Réforme constitutionnelle: Hollande et Sarkozy lâchés par la droite

François Hollande avait reçu Nicolas Sarkozy à l'Elysée pour échanger sur le projet de révision constitutionnelle - Jacques Demarthon - AFP
32 députés pour, 30 contre et 6 abstentions. C'est le bilan du vote, côté de Les Républicains, sur l'article controversé qui inscrit la déchéance de nationalité dans la Constitution pour les auteurs de crimes et délits terroristes. Une mesure pourtant attendue et qui devait garantir le soutien de l'opposition à ce projet de la majorité, post-attentats du 13 novembre 2015. Mais les tergiversations, notamment les tentatives désespérées de convaincre une large majorité des élus PS a eu pour effet d'ouvrir une brèche contestataire dans le camp d'en face.
Pourtant, mardi, à la veille du vote solennel de l'Assemblée nationale prévu cet après-midi vers 17h (en direct sur BFMTV), Nicolas Sarkozy avait appelé les députés de son parti a voté "oui" pour contrecarrer le début de fronde menée par Nathalie Kosciusko-Morizet, François Fillon, Alain Juppé ou Bruno Le Maire. En cas de nouveaux attentats en France, "on nous demandera des comptes", avait notamment argumenté Nicolas Sarkozy. Ainsi il a défendu à nouveau l'inscription de la déchéance dans la Constitution "pour rester fidèle à nos convictions", critiquant ceux qui "changent d'avis".
Sur fond de primaire
Nicolas Sarkozy aurait aussi préféré des débats internes aux tribunes comme celle publiée dimanche par François Fillon dans le JDD. Il lançait notamment un appel au "non" des parlementaires, assurant avoir un large soutien sur la question.
"Tout ce qui n'est pas nécessaire et utile discrédite l'autorité de l'Etat et du Parlement (...) Jouer la comédie à Versailles n'est pas ma conception d'une République lucide et déterminée", lui a répondu François Fillon.
"La contestation a grandi, le rejet n'est plus loin!", s'est notamment félicitée sur Twitter après le vote Nathalie Kosciusko-Morizet qui entend faire vivre des sensibilités différentes dans son parti quand la direction LR regrettait l'absence de position commune dans la matinée.
Hollande "dans l'impasse", Sarkozy aussi?
Début janvier, cinq membres du Bureau politique sur 51 s'étaient opposés au projet défendu par Nicolas Sarkozy. Ils seraient aujourd'hui entre un tiers et la moitié des 199 députés Les Républicains.
Mais alors que le projet de réforme requiert un vote conforme des deux chambres (le Sénat est à droite), puis une majorité des trois-cinquièmes du Parlement en Congrès, François Hollande a plus que jamais besoin de s'entendre avec son opposition face aux réticences de son camp s'il veut retourner à Versailles. "Hollande s'est mis dans une impasse, a conclu Bruno Le Maire, laissons-le dedans". Quitte aussi à fragiliser Nicolas Sarkozy à quelques mois de la primaire pour laquelle lui, NKM, Fillon ou Juppé seront candidats.