Martine Aubry appelle à "combattre" la déchéance de nationalité

"Non la déchéance de nationalité n'est pas un symbole et je crois qu'il faut véritablement la combattre et se dire que l'obstination est mauvaise conseillère." C'est une Martine Aubry une fois de plus remontée contre l'exécutif qui faisait ses vœux à la presse jeudi. La maire de Lille appelle à "renoncer à ce qui est ni efficace ni opérant, c'est le Premier ministre lui-même qui le dit".
"J'ai toujours été contre (...) La déchéance de nationalité divise, stigmatise et porte atteinte à un élément majeur de l'égalité devant le droit du sol qui est un des fondement de la République française", regrette la socialiste.
"Quand on est politique, on ne raisonne pas avec l'opinion"
Martine Aubry juge que le gouvernement ferait mieux de communiquer sur les autres mesures "efficaces" qu'il a prises contre le terrorisme. "Le travail est fait je le dis parce que je le pense profondément", a-t-elle souligné. Martine Aubry estime que si on demandait aux Français, ils seraient favorables à la torture des terroristes.
Rappelant les mots de François Mitterrand sur la peine de mort: "quand on est politique, on ne raisonne pas avec l'opinion", elle a souligné que "c'est ce qui fait la différence entre un homme politique et un homme d'Etat".
L'extension de la déchéance de nationalité aux binationaux coupables d'actes terroristes fait des remous à gauche depuis que François Hollande l'a remise dans le débat publique en novembre. Si Christiane Taubira est la seule membre du gouvernement à avoir ouvertement dit son opposition à cette mesure - au moment où elle pensait que François Hollande y avait renoncé - d'autres au sein du gouvernement serrent les dents en ce moment.
"Ce n'est pas une valeur qui vient de la gauche", rappelait il y a quelques jours le patron des socialistes Jean-Christophe Cambadélis. François Hollande et Manuel Valls, eux-mêmes, y étaient opposés en 2010.