"Elle était un peu perdue": les coulisses des rencontres entre Borne et les groupes parlementaires

Élisabeth Borne avec Franck Riester lors d'un échange avec Marine Tondelier le 4 avril 2023 - Compte Twitter d'Élisabeth Borne
Des rendez-vous pour sonder l'atmosphère. Plusieurs groupes parlementaires ont échangé avec Élisabeth Borne depuis lundi avec l'espoir pour la Première ministre de sortir de la crise politique et sociale. Sans guère convaincre.
"Elle était un peu perdue. Elle semble dans une espèce de déni", avance-t-on dans les rangs de Liot, reçue lundi à Matignon.
"Un temps de retard"
Soucieuse de se présenter à l'écoute, la cheffe du gouvernement a dégainé devant chaque interlocuteur un carnet et un stylo. Au menu de ces rencontres: le bilan des dernières semaines, marquées par des mobilisations de très grande ampleur contre la réforme des retraites et l'activation du 49.3 pour faire adopter le texte sans vote.
Mais surtout, Élisabeth Borne veut se projeter dans l'après en portant les priorités d'Emmanuel Macron sur l'école, l'écologie, la santé. "Je n'ai pas de doutes", sur le fait "qu'on puisse bâtir ensemble un agenda pour apporter des réponses aux Français", a-t-elle assuré ce lundi.
"Elle sort de journées pas très faciles et je pense qu'elle en mesure désormais les conséquences, avec un temps de retard", décrypte de son côté le député et porte-parole de l'UDI Christophe Naegelen, après son rendez-vous.
"Un peu évité le concret"
Devant les centristes, l'énarque a évoqué les prochains grands textes qu'elle espère faire adopter par le Parlement, à commencer par la future loi sur le programmation militaire. Second objectif: avancer sur une loi autour du plein emploi, qu'elle espère aborder ce mercredi avec l'intersyndicale qui l'attend au tournant.
L'exécutif compte également plancher sur un texte autour de "l'industrie verte" et de l'agriculture. "Je mettrai toute mon énergie à faire avancer ces priorités avec celles et ceux qui veulent œuvrer à la réussite du pays", a promis sur son compte Twitter la sexagénaire, sans plus de détails.
"Elle ne nous a pas donné de date, de chronologie ni de contenu précis. Elle prenait la température, elle a un peu évité le concret", précise encore Jean-Claude Requier, le président du groupe RDSE au Sénat.
"On ne peut pas être déçu quand on n'attend pas de miracle", philosophe encore ce sénateur.
Si aucun groupe de la Nupes n'a accepté de rencontrer Élisabeth Borne - même si les partis de gauche ont échangé avec elle à l'instar de Marine Tondelier ou d'Olivier Faure -, c'est ce mercredi que la sexagénaire joue son avenir.
"Elle cherche à gagner du temps"
Elle échangera avec les lieutenants de la droite Éric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau, dont dépendent en grande partie son avenir politique. Force d'appoint de la macronie depuis les législatives et la majorité relative, le gouvernement a réussi à faire passer tous ses textes à l'exception des retraites, en s'appuyant très largement sur les LR. Jusqu'aux retraites.
Sans convaincre certains de ses interlocuteurs que la donne peut vraiment changer.
"Moi, j'ai surtout eu l'impression qu'elle cherche à gagner du temps jusqu'à la décision du Conseil constitutionnel et que le défilé dans son bureau ne se résume qu'à occuper l'espace", résume cruellement l'un de ses interlocuteurs.
Les sages qui pourraient censurer en partie ou totalement la réforme des retraites rendront leur décision le 14 avril prochain, le dernier jour de la série de consultations de Matignon.