Date, favoris, fonctionnement... Ce que l'on sait avant le début du conclave pour désigner le nouveau pape

Après les funérailles du pape François, mort le jour de Pâques à l'âge de 88 ans, après plus de douze ans à la tête de l'Église catholique, vient désormais le temps de se pencher sur sa succession. L'identité du 267e souverain pontife sera connue dans les prochaines semaines.
• Le conclave débutera le 7 mai
Le Vatican a annoncé ce lundi 28 avril que le conclave pour élire le nouveau pape commencera le 7 mai. Ce sera ainsi le début d'une période très codifiée fixée par la constitution du Vatican.
Une fois le conclave débuté, il ne pourra s'achever que si les cardinaux s'accordent sur un même nom, avec au moins deux tiers des suffrages nécessaires pour valider une nomination.
Le vote se déroule à l'intérieur de la chapelle Sixtine, souvent durant plusieurs jours.
• Un corps électoral de 135 cardinaux
Ne sont autorisés à participer que les cardinaux qui n'ont pas 80 ans accomplis avant ce jour, soit actuellement 135 hommes. Environ 80% d'entre eux ont été choisis par le pape François lui-même.
On retrouve cinq Français parmi ce corps électoral: Christophe Pierre, nonce apostolique aux États-Unis, Dominique Mamberti, préfet du tribunal de la signature apostolique, Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon, Jean-Marc Aveline, archevêque émérite de Marseille et François-Xavier Bustillo, évêque d’Ajaccio.
À cette liste s'ajoute Jean-Paul Vesco, archevêque d'Alger, qui est né à Lyon et possède la double nationalité franco-algérienne, mais représente l'Église d'Algérie.
• Jusqu'à quatre votes par jour
Les 135 cardinaux-électeurs s’enfermeront dans une bulle. Pendant toute la durée de ce processus les cardinaux résident à l'intérieur du Saint-Siège, dans la résidence Saint-Marthe, sans possibilité d'en sortir. Durant l'entièreté du conclave, tous les contacts avec le monde extérieur sont proscrits: ni téléphone, ni télévision, ni journaux.
Tous ceux présents durant cette période, y compris ceux occupant des fonctions administratives ou de service, doivent prêter serment. Le non-respect du secret du vote étant passible d’excommunication.
Il y a une session de vote à bulletin secret le matin et une session l'après-midi. Lors de chaque session, si l'élection n'est pas intervenue au premier scrutin, il est immédiatement procédé à un deuxième vote. Ce qui donne donc quatre scrutins maximum par jour, sachant que les cardinaux ne se réuniront que l'après-midi le 7 mai.
Une fois le décompte achevé, il est vérifié par les réviseurs. Au bout de trois journées consécutives sans accord, les religieux interrompent le vote pour s'accorder un temps de prière. Officieusement, cet interlude peut également être l'occasion de tractations, bien que celles-ci soient officiellement interdites.
• Un Français parmi les favoris
Si certains sont régulièrement présentés par les observateurs comme "papabili", c'est-à-dire favoris pour succéder à François, l'issue du conclave est toujours imprévisible, rendant tout pronostic très hasardeux.
Un duo semble néanmoins se détacher. En premier lieu, l'Italien Pietro Parolin, numéro deux du Vatican incarne la continuité à 70 ans. Diplomate chevronné, il a été le bras droit de François et un homme de premier plan sur la scène internationale pendant la quasi-totalité du pontificat écoulé.
Le cardinal philippin Luis Antonio Tagle (67 ans), surnommé "le François asiatique" pour ses prises de position dans les affaires de pédocriminalité et en faveur des plus démunis, apparaît également comme un prétendant crédible. Créé cardinal par Benoît XVI en 2012, il avait déjà été considéré comme un possible candidat à l'époque du dernier conclave l'année suivante.
Son élection serait un tournant pour l'Asie, sachant que le dernier pape non-européen avant François remonte à Saint Grégoire III (731-741), né en Syrie.

Pourrait-il y avoir un pape français? Jean-Marc Aveline (66 ans) est en tout cas cité pour devenir souverain pontife. Né en Algérie, descendant d'une lignée de pieds-noirs andalous, il a passé presque toute sa vie à Marseille, dont il est devenu une figure emblématique.
Nommé archevêque en 2019 et créé cardinal en 2022, ce défenseur de la fraternité interculturelle à la personnalité souriante et affable a très tôt cherché à favoriser un dialogue interreligieux apaisé et à œuvrer pour la défense des migrants, deux piliers du pontificat de François.
Si une ligne bien plus conservatrice était choisie, l'archevêque de Budapest Peter Erdö (72 ans) pourrait tirer son épingle du jeu. Le Hongrois affiche des opinions très strictes aussi bien concernant les divorcés remariés que les couples homosexuels.
• Comment sera annoncé le verdict?
Les cardinaux étant coupés du monde, il est impossible d'obtenir quelconque information sur le déroulé du vote: les catholiques du monde entier sont suspendus au verdict donné par la fumée au-dessus du Vatican.
Après chaque scrutin, les bulletins sont brûlés dans un poêle dont la cheminée extérieure est visible de la place Saint-Pierre. Un vote négatif donne une fumée noire, tandis qu'une fumée blanche annoncera l'élection d'un nouveau pape.
Pour élire les papes ayant dirigé l'Église catholique sur le siècle écoulé, il a en moyenne fallu 6 à 7 scrutins, le plus souvent en deux ou trois jours de conclave. En mars 2013, l'Argentin Jorge Mario Bergoglio avait été désigné en cinq scrutins.
Une fois l'élection actée, il reviendra alors au cardinal français Dominique Mamberti, au titre de protodiacre, de prononcer la formule latine "Habemus papam", par laquelle l'Église annonce au monde qu'elle a un nouveau pape avant sa première apparition au balcon de la basilique Saint-Pierre. C'est à ce moment que l'on connaîtra l'identité du nouveau souverain pontife.