"Submersion migratoire": pourquoi la motion de censure du Parti socialiste inquiète Matignon

François Bayrou à l'Assemblée nationale le 3 février 2025 - Bertrand GUAY / AFP
Deux motions de censure peuvent en cacher une troisième. Le Parti socialiste va déposer une motion de censure spontanée après les propos du Premier ministre François Bayrou sur l'immigration. Lors d'une interview à LCI le 27 janvier, ce dernier a évoqué un "sentiment de submersion" migratoire en France.
Des propos qui ont suscité la colère du PS qui a indiqué qu'il ne votera pas les motions de censure de la France insoumise mais qu'il en déposera une après le vote du budget. Une décision prise "parce que nous nous opposons plus largement à ce gouvernement, à ce qu'il représente, à ce qu'il a dit sur la submersion migratoire et ses remises en cause de l'État de droit", a justifié lundi le député et porte-parole du PS Arthur Delaporte.
D'après les informations de BFMTV, cette démarche était au menu de discussions à Matignon ce mardi 4 janvier au matin. Selon l'un des participants, certains ont appelé à la vigilance concernant cette motion de censure.
"Le RN pourrait, après le budget, choisir à nouveau l’instabilité en profitant d’un texte de gauche avec lequel ils sont en désaccord total pour faire tomber le gouvernement", estime-t-il.
L'entourage du Premier ministre a, lui, indiqué qu'il est "concentré" et rempli "d'humilité comme depuis le début".
L'article 49.2 de la Constitution prévoit que "l’Assemblée nationale met en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote d’une motion de censure. Une telle motion n’est recevable que si elle est signée par un dixième au moins des membres de l’Assemblée nationale. Le vote ne peut avoir lieu que quarante-huit heures après son dépôt."
La motion est spontanée car, contrairement au 49.3, elle n'est pas provoquée en réaction à la décision du Premier ministre d'engager la responsabilité de son gouvernement.
Au RN, "c'est Marine Le Pen qui décide"
Du côté du Rassemblement national, rien n'a été décidé sur la marche à suivre concernant la démarche des socialistes. "Ils le font sur la submersion migratoire donc je pense que ce sera compliqué pour nous. Sauf à vouloir faire un coup et vouloir tomber le gouvernement…", analyse un député d'extrême droite.
Un autre élu note une différence avec la censure qui a fait tomber Michel Barnier en fin d'année dernière. "En décembre, il y avait un texte derrière, c'était sur la base du budget. Là ce serait sur la base des propos du Premier ministre."
Mais aucune décision claire n'a encore été définie. "À la fin, c'est Marine Le Pen qui décide", résume un élu d'extrême droite. Comme le PS, le RN ne votera pas les deux motions de censure déposées par la France insoumise suite à l'adoption du budget de l'État et de la Sécurité sociale.
Sans les votes du Rassemblement national, il paraît peu probable que l'initiative du Parti socialiste débouche sur la censure du gouvernement de François Bayrou. Le Nouveau Front populaire ne compte que 192 députés, loin des 288 voix nécessaires pour faire tomber le Premier ministre.