"Débat public" sur l'immigration: quand François Bayrou refusait d'en faire "un sujet d'affrontement"

François Bayrou le 28 janvier 2025 à Paris - Alain JOCARD / AFP
Un vrai changement de pied. François Bayrou a annoncé ce vendredi 7 février sur RMC vouloir "un débat public et approfondi" sur l'immigration de façon "beaucoup plus large" que la question du droit du sol, modifié ce jeudi à l'Assemblée nationale pour Mayotte.
Le Premier ministre tenait pourtant un tout autre discours en 2009. Le ministre de l'immigration d'alors, Éric Besson, avait lancé à l'époque un grand débat national sur l'identité nationale et l'immigration, en pleine polémique autour du port de la burqa en France.
"Rien de pire" que de faire de l'immigration "un sujet d'affrontement"
Réponse de celui qui était en rupture de ban avec le chef de l'État, Nicolas Sarkozy: "l'identité nationale n'appartient pas aux politiques".
"Rien n'est pire que d'en faire un sujet d'affrontement politique surtout quand, par ailleurs, on laisse abîmer l'image de la France. Et, encore pire dans faire une utilisation partisane", dénonçait-il encore sur France 2.
"La nation appartient à tout le monde". "Chacun en a son idée et sa meilleure illustration est la réussite de notre pays", insistait également le centriste.
"Pas de raison de repousser éternellement" un débat sur l'immigration
Presque 16 ans plus tard, le chef du gouvernement a manifesté changer d'avis. "Vous voyez bien ce qui fermente depuis des années. Ce qui fermente, c'est qu'est-ce que c'est qu'être Français?", a avancé François Bayrou dans l'émission Les grandes gueules ce vendredi.
"Qu'est-ce que ça donne comme droits? Qu'est-ce que ça impose comme devoirs? (...) Et en quoi ça vous engage à être membre d'une communauté nationale? À quoi croit-on quand on est Français?", a encore avancé le locataire de Matignon.
Les propos pourraient susciter l'ire de la gauche qui ne digère pas les mots du Premier ministre sur "le sentiment de submersion" migratoire à Mayotte et dans d'autres départements fin janvier.
Les socialistes ont d'ailleurs annoncé le dépôt d'une motion de censure "au nom des valeurs" et "contre la trumpisation" de la vie politique française.
"Tous les problèmes qu'on identifie, on va les traiter, on va en tout cas les débattre, on va les approfondir et il n'y a pas de raison de les repousser éternellement", a encore insisté le centriste sur RMC.
Lors du lancement du grand débat pour sortir de la crise des Gilets jaunes en 2019, le maire de Pau avait expliqué sa volonté de "reformuler un projet national explicite".