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"C'est une honte": Élisabeth Borne prise à partie à Mayotte par deux professeurs

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En déplacement à Mayotte, la nouvelle ministre de l'Éducation nationale Élisabeth Borne a été interpellée par deux professeurs bénévoles sur le manque d'aides de l'État, plus de deux semaines après le cyclone Chido.

Un premier déplacement marqué par un moment de tension pour Élisabeth Borne. La nouvelle ministre de l'Éducation nationale s'est rendue à Mayotte ce lundi 30 décembre avec quatre autres ministres et le chef du gouvernement François Bayrou.

Plus de deux semaines après le passage dévastateur du cyclone Chido sur l'archipel, la colère des Mahorais n'est pas totalement retombée. Parmi eux, un professeur bénévole a interpellé Élisabeth Borne sur le manque de soutien de la part de l'État.

"Personne n'est monté"

"Depuis quinze jours, dans tous les bidonvilles ici, Petite-Terre, Grande-Terre, Kawéni, Cavani, personne n'est venu, personne. La réalité est là. Personne n'est monté", a-t-il indiqué face à la ministre de l'Éducation.

"La réalité est qu'il y a des distributions, elles existent. Peut-être que les gens ne sont pas bien informés", répond Élisabeth Borne.

Un deuxième professeur a alors réagi, de manière plus vive, à cette déclaration de la ministre. "Pour aller au point relais, c'est cinq kilomètres à pied aller, cinq kilomètres à pied retour. C'est 10 kilomètres en plein cagnard, sans eau, ni nourriture, c'est impossible, infaisable. C'est une honte", a-t-il réagi. Sans rebondir, l'ancienne Première ministre a tourné le dos avant de partir.

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Plus tard dans la journée sur BFMTV, l'un des professeurs a réagi à l'échange avec Élisabeth Borne. "Des enfants qui vont à l'école de la République se débrouillent par eux mêmes depuis 16 jours", a déploré Yann Pagan, estimant que "l'État ne fait absolument rien" pour venir en aide aux Mahorais de certains quartiers.

"On ne va pas me faire croire qu'en 16 jours les forces de l'État ne sont pas capables d'atteindre ces quartiers là. Ce qu'on remarque c'est que seuls des bénévoles (...) portent secours à leurs semblables", a-t-il déclaré.

"Je n'attends rien de l'État, on a bien vu que la plupart des actions étaient menées par des bénévoles", a poursuivi Yann Pagan.

La séquence a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux et a été commentée par l'opposition, notamment à gauche. Le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a estimé "qu'une ministre ne peut pas tourner les talons en méprisant le témoignage d’enseignants qui alertent sur la situation sanitaire."

Depuis l'archipel, le Premier ministre François Bayrou a annoncé une série de mesures pour soutenir l'archipel dans le cadre d'un plan "Mayotte debout." Parmi les annonces, le rétablissement de l'électricité pour chaque foyer d'ici "fin janvier", la mise en place de prêts garantis par l'État une augmentation des effectifs de gendarmerie sur l'archipel.

Matthieu Heyman