Sondage BFMTV - 2 Français sur 3 estiment que la réforme des retraites est mal gérée par Edouard Philippe

Édouard Philippe à l'Elysée, le 15 janvier 2020 - Capture d'écran BFMTV
Ce mercredi, les grévistes encore mobilisés contre le projet de loi de réforme des retraites achevaient leur sixième semaine de mobilisation. Un 42e jour qui marque aussi la veille d'une nouvelle journée d'actions interprofessionnelle où des manifestations seront organisées partout en France à l'appel de l'intersyndicale CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires et FSU.
La décision samedi passé d'Édouard Philippe de suspendre, sous conditions, le très discuté âge pivot de 64 ans a été accueillie avec fraîcheur et nombreux sont les syndicats à encore demander le retrait pur et simple de la réforme. Du côté de la CFDT en revanche, cette décision a été saluée et une conférence de financement devrait être organisée sous peu.
Les Français jugent la réforme mal gérée
Cette séquence politique devrait laisser des traces du côté de l'exécutif, selon notre nouvelle enquête Elabe réalisée pour BFMTV et diffusée ce mercredi, puisque 67% des interrogés, soit 2 Français sur 3, estiment que la réforme est mal gérée par Édouard Philippe et son gouvernement. Ils ne sont que 32% à estimer l'inverse.
Dans le détail, l'ensemble des catégories de population restent critiques vis-à-vis de l'équipe gouvernementale, à l'exception des retraités: 55% estiment que le dossier est mal gérée, contre 45% l'inverse.
Politiquement, en reprenant les candidatures de la dernière élection présidentielle de 2017, ce sont les électeurs de Marine Le Pen, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon qui ont la dent la plus dure envers Édouard Philippe (respectivement 86, 76 et 76% d'entre eux).
Logiquement, les électeurs du premier tour d’Emmanuel Macron et de François Fillon sont plus partagés: ils sont 53% d'électeurs de Macron et 51% d'électeurs de Fillon à saluer la gestion de la réforme, alors qu’ils sont 47% dans les deux camps à penser l'inverse.

Retrait de l'âge pivot, un "geste insuffisant"
En ce qui concerne le retrait de l'âge pivot jusqu'en 2027 décidé samedi passé, les Français restent là encore partagés.
Sur l'idée de demander un accord respectant ses conditions entre les organisations syndicales et patronales, 60% des Français jugent qu’il s’agit d’une bonne décision et 40% d’une mauvaise décision.
De plus, si une majorité juge que la décision est bonne, ils estiment toutefois qu'elle reste un "geste insuffisant qui ne change rien à la réforme" pour 40% d'entre eux. 36% des interrogés y voient à l'inverse un "signe d'ouverture et d'écoute du gouvernement" et 24% l'interprètent comme un "recul du gouvernement face aux syndicats."

Une opposition à la réforme toujours forte
Pour autant, malgré les avancées de samedi, 56% des Français sont toujours opposés à la réforme des retraites telle qu’annoncée par le Premier ministre Edouard Philippe, soit un chiffre en augmentation de 3% depuis la dernière enquête.
Dans le détail, 31% sont plutôt opposés et 25% très opposés. À l’inverse, 43% des Français sont favorables à la réforme des retraites, dont 34% plutôt favorables et 9% très favorables. Le sondage montre toutefois une fracture entre générations, puisque les 65 ans et plus y restent favorables (65%) alors que les autres tranches d'âge y sont majoritairement opposées.
Ce clivage s'illustre également d'un point de vue politique. En se basant sur les candidats à la dernière élection présidentielle de 2017, seuls les partisans d'Emmanuel Macron et de François Fillon sont favorables à la réforme (respectivement 74 et 73%). À l'inverse, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Benoît Hamon y sont défavorables (77, 72 et 67%).

Une mobilisation soutenue mais qui ne doit pas se poursuivre
En ce qui concerne la mobilisation, 53% des interrogés souhaitent son arrêt et 46% sa poursuite, un chiffre stable depuis le 11 décembre dernier, quelques jours après le début des grèves. Elle reste pourtant encore largement soutenue puisque 47% des Français l'approuvent (25% la soutiennent et 22% expriment de la sympathie). Ce chiffre est toutefois en baisse de six points par rapport à la dernière enquête.
En revanche, le nombre des Français qui désapprouvent la mobilisation est en légère hausse de 2 points. Dans le détail, 20% y sont opposés et 20% hostiles alors que 12% d'entre eux se disent indifférents.
Là encore, un schisme est visible entre les tranches d'âge. Seuls les plus de 65 ans sont une majorité à désapprouver la mobilisation. À l'inverse, les autres tranches d'âge l'approuvent (de 44 à 56%).
D'un point de vue politique une nouvelle fois, le fossé se creuse et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Marine Le Pen semblent enclins à soutenir le moment (respectivement 71, 63 et 58% d'entre eux). Dans le sens inverse, elle reste minoritaire chez les partisans d'Emmanuel Macron et François Fillon (28 et 21%).

Etude ELABE réalisée pour BFMTV sur un échantillon 1005 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Interrogation par Internet les 14 et 15 janvier 2020.