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Politique

Vers une rentrée (encore) plus compliquée que prévu pour Macron

Emmanuel Macron, à Varna, en Bulgarie

Emmanuel Macron, à Varna, en Bulgarie - Dimitar DILKOFF / AFP

Emmanuel Macron réunira ce lundi son gouvernement au complet pour affiner les délicats arbitrages budgétaires et mettre ses troupes en ordre de marche. Mais le Président, en baisse dans les sondages, risque d'affronter une rentrée sociale agitée.

Après une pause estivale, le gouvernement se réunira ce lundi pour un séminaire de entrée consacré, selon l'Elysée, à "la mise en oeuvre opérationnelle des réformes autour de trois grands piliers: les réformes structurelles déjà engagées (Code du travail, retraites, assurance chômage), les choix budgétaires pour rétablir la capacité d'investissement de la France et la revue des feuilles de route quinquennales de chaque ministère".

Le premier exercice de ce type s'était déroulé en juin, à Nancy, sous la houlette du Premier ministre Edouard Philippe. Cette fois-ci, c'est le Président lui-même qui prendra la main en conviant les ministres et les secrétaires d'Etat à l'Elysée. Pour Emmanuel Macron, dont la cote de popularité a accusé une nouvelle baisse de 14 point au mois d'août, il s'agit de s'assurer de la cohérence de l'équipe gouvernementale au moment où l'exécutif doit prendre d'importantes mesures d'économie pour financer ses réformes, tout en tenant son objectif de faire passer les déficits publics sous la barre des 3%.

Une impression de flottement

Première échéance: au lendemain du Conseil des ministres de rentrée, le gouvernement présentera jeudi les déjà très décriées ordonnances de la réforme du droit du travail. Contre cette réforme, une manifestation d'ampleur est déjà prévue pour le 12 septembre. De son côté, La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon organisera le 23 septembre une journée de mobilisation décrite comme un "test national" contre le "coup d'Etat social" mené, selon elle, par Emmanuel Macron. Alors que le mouvement souhaite s'affirmer en tant que première force d'opposition partout en France, Jean-Luc Mélenchon est considéré, selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche (JDD), comme la personnalité politique la plus à même (59%) d'incarner l'opposition à Emmanuel Macron dans les années à venir.

Ces derniers mois, plusieurs annonces comme le rabotage du budget de la Défense, la baisse de cinq euros par mois des aides au logement (APL) et, dernièrement, le report à l'automne 2018 d'une partie des baisses de cotisations sociales promises par le candidat Macron, ont été mal ressenties dans l'opinion, donnant de surcroît une impression de flottement au sein de l'exécutif.

Hollande sort de sa réserve

Le Premier ministre Edouard Philippe a lui-même concédé jeudi sur RMC, à propos de la baisse des APL, que ce n'était "pas intelligent". Tout en commettant lui-même quelques maladresses sur le rythme de la baisse des cotisations sociales.

Signe d'une certaine fébrilité, le chef de l'Etat a saisi l'occasion d'une tournée européenne pour se lancer dans un long plaidoyer consistant à repréciser le sens de sa politique, revenant ainsi sur son engagement de ne pas s'exprimer sur les questions de politique intérieure à l'étranger. Dans une formule sujette à interprétation, il a proclamé sa volonté de continuer à "transformer la France en profondeur" tout en soulignant que... "les Français détestent les réformes".

Alors que la classe politique fait également sa rentrée, les critiques contre le chef de l'Etat font florès. En début de semaine, François Hollande est lui-même pour la première fois sorti de sa réserve depuis son départ de l'Elysée, pour exhorter son ex-ministre et successeur "à ne pas demander aux Français des sacrifices qui ne sont pas utiles". Olivier Faure, président du groupe Nouvelle gauche (ex-PS) à l'Assemblée nationale, a lui constaté "une entrée difficile dans l'atmosphère pour Jupiter" en cette "rentrée compliquée", tandis que le député LFI Alexis Corbière traite Emmanuel Macron de "social killer".

S'adresser plus souvent aux Français

Le chef de l'Etat prend les Français "pour des imbéciles" a pour sa part accusé le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. En manque de poids lourds dans la majorité, et même au sein du gouvernement, pour relayer et défendre son action, Emmanuel Macron a même décidé de sortir de la "parole rare" qu'il revendiquait depuis son arrivée au pouvoir, pour s'adresser plus régulièrement aux Français dans les médias.

M.P avec AFP