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La porte-parole du gouvernement prête à "écouter" "les propositions" de Marine Le Pen sur Mayotte

Sophie Primas à l'Élysée le 3 janvier 2025

Sophie Primas à l'Élysée le 3 janvier 2025 - Bertrand GUAY / AFP

Le gouvernement tente de convaincre les députés RN de soutenir la loi spéciale pour reconstruire l'archipel. Marine Le Pen met déjà la pression sur François Bayrou pour aller plus loin dans la lutte contre l'immigration irrégulière qui divise déjà le gouvernement.

Une main tendue à Marine Le Pen. En pleine visite de la présidente des députés RN à Mayotte, dévastée par le passage du cyclone Chido et quelque jours à peine après la visite de François Bayrou dans l'archipel, l'exécutif joue la carte de l'écoute pour convaincre le parti à la flamme de voter une loi "d'ugence" pour reconstruire l'archipel.

Marine Le Pen "pourra apporter sa patte aux différents projets de loi qui vont être examinés. Elle aura probablement des propositions que nous écouterons", avance la porte-parole du gouvernement Sophie Primas sur LCI ce lundi 6 janvier.

Marine Le Pen peut "sonner les cloches" à François Bayrou

Depuis son arrivée sur l'archipel, l'ex-candidate à la présidentielle met pourtant la pression sur l'équipe ministérielle du Premier ministre. "Nous sommes ceux qui pouvons sonner la cloche quand tout le monde regardera ailleurs (...) pour rappeler les gouvernants aux promesses qui ont été faites", a jugé Marine Le Pen devant les caméras.

Matignon a déjà promis un texte législatif pour reconstruire Mayotte qui devrait être présenté à l'Assemblée nationale mi janvier après un passage en Conseil des ministres ce mercredi.

Ce projet de loi contiendra notamment la création d'un établissement public de la refondation du territoire sur le modèle de celui utilisé pour Notre-Dame. Mais sans les voix des troupes de Marine Le Pen, son adoption s'avère hasardeuse.

Bien consciente de son poids politique avec ses 124 députés dans une Assemblée sans majorité, la députée du Pas-de-Calais a déjà promis "d'amender" le projet de loi pour "régler le problème de l'immigration clandestine".

Des "mesures de fermeté" promises par Retailleau et Valls

Le message avait déjà été anticipé. Pas moins de 3 ministres - Manuel Valls (Outre-mer), Bruno Retailleau (Intérieur) et Sébastien Lecornu (Armées) - ont annoncé dimanche dans Le Figaro des "mesures de fermeté" contre l'immigration irrégulière dans le second projet de loi, prévu dans quelques mois.

Parmi celles-ci, on trouve "l'allongement de la durée de résidence régulière des parents (requise pour) l'accès des enfants à la nationalité française" - actuellement fixée à trois mois - ou "l'extension de l'aide au retour volontaire des ressortissants africains dans leur pays d'origine".

Marine Le Pen acceptera-t-elle de voter le premier projet de loi en attendant une seconde mouture au printemps sur les questions migratoires? La question est ouverte alors que le sort du gouvernement dans les prochaines semaines reste très incertain et donc par ricochet le futur de ce texte.

La population de Mayotte est estimée par l'Insee à 320.000 habitants, dont la moitié ne possède pas la nationalité française. Le nombre de personnes en situation illégale pourrait être de "100.000 à 200.000 personnes de plus" d'après un rapport parlementaire de 2023.

Borne pas convaincue

Face à cette immigration irrégulière, François Bayrou a déjà plaidé pour un recensement de la population et posé la "question" de revenir sur le droit du sol à Mayotte. Il est déjà fortement restreint depuis 2018.

Mais au sein même de ses propres troupes, la question fait débat. Élisabeth Borne qui est désormais ministre de l'Éducation nationale, a jugé sur BFMTV dimanche soir qu'abroger le droit du sol à Mayotte n'était "pas la bonne voie". "Il y a d'autres mesures" possibles, a défendu l'ex-Première ministre.

"Quand on parle de Mayotte, il faut parler des règles d'immigration. C'est absolument essentiel", a jugé de son côté la porte-parole du gouvernement Sophie Primas ce lundi sur LCI.

De quoi laisser augurer de futures fractures au sein de la coalition gouvernementale. Sans soutien fort des députés macronistes au second projet de loi sur Mayotte, le texte a toutes les chances de ne pas être adopté.

Marie-Pierre Bourgeois