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La France Insoumise

Bétharram: LFI dénonce une "honte absolue" après les accusations de Borne sur leur "exploitation politique"

Eric Bompard de LFI à l'Assemblée nationale le 16 janvier 2025, à Paris

Eric Bompard de LFI à l'Assemblée nationale le 16 janvier 2025, à Paris - Thibaud MORITZ © 2019 AFP

La ministre de l'Éducation nationale accuse les députés insoumis ce 21 février de "donner l'impression que le seul qui aurait dû voir" les agressions sexuelles présumées dans l'école Bétharram serait François Bayrou. Les élus insoumis l'appellent "à sortir du déni" après le dépôt de 132 plaintes.

Des mots qui ne passent pas. La ministre de l'Éducation nationale Élisabeth Borne a mis en cause ce vendredi 21 février sur BFMTV-RMC "l'exploitation politique" qui "peut être faite" par La France insoumise (LFI) dans le cadre de l'affaire des violences physiques et sexuelles de l'école Notre-Dame-de-Bétharram.

"Médiapart, la France insoumise donneraient l'impression que le seul qui n'aurait pas vu ce qu'il aurait dû voir, ce serait François Bayrou", s'est agacée l'ex Première ministre. "Moi, je ne sais pas ce qui s'est passé dans cette école", a insisté la locataire de la rue de Grenelle.

"Non, le problème de Bétharram, ce n’est ni Médiapart, ni LFI", lui répond le patron des insoumis Manuel Bompard sur X qui évoque encore "une honte absolue".

"Une honte absolue"

"Ce sont plus de 110 plaintes pour agressions physiques et agressions sexuelles sur des enfants", s'émeut le député LFI.

L'établissement presque bicentenaire des Pyrénées-Atlantiques et son pensionnat sont au cœur d'une vaste enquête sur des violences, agressions sexuelles et viols sur des enfants commis pendant des décennies.

Parmi les faits évoqués par le parquet de Pau, on trouve des masturbations et de fellations imposées ou subies plusieurs fois par semaine par des élèves, des châtiments corporels ou encore des menaces et des humiliations de la part de professeurs ou de surveillants.

La femme de Bayrou mise en cause

Plusieurs des enfants de François Bayrou ont été scolarisés à Notre-Dame-de-Bétharram. Son épouse, Élisabeth Bayrou, y a enseigné le catéchisme. Un ex enseignante de l'établissement scolaire a affirmé à Mediapart ce jeudi que la femme du Premier ministre était au courant des faits de violence qui régnaient au sein de l'école.

L'ancienne professeure accuse également dans cet article François Bayrou d'avoir ignoré et minimisé ses alertes. En mars 1995, pendant une remise de décoration à Pau, elle lui aurait signalé des faits "très graves".

À l'époque, le centriste était président du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques mais surtout ministre de l'Éducation nationale.

"En finir avec le déni"

"Ce qu'il s'est passé à Bétharram, c'est l'horreur", répond de son côté à Élisabeth Borne la présidente de la commission des affaires économiques Aurélie Trouvé sur X.

"Des viols, tortures d'enfants pendant 60 ans, dans cette école privée religieuse financée par l'État. Chaque témoignage donne la nausée", avance encore la députée LFI, appelant "à en finir avec le déni".

"Écoutez, Élisabeth Borne est ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale. Et pour elle le problème de Bétharram, c’est Médiapart et La France insoumise", regrette de son côté le député Paul Vannier, qui a été le premier à interpeller François Bayrou sur le sujet à l'Assemblée nationale mi-février.

"Qu'ils s'en aillent tous", a lui écrit l'ancien député LFI, Adrien Quatennens après les propos de la ministre.

"Un délire dangereux"

Interrogé par les députés mardi, le Premier ministre a de nouveau clamé son innocence dans cette affaire, assurant "n'avoir jamais été informé" des violences sexuelles dans cet établissement. Le centriste a également renvoyé la faute aux ministres du gouvernement de Lionel Jospin.

François Bayrou avait assuré que le procureur général avait "tenu informé à quatre reprises en 1998" le ministère de la Justice, dont la titulaire était alors Élisabeth Guigou.

Contacté par BFMTV après le témoignage de l'enseignante mettant en cause le locataire de Matignon et son épouse, l'entourage de François Bayrou dénonce "un article qui relève d'un délire dangereux".

Au total, le collectif de victimes de Bétharram a recensé 132 plaintes. Mercredi, trois hommes ont été placés en garde à vue pour des faits présumés s'étalant "entre 1957 et 2004", d'après le parquet de Pyrénées-Atlantiques.

Marie-Pierre Bourgeois