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Borne reconnaît une "erreur" après avoir tourné le dos à des enseignants à Mayotte sans leur dire au revoir

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En déplacement fin décembre dans l'archipel ravagé par le cyclone Chido, Élisabeth Borne a mis fin à un échange avec des personnels de l'Éducation nationale qui l'interpellaient sur la situation locale en leur tournant le dos. Sur BFMTV dimanche, elle a reconnu qu'elle aurait dû leur expliquer qu'elle devait s'en aller car elle était attendue ailleurs.

Une "erreur" mais aussi un extrait "exploité". Élisabeth Borne s'est exprimée ce dimanche 5 janvier sur la polémique suscitée par son échange avec des personnels de l'Éducation nationale à Mayotte, certains reprochant à la ministre de l'Éducation d'avoir manqué d'écoute face à la situation des enseignants sur l'île.

En déplacement fin décembre dans l'archipel ravagé par le cyclone Chido, Élisabeth Borne a tourné le dos à un professeur d'EPS et un conseiller principal d'éducation qui l'interpellaient sur la situation locale. L'extrait de la fin abrupte de cet échange a engendré de nombreuses critiques chez les syndicats de l'Éducation nationale.

"J'ai été choquée par la façon dont quelques secondes d'un échange ont pu être exploitées sur les réseaux sociaux en laissant croire que je ne serais pas consciente des difficultés de Mayotte", a déclaré Élisabeth Borne sur BFMTV. Elle a réfuté sous-estimer "la fatigue, l'épuisement de tous ceux qui sont engagés" face aux conséquences du cyclone Chido, qui a fait au moins 39 morts.

Un "regret"

Les deux professionnels de l'Éducation interpellaient justement la ministre sur le manque d'aide aux sinistrés du cyclone. Après avoir échangé avec eux, Élisabeth Borne s'est retournée et est partie sans plus d'explications. Sur BFMTV dimanche, l'ex-Première ministre a expliqué pourquoi elle a tourné les talons à ce moment.

"Il y a le cortège qui attend et je quitte cette séquence parce que je suis attendue et en retard dans un échange que je dois avoir avec des personnels de l'Éducation nationale qui font face à des difficultés énormes", a-t-elle déclaré.

La ministre a toutefois reconnu une "maladresse". "J'ai un regret: je ne leur ai pas expliqué que je devais m'en aller", a-t-elle dit. "Évidemment, c'est une erreur de ne pas leur dire au revoir".

Une rentrée prévue le 13 janvier à Mayotte

"La ministre ne (...) répond pas, pire elle évite le débat", avait fustigé sur X Guislaine David, porte-parole du SNUipp-FSU, premier syndicat des enseignants du primaire, après la diffusion de l'extrait. "Une aide de l'État qui n'arrive pas, des personnels qui tiennent à bout des bras, parfois sur leurs fonds ou des cagnottes, les établissements qui accueillent les familles (...) Élisabeth Borne ne peut pas tourner le dos à cette réalité!", avait également réagi sur X le SNES-FSU, premier syndicat du secondaire.

Les syndicats alertent depuis plusieurs semaines sur la situation des établissements scolaires à Mayotte après le passage du cyclone Chido. En réponse, le gouvernement a présenté un plan d'aide, prévoyant notamment des "tentes-écoles" qui seront montées avant la rentrée prévue le 13 janvier, "selon les modalités adaptées, établissement par établissement". Un plan d'attractivité et de fidélisation des enseignants sera aussi lancé.

Ces mesures ont toutefois été jugées trop tardives et insuffisantes par le secteur. Jean-Rémi Girard, président du Snalc (collèges et lycées), a l'impression que la rentrée a été annoncée "avant même de se demander si on pouvait et comment on pouvait la faire": "des collègues n'ont plus d'habitation, il faudrait qu'ils puissent se loger avant" de revenir enseigner, a-t-il estimé auprès de l'AFP.  

Autre problème: de nombreux établissements scolaires ont été abîmés. "Rien n'a été dit sur les procédures pour rouvrir les bâtiments scolaires en toute sécurité, des collègues nous signalent que dans certains collèges le plafond est imbibé d'eau", a souligné auprès de l'AFP Sophie Venetitay, secrétaire générale du SNES-FSU, premier syndicat de l'enseignement secondaire. "L'Éducation nationale ne s'est pas donné les moyens de recenser les élèves, les personnels et l'état du bâti scolaire", a-t-elle déploré.

Sophie Cazaux