il lancé devant des milliers de personnes réunies dans un stade de Washington.

Les États-Unis, deuxième pollueur mondial derrière la Chine, avaient déjà quitté l'accord brièvement sous le premier mandat du républicain, avant que Joe Biden n'acte leur retour. Ce nouveau retrait, hautement symbolique, devrait entrer en vigueur dans un an. Dans la même veine, le milliardaire a signé un décret visant à retirer les États-Unis de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), un organisme qu'il avait par le passé vivement critiqué pour sa gestion de la pandémie de Covid-19.

"L'OMS nous a escroqués", a accusé le républicain, justifiant ce retrait par l'écart des contributions financières américaines et chinoises.

• Suppression de programmes de diversité et attaques aux personnes transgenres

Son autre cible cette semaine? Les droits des personnes transgenres et les programmes de diversité. Affirmant que les États-Unis ne reconnaîtraient plus que "deux sexes, masculin et féminin" définis à la naissance, le président a pris un décret pour qu'aucun passeport avec la mention "X" ne soit désormais délivré.

L'administration Trump a par ailleurs demandé vendredi aux agences fédérales américaines de fermer l'ensemble de leurs bureaux chargés de promouvoir la diversité et la justice environnementale et de licencier les fonctionnaires qui y travaillent- déjà placés en congés forcés- d'ici deux mois. Il a également été ordonné aux agences fédérales américaines de mettre fin aux programmes DEIA (Diversité, Equité, Inclusion et Accessibilité) qui favorisaient jusqu'à présent le recrutement au sein des entreprises américaines de personnes issues en particulier de minorités raciales ou sexuelles.

Outre le fait de servir son idéologie, ses suspensions s'inscrivent dans sa volonté de couper et d'optimiser les dépenses fédérales. Une tâche qui a été confiée au patron de Space X, Elon Musk, qui supervisera le département de l'efficacité gouvernementale (DOGE), officiellement créé par un décret cette semaine. L'homme le plus riche du monde, également à la tête de Tesla, a d'ailleurs été au centre d'une polémique dès le premier jour du mandat de Donald Trump, accusé d'avoir effectué un salut nazi face à la foule. Un geste qu'il réfute.

• Un "faiseur de paix" au ton belliqueux

Lors de son discours d'investiture, Donald Trump avait déclaré que "l'héritage dont (il) serait le plus fier sera celui d'avoir été un faiseur de paix et un rassembleur". Il a notamment cité l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, et la libération d'otages israéliens, signé "la veille de (son) arrivée au pouvoir".

Si cette avancée dans la guerre avait été saluée - même si on ne sait pas réellement quel rôle a joué Donald Trump étant donné que Joe Biden était encore président - son plan évoqué ce samedi visant à "faire le ménage" dans la bande de Gaza a insurgé de nombreux politiques.

Le nouveau président a dit vouloir envoyer les Palestiniens de ce territoire vers l'Égypte et la Jordanie "temporairement" ou "à long terme" pour obtenir la paix. Il a également confirmé avoir débloqué une livraison de bombes de 2.000 livres (907 kg) à Israël, suspendue l'an dernier par l'administration Biden estimant qu'elles causeraient une "grande tragédie humaine".

Outre les conflits au Proche-Orient, Donald Trump veut mettre fin à la guerre en Ukraine. Si avant son investiture, il se disait capable d'arrêter le conflit le premier jour de son mandat, le républicain a revu ses ambitions à la baisse se laissant désormais "six mois". Mercredi, il a menacé la Russie de nouvelles sanctions et de tarifs douaniers si elle n'arrête pas sa guerre en Ukraine.

Celui qui se voit en "faiseur de paix" a adopté d'un autre côté un ton très offensif sur le plan international. Il a par exemple indiqué vouloir "reprendre" le canal de Panama et souhaiter renommer le golfe du Mexique, mer située au sud des États-Unis, en "golfe de l'Amérique". Devant le Forum économique mondial de Davos, en Suisse, le nouveau président a réitéré ses menaces de taxes douanières auprès du Canada, et son idée de faire de ce pays voisin le 51e État américain.

• Un premier déplacement à la rencontre des sinistrés de Los Angeles

Pour son premier déplacement en tant que président américain, Donald Trump s'est rendu ce vendredi en premier lieu en Caroline du Nord, État républicain durement frappé par un ouragan en octobre. Puis, à Los Angeles, la ville californienne touchée par les pires incendies de son histoire, pour y constater les dégâts. Alors qu'il menaçait depuis plusieurs mois de suspendre les aides reçues par la Californie - un État démocrate dont il fustige les idées progressistes - il a assuré devant les élus locaux et les habitants que "le gouvernement fédéral" les soutiendrait "à 100%".

"Je vais vous donner tout ce que vous voulez. Je vais vous donner plus que n'importe quel président ne vous aurait jamais donné", a-t-il déclaré après avoir survolé le quartier en ruines de Pacific Palisades.

Juliette Brossault avec AFP