EDITO - Remplacer Hulot au gouvernement, "un casting impossible"

Un remaniement aura lieu dans les prochains jours, après le départ du ministre de la Transition écologique. Mais remplacer Nicolas Hulot s'annonce compliqué pour l'exécutif.

Il va falloir patienter. Après l'annonce fracassante de la démission de Nicolas Hulot ce mardi matin, sur France Inter, Edouard Philippe a annoncé qu'il y aurait un remaniement "dans les jours qui viennent". Qu'il se limite au poste de ministre de la Transition écologique ou qu'il soit "élargi", une seule certitude à ce stade, ce remaniement n'aura lieu qu'après le retour d'Emmanuel Macron en France. En déplacement en Scandinavie, le chef de l'Etat est attendu jeudi soir à Paris. Autre certitude, remplacer Nicolas Hulot, qui était l'une des prises les plus glorieuses d'Emmanuel Macron, ne sera pas une mince affaire. Pour les éditorialistes de BFMTV, l'exécutif va devoir se confronter à "un casting impossible". 

> Christophe Barbier: Nicolas Hulot, "un cocktail incroyable de popularité"

"Personne ne reproduira le profil de Nicolas Hulot, personne ne peut recomposer ce cocktail incroyable avec une popularité lointaine, venue de ses activités d’animateur télé, et transversale. Dans toutes les générations et tous les milieux politiques, on aime Nicolas Hulot. Il était en cela plus l’héritier du Commandant Cousteau que d’un politique. Cela, personne d’autre ne l’a dans la galaxie. Il y a des gens qui ont l’engagement associatif, vous trouvez à la tête du WWF Isabelle Autissier, l’ancienne navigatrice, ou à la tête de la Frapna (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature) des militants chevronnés, mais ceux-là n’auront pas la notoriété, ils n’auront pas non plus le fait d’avoir accompagné François Hollande dans la construction de la COP21 au niveau international - Nicolas Hulot était son ambassadeur – ou d’avoir murmuré à l’oreille des présidents, Nicolas Sarkozy comme Jacques Chirac.
Personne d’autre n’a ça dans la galaxie écolo, personne n’a non plus le poids politique énorme en ayant derrière soi des troupes, des élus, des députés prêts à monter au créneau pour défendre tel texte de loi. (...) Une ère se termine, celle de ce coup formidable qu’a été le fait de faire entrer Nicolas Hulot dans un gouvernement."

> Bruno Jeudy: "il faut une figure si l’on veut rester à la hauteur de la promesse"

"Beaucoup de noms circulent, mais ce ne sera pas facile de le remplacer, car il faut le rappeler, Nicolas Hulot est numéro 2 du gouvernement, ministre d’Etat avec une popularité introuvable ailleurs. On va aller les chercher plutôt dans l’ancien monde: il y a les anciens secrétaires d’Etat de François Hollande, Pascal Canfin, Barbara Pompili, qui sont des écologistes. Ou bien on va chercher dans le gouvernement actuel, des secrétaires d’Etat, mais ils ne deviendront pas ministres d’Etat d’un coup: Sébastien Lecornu, jeune ministre issu de la droite qui sert de couteau suisse au Premier ministre, mais aussi la secrétaire d’Etat Brune Poirson. Le problème d’Emmanuel Macron, c’est que remplacer Nicolas Hulot est impossible. Il faut une figure si l’on veut rester à la hauteur de la promesse. Est-ce qu’on va aller chercher un Alain Juppé, qui fut ministre du Développement durable pendant un mois? Est-ce qu’on va chercher l’ambassadrice Ségolène Royal, qui rêvait de rester au gouvernement il y a un an? Ce sont des questions qui se posent à Emmanuel Macron sous la pression. Tout président déteste cette situation. Ce qui est compliqué, au-delà du remplacement de Nicolas Hulot, c’est que c’est son dispositif politique qui se retrouve déséquilibré, son 'et en même temps'. Nicolas Hulot incarnait l’aile gauche de son gouvernement, c’est celui qui était le moins rejeté par les sympathisants de gauche."

C.V.