Quand Hulot s'épanchait sur son "putain de dilemme"

L'influence des lobbies dans les décisions relatives à l'environnement aurait achevée de convaincre Nicolas Hulot de démissionner - Jean-Francois MONIER / AFP
C'était il y a 26 jours. Interrogé par Libération sur sa rentrée après une année compliquée, Nicolas Hulot se lâche en "off". Celui qui est encore ministre évoque sa relation avec Emmanuel Macron et Édouard Philippe. Ils lui avaient promis "un esprit de coopération", selon lui. La réalité est différente: "on est en permanence dans la confrontation". Puis il poursuit: "ça me fait chier, ils n'ont toujours pas compris l'essentiel. Le problème, c'est le modèle (…)".
Lorsqu'il se confie, Nicolas Hulot n'a pas encore démissionné, mais n'exclut rien. Dans le passé déjà, Emmanuel Macron, conscient des difficultés que pourrait lui causer le départ d'une personnalité très populaire, a réussi à le persuader de rester. Mais le numéro 3 du gouvernement jette un regard désabusé sur sa relation à l'exécutif:
"Quand j'obtiens des choses c'est pour éviter que je me barre. Ils m'ont donné l'article 1 de la Constitution (dans lequel pourrait figurer la protection de l'environnement, NDLR), les éoliennes offshore, pour pas que je me barre. Le problème, c'est qu'ils devraient le faire par conviction."
"Partir pendant l'affaire Benalla, c'est inaudible"
Le ministre de la Transition écologique et solidaire dit alors se trouver dans "un dilemme": "soit je m'en vais et ce sera bien pire, soit je reste et il n'y aura pas le grand soir" écologique. "Parfois je n'en dors pas de la nuit", confie-t-il. Partir, "et 15 jours après on aura oublié, on sera passé à autre chose. Et ça consacrera une forme de défaite pour moi et pour l'écologie".
Autre problème: partir, oui, mais à quel moment? Au moment de cette rencontre, l'ancien présentateur d'Ushuaïa a conscience de l'effet que pourrait provoquer son départ. "Partir pendant l'affaire Benalla, c'est inaudible", dit-il. Pas question donc de le faire en catimini. Alors en attendant, il tente de faire monter les enchères. "Je profite du fait qu'ils savent que je suis sur la corde pour essayer de cranter des choses (…) Si je reste, on nommera les réacteurs à fermer et on fera un calendrier." C'était pour lui "une ligne rouge". La réunion de lundi sur la chasse semble avoir fait bouger les lignes plus tôt que prévu.