Fillon peut-il être poussé vers la sortie par son parti?

Malgré les déboires judiciaires du candidat Fillon et les défections au sein du parti, Les Républicains ne disposent pas d'armes juridiques pour empêcher sa candidature. La décision ne peut venir que de lui seul.

Depuis une semaine, les cadres du parti Les Républicains s'agitent, et tentent d'ouvrir le dialogue avec François Fillon. Objectif: trouver une sortie de crise pour un parti fragilisé par les déboires judiciaires du candidat. Trouver une solution, oui, mais pas sans lui. Car rien ne pourra se faire à ses dépens. Juridiquement, François Fillon semble intouchable: il est tout d’abord conforté par le succès électoral de la primaire, qu’il a remportée largement en novembre. Il est donc le candidat légitime de la droite et du centre.

L’article 38 du statut du parti Les Républicains est d'ailleurs formel: il précise que "le candidat à la présidence de la République soutenu par le Mouvement est désigné à l’occasion d’une primaire ouverte." Aucune instance du parti ne peut donc déloger le candidat. Une possible mise en examen, ou un éventuel retrait de candidature n'ont jamais figuré dans les statuts du parti ni de la primaire.

"L'hypothèse du retrait volontaire ou involontaire du candidat n'a pas été évoquée, on est dans le cadre d'une forme d'empirisme juridique", analyse l'avocat Eric Verrièle.

Ses parrainages ne peuvent pas lui être retirés

Le comité politique du parti, qui se réunit ce lundi soir 24 heures en avance pour évoquer la situation de François Fillon, ne pourra retirer son investiture au candidat, ni le remplacer par un autre. Le bureau national n'en a pas non plus le pouvoir.

François Fillon a aussi d’autres arguments juridiques à faire valoir: il a aujourd’hui récolté plus de 1.100 parrainages, soit nettement plus que les 500 nécessaires pour se lancer dans la course à l’Elysée. Ces parrainages lui sont accordés à titre nominatif et ne peuvent lui être retirés.

Par ailleurs, sur un plan judiciaire, une possible mise en examen le 15 mars n’interdirait pas sa candidature. A ce jour, François Fillon reste bel et bien le maître du jeu, car lui seul peut décider de se retirer. C'est tout l'enjeu des réunions à venir: convaincre François Fillon de renoncer de lui-même.

A. K.