Qui pour remplacer Nicolas Hulot?

Nicolas Hulot - BERTRAND GUAY / AFP
La perte politique sera difficile à compenser. Mais il faut bien, pour l'exécutif, trouver un successeur à Nicolas Hulot, après la démission fracassante du ministre de la Transition écologique et solidaire ce mardi. Plusieurs options se présentent à Emmanuel Macron et Édouard Philippe:
La solution interne
Déjà à pied d'œuvre, les secrétaires d'Etat sans portefeuille Sébastien Lecornu et Brune Poirson, placés sous la tutelle du ministre, pourraient l'un ou l'autre obtenir une promotion. Présentant l'avantage de la rapidité, cette solution semble toutefois s'éloigner, le président de la République ne souhaitant pas précipiter un remaniement du gouvernement d'Édouard Philippe.
S'ils sont au fait des dossiers du ministre, ni le lieutenant lemairiste, ni l'ancienne de Veolia, n'ont le poids politique pour succéder à Nicolas Hulot. S'ils font partie des "espoirs" du gouvernement, il semble donc prématuré que l'un ou l'autre succède à un ministre d'Etat. Au contraire, le président de l'Assemblée nationale François de Rugy disposerait de la crédibilité politique pour prendre le poste. Il n'est pas certain que l'ancien candidat à la primaire socialiste de 2017 veuille se risque cependant à abandonner le Perchoir.
Dans la continuité de Nicolas Hulot, sa désormais ex-directrice de cabinet Michèle Pappalardo, ancienne présidente de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) puis commissaire général au développement durable, serait une nouvelle ministre "experte" dans un gouvernement déjà bien nanti en profils technocratiques.
Une figure écolo?
- En matière d'écologie, il est difficile pour le gouvernement d'imaginer plus belle "prise de guerre" symbolique que Nicolas Hulot. D'autres figures de l'écologie politique pourraient toutefois lui succéder, au risque d'apparaître comme des pis-aller. Sur notre antenne, l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage a affirmé ne pas vouloir participer à ce gouvernement. L'ancien ministre délégué au Développement Pascal Canfin, directeur général du WWF France, avait quitté le gouvernement en 2014 lorsque Manuel Valls en avait pris la tête. Un retour sous les ordres d'un Premier ministre venu de la droite semble donc difficile. S'il ne cache pas sa sympathie pour Emmanuel Macron, Daniel Cohn-Bendit écarte de lui-même l'hypothèse d'une participation au gouvernement:
"Moi j'aurais tenu trois minutes à sa place. Il y a trop de compromis à faire", a déclaré à l'AFP l'ancienne gloire de Mai 68.
Issue des rangs de la majorité et déjà connue comme représentante de l'écologie politique, la députée de la Somme Barbara Pompili, présidente de la commission du développement durable à l'Assemblée nationale, fait naturellement partie des candidats les plus sérieux pour prendre la suite de Nicolas Hulot. Tant et si bien que l'ancienne d'Europe Écologie Les Verts s'est sentie obligée de temporiser, se "retirant" de Twitter pour une journée.
Son analyse du départ de Nicolas Hulot - "un appel à la réflexion et à l'action - individuelles et collectives" -, ne laisse que peu de doutes quant à ses ambitions.
Le "coup" politique
Tirer un profit politique du camouflet subi mardi relèverait de l'exploit pour l'exécutif, mais la tâche n'est pas impossible. Le nom d'Alain Juppé a un temps circulé, mais le maire de Bordeaux a lui aussi coupé court à la rumeur, assurant sur notre antenne n'avoir "aucune ambition gouvernementale". Parfois en délicatesse avec Emmanuel Macron, l'ambassadrice aux Pôles Ségolène Royal, ancienne ministre de l'Environnement, avait quitté ses fonctions en larmes et pourrait vouloir sortir de son placard doré. Cette option pourrait permettre de donner au gouvernement de l'épaisseur politique, mais l'indépendance de l'ancienne candidate socialiste à l'élection présidentielle pourrait également dissuader le chef de l'Etat. L'ancienne ministre a cependant affirmé "ne pas répondre à ce genre de question" ce mercredi sur RTL.
Sans jouer la carte de l'opinion publique, Emmanuel Macron pourrait également souhaiter resserrer les rangs au sein de la majorité. L'idée lui est en tout cas directement suggérée par ses alliés. Le secrétaire général du Modem et ancien dirigeant des Verts, Yann Wehrling, a ainsi jugé mardi que l'idée de succéder à Nicolas Hulot n'était "pas absurde".
- "Dans des combats aussi lourds, qui remettent en cause des logiques et des intérêts installés depuis si longtemps, seule la persévérance permet d'avoir des résultats", a déclaré le centriste dans un communiqué.