Emmanuel Macron: moi, ministre de la réforme

Emmanuel Macron à l'Assemblée nationale - Alain Jocard - AFP
"Je suis farouchement accroché à une réforme radicale du pays". Mercredi sur BFMTV et RMC, Emmanuel Macron a dénigré l’étiquette de "politicien" mais revendiqué une nouvelle fois celle de réformateur: "Je suis là pour pousser, réformer", a-t-il dit avant de répéter que "c'est (son) rôle au gouvernement de faire bouger les lignes". A chaque fois que le ministre de l’Economie a secoué sa famille politique, comme les sympathisants, de gauche sur les 35 heures, le travail du dimanche, le statut des fonctionnaires, le code du travail ou aujourd'hui la refonte des indemnités chômage, il a brandi l’étendard de la réforme comme bouclier face aux critiques, parfois virulentes.
En août 2015, Emmanuel Macron était l’invité des "réformateurs" de la gauche, la frange la plus libérale du PS où l’on retrouve par exemple le maire de Lyon Gérard Collomb, prêt à l'aider à se trouver un point d'ancrage électoral. Invité pour la première fois à leur réunion annuelle, il a évoqué une heure durant sa vision de la réforme qu’il conçoit comme la seule source de progrès.
"Si nous ne réformons pas alors nous cédons à la fatalité", a-t-il martelé, estimant qu’en France "échouer est une maladie grave et réussir est quelque chose de suspect." Son programme? "Les jeunes Français doivent avoir envie de devenir milliardaires", avait lancé début janvier 2015 ce défenseur de l'entrepreneuriat.
La réforme de l'Elysée à Tokyo en passant par Londres
Emmanuel Macron a fait de la réforme son cheval de bataille et sa position au sein de l’échiquier politique. Ce fut un temps la place occupée par Manuel Valls ce qui peut expliquer certaines tensions entre les deux hommes. De Londres (septembre 2015) à Tokyo un mois plus tard, le ministre de l’Economie vante "les réformes offensives", notamment pour la réduction de la dépense publique, que mène le gouvernement. On rappellera qu’avant de prendre la lumière de Bercy, l’ancien banquier d’affaires était le conseiller aux questions économiques de François Hollande. Le Pacte de responsabilité? C’est lui. Le tournant social-libéral du chef de l’Etat après une campagne contre la finance? Encore lui.
"Quand j'ai quelque chose à dire, je le dis moi-même. Je ne parle pas par le biais des autres", a insisté sur BFMTV et RMC le ministre de l’Economie. "C’est mon rôle au sein de ce gouvernement, de faire bouger les lignes", continue-t-il assurant "avoir les mains libres" pour mener ses réformes alors que "sa" loi Macron a été imposée par le tour de force du 49.3.
Un rôle ingrat
Un rôle ingrat puisque qu’Emmanuel Macron est présenté comme le responsable de tous les maux de la gauche alors que la droite peine à le critiquer. A l’inverse, les enquêtes d’opinion louent le renouveau qu'il incarne dans le paysage politique. Au coude à coude avec Manuel Valls en cas de primaire à gauche dans un sondage BFMTV, un autre, publié par Le Parisien, le présente comme le meilleur candidat derrière Alain Juppé dans l’hypothèse de 2017.
Nommé le 29 août 2014 au gouvernement, il expose le 1er septembre à Ouest-France sa vision de la gauche où l'on pourrait remplacer ce mot par "réformer" sans dénaturer le propos: "il n’est pas interdit d’être de gauche et de bon sens. (…) Être de gauche, pour moi, c’est en effet être efficace. Être de gauche, c’est être responsable, ce n’est pas prendre une posture, c’est essayer de faire bouger les choses (...) être davantage du côté du risque que de la rente".
En pragmatique, Emmanuel Macron, qui n'est pas encarté au PS, entend incarner "les progressistes" face aux "conservateurs". Sous cet angle, la marque du réformateur est de chambouler clivage gauche-droite.