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Manifestations

La "Manif pour tous" redescend dans la rue contre la "familiophobie"

Une manifestation de la Manif pour tous à Versailles, le 15 décembre 2013.

Une manifestation de la Manif pour tous à Versailles, le 15 décembre 2013. - -

Dimanche 2 février, la "Manif pour tous" reprend du service et appelle à manifester "contre le lobby LGBT". Quels liens avec le "Jour de colère", et comment va s’organiser cette manifestation?

"La lutte continue". Une semaine après le défilé du "Jour de colère", c’est cette fois la "Manif pour tous" qui appelle à la manifestation ce dimanche 2 février, à Paris et Lyon. L’organisation, quittée par Frigide Barjot le 26 mai 2013 et présidée par Ludovine de la Rochère, reprend du service au niveau national, au terme d'une semaine marquée par le débat sur la "théorie du genre".

> Quelles revendications?

Cette année, les revendications ne sont plus centrées seulement sur le mariage homosexuel. Elles englobent ce que les manifestants appellent "la familiophobie" du gouvernement: comprendre le futur projet de loi sur la famille, la PMA, la "diffusion du genre à l’école", la "réduction du congé parental, de la fiscalité contre les familles"… "Il est temps de mettre un terme à tous ces projets LGBT et anti-famille que prépare le gouvernement dans la foulée de la loi Taubira", indique l’association sur son site. Elle précise d’ailleurs continuer à demander l’abrogation de la loi, plus de six mois après son adoption.

Cette fois, la "Manif pour tous" souhaite donner à ces deux manifestations une dimension "européenne". "Des manifestations seront organisées simultanément dans d’autres capitales européennes", a annoncé Ludovine de la Rochère. Le but: protester contre le rapport Lunacek contre l'homophobie "qui sera en discussion au Parlement européen le 4 février prochain", selon François de Viviès, le responsable de la "Manif pour tous" à Lyon, cité par Le Parisien.

Des revendications qui ne conviennent pas à Frigide Barjot. Pour l'ancienne égérie de la "Manif pour tous", "on ne mélange pas droit de l'enfant et fiscalité". Elle appelle donc à ne pas manifester.

> Quel dispositif de sécurité?

Une semaine après les débordements de certains manifestants de "Jour de colère", le ministère de l'Intérieur est sur le qui-vive. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont attendues à Paris dimanche, et plus de 4.000 à Lyon. Le dispositif de sécurité prévoit 11 compagnies de CRS et 12 compagnies de gendarmes mobiles dans la capitale, selon nos informations. "Le droit de manifester est constitutionnel", a déclaré Manuel Valls samedi, tout en mettant en garde les manifestants: "nous ne tolèrerons aucun débordement".

Après avoir d'abord obtenu la présence d'huissiers de justice, la "Manif pour tous" s'est vu signifier le refus par la justice d'en mandater à l'occasion des manifestations.

Après des négociations serrées et tendues, un accord a finalement été trouvé entre les organisateurs de la manifestations et la préfecture de police de Paris, sur le parcours. Le défilé partira à 13 heures de la place de l'Ecole militaire (7e arrondissement) et ira jusqu'à la place Denfert-Rochereau (14e).

> Quels liens avec "Jour de colère"?

Dimanche dernier, près de 250 personnes ont été arrêtées au cours de la manifestation "Jour de colère". Et si la "Manif pour tous" n’y était officiellement pas présente en tant qu'association partenaire, des collectifs issus du mouvement faisaient partie des manifestants.

L'organisation de Ludovine de la Rochère tente donc de se démarquer de "Jour de colère", et de ses débordements. La branche lyonnaise s’est ainsi prononcée pour l’arrestation, "s’il est nécessaire", de toute personne proférant des propos antisémites ou haineux lors de la manifestation dimanche. "On ne tolérera pas du tout ce genre de slogans qui tombent sous le coup de la loi et s'il est nécessaire, nous demanderons aux forces de police de venir nous assister pour arrêter les gens qui proféreraient de telles insultes", a ajouté François de Viviès en soulignant que la "Manif pour tous" "n'était pas liée à 'Jour de colère'".

Pour appuyer sa crédibilité, la "Manif pour tous" diffuse d'ailleurs sur son site une vidéo de soutien: "PS, UMP, UDI... Ils soutiennent la 'Manif pour tous' et se mobilisent le 2 février!". On y voit plusieurs députés soutenir le mouvement. Certains d'entre eux, comme Philippe Gosselin ou Jean-Frédéric Poisson, deux élus UMP, se sont fait connaître il y a un an, dans leur prise de position contre le mariage homosexuel.

Vidéos: Romain Zlatanovic, Fanny Regnault, Benoit Petit, Cathleen Bonin

Ariane Kujawski