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"Important de rendre la fierté au peuple": les cahiers de doléances des gilets jaunes accessibles aux archives

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Depuis ce vendredi 2 mai, le gouvernement a rendu accessibles les cahiers de doléances écrits en 2019, après la crise des "gilets jaunes" dans le cadre du Grand débat national. Une mesure qui satisfait les anciens mobilisés, malgré des regrets sur un manque d'impact.

Depuis ce vendredi 2 mai, les plus de 19.000 cahiers de doléances, rédigés lors du Grand Débat national de 2019, intervenu après la crise des "gilets jaunes", sont accessibles à tous aux archives locales.

Cette consultation citoyenne, entre le 15 janvier et le 15 mars 2019, avait été la réponse du président Emmanuel Macron au mouvement populaire de contestation fin 2018, contre la vie chère, la casse des services publics, les inégalités et les lacunes de la démocratie.

La mise à disposition de ces documents est une bonne chose pour Annick, investie à l'époque dans la mobilisation: "Cela a été une façon de sortir ce qu'on avait à l'intérieur de nous, une façon d'exprimer la souffrance", explique cette habitante de l'Oise.

À l'intérieur de l'un des cahiers à Beauvais, on retrouve par exemple des demandes comme le retour sur l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ou le gel des taxes sur le carburant.

L'exécutif veut les anonymiser avant de les mettre en ligne

Jean-Pierre partage lui aussi ce constat mais il regrette tout de même de ne pas avoir été suffisamment entendu par le gouvernement.

"On n'a pas eu grand chose. Les augmentations de salaire, c'est bien beau... Mais cela augmente puis ensuite on nous pique une partie, on revient toujours au même point", juge cet ex-gilet jaune.

La possibilité de consulter ces documents reste néanmoins une première étape importante. Le ministère de la Culture, qui a publié un arrêté au Journal officiel mercredi pour ouvrir ces cahiers, a précisé à l'AFP qu'il était possible de les "consulter sur place ou obtenir une copie de ces documents, dont les originaux sont conservés aux Archives départementales et une version numérique aux Archives nationales".

Si cette possibilité était jusqu'ici réservée aux chercheurs, la demande d'ouverture au public avait été notamment formulée par le maire d'Auger-Saint-Vincent dans l'Oise.

"C'est extrêmement important de rendre la fierté au peuple français qui a participé à cela. C'était inédit: on n'a jamais eu cela depuis 1945, et avant en 1789", souligne Fabrice Dalongeville.

Ces cahiers citoyens pourraient être mis en ligne "courant 2026" selon Emmanuel Macron, mais l'exécutif veut d'abord les anonymiser.

L'ouverture aussi rapide d'archives à tous, sans dérogation, "est exceptionnelle mais se justifie par le sens de l'intérêt général qui a entouré le grand débat national et par le caractère public des contributions à l'époque", a précisé le ministère de la Culture à l'AFP. Le délai légal pour des archives de ce type est de 50 ans.

Antoine Forestier, Marie Gentric et Domitie Bertaud avec Gabriel Joly