Le baromètre des éditorialistes: "Nicolas Sarkozy a pris ce combat comme un combat de boxe"

Nicolas Sarkozy a été placé sous contrôle judiciaire. - Lionel Bonaventure - AFP
Jeudi soir, après sa mise en examen dans l'affaire du présumé financement libyen de sa campagne électorale en 2007, Nicolas Sarkozy a tenu à se défendre avec poigne. Sur TF1, l'ancien chef de l'Etat a vigoureusement déroulé ses arguments pour convaincre de son innocence.

> Christophe Barbier: "Il a réussi sa prestation, mais..."
"Il a réussi sa prestation parce qu'il a été pugnace, précis, intense, inventif: on l'a entendu parler du 'sinistre Takieddine'. 'Vous fumez', a-t-il lancé à la fin de son interview: il y avait tout ce qu'on a apprécié chez Nicolas Sarkozy, avec son côté bête de scène politique… Mais plus il y a de rage, moins il y a de sérénité: il a pris le combat comme un combat de boxe et pas par le haut, pas comme un aigle qui surplombe les chacals au-dessous de lui.
Attaquer Mediapart en disant que le site est son ennemi et participe à un complot, c'est inefficace. Il aurait mieux fait de faire passer Mediapart pour 'l'idiot utile' des Libyens, qui auraient trouvé un média un peu naïf pour relayer leur document. Et l'allusion à Tariq Ramadan pour décrédibiliser le site, même si l'on est en désaccord avec Edwy Plenel, cela apporte surtout de la confusion.
Il a été convaincant, parce qu'il a pour lui un argument fondamental: si Mouammar Kadhafi avait eu des preuves compromettantes, de nature à délégitimer Nicolas Sarkozy aux yeux de la communauté internationale et à jeter le soupçon sur l'intervention militaire française, il les aurait sorties entre mars et octobre 2011. Il aurait arrêté les rodomontades pour attaquer avec des vraies preuves.
Tout ce que Nicolas Sarkozy a sorti hier sur le fond vient de sa connaissance du dossier. Il a pris dedans ce qui pouvait l'aider à se défendre. Mais personne ne sait ce qu'il y a dans ce dossier! Ce que le juge et les enquêteurs ont mis dans le dossier, Nicolas Sarkozy se garde bien de l'apporter sur un plateau de journal télévisé.
La politique est finie pour lui d'un point de vue électoral, mais elle continue. Il continue la politique pour mieux se défendre. Hier il s'est adressé aux militants de LR, à ses électeurs qui vont être solidaires parce qu'ils ils ont gardé un attachement. Du coup, les dirigeants LR vont être obligés de le soutenir - Nicolas Sarkozy l'homme, mais aussi l'ancien président. Donc il a piégé hier Wauquiez et ses amis."

> Laurent Neumann: "Certains arguments sont moins convaincants"
"Hier soir on a vu le Nicolas Sarkozy qu'on a connu, mâchoires serrées, extrêmement combatif. Il est doué à l'oral, il est efficace! Et il a l'air indigné et affecté. Il a repris tous les arguments déjà développés le matin-même dans Le Figaro, et même parfois dans des affaires précédentes. Ses deux arguments: il n'y a pas de preuve matérielle contre lui, et il est victime d'un complot ourdi par le clan de Mouammar Kadhafi, selon lui des assassins, des voyous et des menteurs. Il décrédibilise ceux qui ont apporté leur témoignage pour avancer un troisième argument: peut-on mettre sur le même plan la parole de ces gens et celle d'un ancien président?
Mais un certain nombre d'arguments sont moins convaincants, par exemple lorsqu'il dit qu'il n'a pas favorisé les intérêts de la Libye: si, il l'a fait! Lorsqu'il a accueilli Kadhafi en 2007, pendant six jours. Autre point: il affirme que Ziad Takieddine ne figure dans aucun agenda. Mais est-ce qu'on mettrait à l'agenda la visite d'une personne qui vient apporter de l'argent en liquide? Il y a aussi le document de Mediapart: qu'il le conteste c'est de bonne guerre, mais la justice a dit à deux reprises qu'il était vrai. Enfin, il a donné l'impression de se désolidariser de Claude Guéant et de Brice Hortefeux: on dirait que le conseil lui a été donné par un avocat."