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Société

Gilets jaunes: 9e journée de mobilisation à trois jours du débat national

Le samedi 26 janvier 2019 sera le 11e week-end de mobilisation des gilets jaunes. (Photo d'illustration)

Le samedi 26 janvier 2019 sera le 11e week-end de mobilisation des gilets jaunes. (Photo d'illustration) - Philippe Huguen - AFP

Pour le 9e week-end d'affilée, les gilets jaunes ont appelé à manifester partout en France, notamment à Paris et à Bourges. De nouvelles mesures de sécurité considérables ont été prises.

"Pas de lutte des classes, tous chez les Bourgeois": pour leur neuvième samedi de mobilisation, les gilets jaunes veulent monter un nouveau foyer de contestation à Bourges, en plus de Paris, pour démontrer que leur colère n'est pas éteinte, à trois jours du débat national censé apaiser la crise.

Si on ignore encore son ampleur, la mobilisation pourrait, selon le patron de la police nationale, retrouver le niveau d'avant Noël: le 15 décembre, 66.000 personnes avaient été décomptées en France, selon des chiffres officiels contestés par les gilets jaunes.

Important dispositif de sécurité à Paris

Dans la capitale est annoncée une manifestation partant vers 11 heures du ministère des Finances, à Bercy, pour arriver vers 17 heures place de l'Etoile, en haut des Champs-Elysées.

Sous le mot d'ordre "On va faire les soldes à Paris!", cette manifestation relayée notamment par Eric Drouet, l'une des figures du mouvement qui a commencé il y a deux mois, doit notamment s'arrêter place de la Bastille et sur les Grands boulevards, non loin des grands magasins.

En début de matinée, les premiers gilets jaunes arrivaient sur l'avenue des Champs-Elysées, au coeur d'un périmètre ultra-sécurisé. Un fort dispositif policier était déjà déployé place de l'Etoile avec la présence notamment de quatre véhicules blindés à roues de la gendarmerie.

"On est venu à Paris pour se faire entendre et on voulait voir au moins une fois de nos propres yeux ce qu'il se passait ici", explique Patrick, 37 ans, venu de Savoie, du péage de Saint-Hélène sur Isère.

"Le grand débat, une foutaise"

Une vingtaine de personnes ont été interpellées samedi matin à Paris à la suite de contrôles (port d'arme prohibée, participation à un groupement en vue de commettre des violences), a indiqué la préfecture de police.

"Pour moi, le grand débat, c'est une foutaise. Nous on ne veut plus parler, on veut des actions. Le débat, c'est un voile" explique Charlotte, 34 ans, également d'Albertville.

Certains leaders du mouvement ont pour leur part appelé pour la première fois depuis le début des manifestations, à un grand rassemblement à Bourges. Il s'agit de "démontrer notre unité au centre de la France", explique Priscillia Ludosky, autre figure des "gilets jaunes" - en plus de l'homophonie avec les "bourgeois" dont s'amusent certains.

La préfète du Cher a pris des dispositions pour interdire tout rassemblement dans le centre historique de la ville et les musées, jardins et bâtiments publics de la ville demeureront fermés samedi. Après 10h30, autour 300 personnes étaient rassemblées dans le centre de la ville, le départ de la manifestation est prévue à 14 heures.

"On attend des mesures concrètes, les annonces de Macron ce sont des miettes payées par les contribuables. Il parle de faire des efforts mais c'est à eux d'en faire, il y a tellement d'abus de privilèges chez les élus", dénonce Carole Rigobert, 59 ans, auxiliaire de vie venue du Jura en voiture avec son mari.

"Dérives autoritaires et dictature"

Vendredi, le chef de l'Etat a en effet loué "le sens de l'effort", ajoutant que "les troubles que notre société traverse sont parfois dus au fait que beaucoup trop de nos concitoyens pensent qu'on peut obtenir" quelque chose "sans que cet effort soit apporté".

Il a appelé les Français à se saisir de la "très grande opportunité" que représente le grand débat, qui doit débuter mardi mais qui ne semble pas convaincre les gilets jaunes pour l'instant.

Dans un communiqué diffusé vendredi soir, le collectif "La France en colère" a estimé que "les polémiques, mensonges et manipulations du gouvernement (...) sur divers sujets, n'encouragent pas les citoyens à la confiance nécessaire en ses dirigeants actuels". "Nous dénonçons les dérives autoritaires et la dictature qui se met en place", est-il ajouté.

Des moyens de sécurité considérables

Dans ce climat qui se dégrade, le préfet de police de Paris redoutait "plus de radicalité", affirmant observer "semaine après semaine une dérive vers des comportements de plus en plus violents".

En déplacement samedi matin à Rouen, le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nuñez a décrit "des effectifs accrus", "ville par ville". "Il faut que les casseurs comprennent qu'ils ne peuvent pas continuer à prendre en otage les habitants des centre-villes", a-t-il déclaré.

Le niveau de mobilisation des forces de l'ordre a retrouvé son niveau de la mi-décembre avec 80.000 forces de l'ordre déployées, dont 5000 à Paris.

Nombreuses mobilisations en régions

Bordeaux, Marseille, Toulouse, Lyon, Strasbourg, Lille, Nantes, Metz, Nancy Rennes, Nîmes, Bar-le-Duc, Besançon ou encore Saint-Brieuc... Des rassemblements sont prévus un peu partout dans le pays. 

Certains appellent également à retraits massifs d'argent aux distributeurs, sans pour autant susciter l'inquiétude du secteur bancaire.

"Ceux qui appellent aux manifestations demain savent qu'il y aura de la violence et donc ils ont leur part de responsabilité", déclarait vendredi le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, interviewé sur Facebook par Brut, un média plébiscité par les gilets jaunes.

Les images des émeutes dans les rues de Paris notamment le 1er décembre avaient choqué en France mais aussi à l'étranger, entraînant une baisse du nombre de touristes dans la capitale ces derniers mois.

Un peu en recul avec les fêtes de fin d'année, la mobilisation est repartie à la hausse et des violences ont éclaté, notamment à Paris, lors du 8e samedi de mobilisation le 5 janvier.

10 morts, 1600 blessés

Depuis le début du mouvement, 10 personnes sont mortes sur des points de blocage et plus de 1600 personnes ont été blessées dont 58 gravement.

Vendredi soir, un homme qui participait à un barrage filtrant de gilets jaunes sur une autoroute en Belgique est mort renversé par un camion, selon les médias belges, premier décès lié à ce mouvement dans le pays.

Jérémy Maccaud avec AFP