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Covid-19, retraites et regrets... Ce qu'il faut retenir de l'interview-bilan d'Emmanuel Macron

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Alors que l'annonce de sa candidature pour l'élection présidentielle se fait toujours attendre, Emmanuel Macron a donné une interview fleuve ce mercredi sur TF1. L'occasion, notamment, de revenir sur son mandat.

Emmanuel Macron en défense de son bilan. Ce mercredi soir, le président français a répondu aux questions de TF1 pour mettre en avant son action en tant que chef de l'État et en dressant sa vision pour le futur du pays. Le tout, sans se déclarer officiellement candidat à sa propre succession, ce qui irrite ses adversaires depuis plusieurs semaines. Voici les moments forts de sa prise de parole.

• La vaccination, au cœur de la bataille contre la 5e vague

Concernant une sortie de crise dans les mois à venir ou de nouvelles restrictions à Noël, Emmanuel Macron a évité de faire une "quelconque prédiction".

"Celui qui dicte le rythme c’est le virus", a-t-il expliqué.

Face à la cinquième vague de Covid-19, Emmanuel Macron a surtout mis en avant l’importance de la vaccination. "Tout sera mis en place" pour que tout le monde puisse avoir sa dose de rappel avant Noël, a-t-il promis. Des rappels qui, "vraisemblablement", pourraient devenir "réguliers", "comme pour la grippe", pour faire face aux variants.

Le président a estimé la vaccination des enfants de 5 à 11 ans "souhaitable", mais a précisé que le choix final revenait aux parents. Pas d'obligation donc pour les plus jeunes, mais pour le reste de la population, c'est "une hypothèse qui existe, quand on a déjà vacciné 90% de ceux qui y sont éligibles". "Nous y sommes quasiment!", a-t-il déclaré.

• Un mea-culpa après certaines polémiques

"Je pense que je suis arrivé avec une forme de vitalité, mais une volonté de bousculer", a expliqué Emmanuel Macron, confronté à certaines de ses prises de paroles jugées insensibles, comme lorsqu’il avait proposé à un jeune homme de "traverser la rue" pour trouver un emploi. "Nous sommes dans une société de la décontextualisation", a répondu le président de la République.

Concernant sa phrase sur "les gens qui réussissent" et "ceux qui ne sont rien", Emmanuel Macron a cependant reconnu qu’il n’aurait pas dû dire cela et que ces phrases ont "pu blesser" cependant.

"Il faut protéger la fonction, c’est aussi ce que j’ai appris. Par tempérament je ne me protège pas", a également regretté Emmanuel Macron, face au cliché sur lequel il pose avec un jeune de Saint-Martin qui fait un doigt d’honneur.

"Je n’avais pas à exposer l’image de la fonction", a-t-il estimé.

• L'affaire Benalla, "une affaire d'été" plus qu'une "affaire d'État"

"Ce n’est pas ce que j’appelle une affaire d’État", a déclaré Emmanuel Macron par rapport à l’affaire Benalla", parlant plutôt d’une "affaire d’été".

"Il a été condamné parce qu’il a été traité comme un justiciable", a-t-il assuré, en expliquant qu’il n’avait pas été protégé "plus qu’il ne devait l’être".

• "Le président des riches”, une "caricature" dont il veut se libérer

"Il y a eu de la violence extrême dans notre société" a estimé Emmanuel Macron en se remémorant la crise des gilets jaunes. Il s’est dit particulièrement "touché" lorsque l’Arc de Triomphe avait été dégradé. "Ce jour-là, j’ai eu beaucoup d’inquiétude pour notre pays", a-t-il expliqué.

"Personne n’a vu arriver une telle crise. Mais je pense qu’il y a eu, à ce moment-là, des erreurs qui ont été faites", a reconnu Emmanuel Macron, comme le manque d’explications concernant la hausse du carburant ou encore la limitation à 80km/h sur les routes nationales.

En faisant un parallèle avec l’actualité récente, Emmanuel Macron a estimé que "c’est une erreur funeste" de légitimer la violence, comme "certains dirigeants politiques” le font ces dernières semaines. "La fin de la violence, l’autorité et la légitimité sont ce qui font tenir une démocratie", a assuré le chef d’État.

• La réforme des retraites jugée "indispensable"

Emmanuel Macron a parlé d’une "révolution" pour qualifier l’évolution de l’économie française pendant son mandat. Un mot qu’il a réutilisé pour parler des réformes au sein de l’Éducation nationale. "Avoir une nation forte, entreprenante, qui éduque et qui est plus juste" est un futur "possible" pour le président de la République. Il a assuré qu’il voulait "continuer les réformes".

Concernant la réforme des retraites, Emmanuel Macron estime qu’il ne pouvait pas, pendant la pandémie ou à l’automne dernier, relancer la réforme des retraites. Il a cependant assuré qu’elle était "indispensable".

Il a expliqué que la réforme envisagée devait évoluer pour augmenter l’âge de départ à la retraite. "On doit adapter ce temps de vie au travail", a-t-il cependant assuré en mentionnant la pénibilité de certains métiers ou l’emploi chez les séniors. Il s’est également prononcé en faveur de la sortie des régimes spéciaux au profit de "trois grands régimes", et non pas un seul, "qui serait trop anxiogène".

• La "modernisation", plutôt que la suppression de postes de fonctionnaires

Pour Emmanuel Macron, "c'est faux de dire que le cœur des économies à l'échelle de 5 ou 10 ans sera dans la réduction du nombre de fonctionnaires".

"Il faut moderniser l’action publique pour la rendre plus fiable", a cependant assuré le président. "Dans la situation où nous sommes, il ne faut pas essayer de réduire, il faut du sérieux, il faut des économies appropriées."

• Une absence de regret sur la nomination de Nicolas Hulot

Le président de la République a défendu son action concernant la lutte contre les violences faites aux femmes - un sujet que l'exécutif a "pris à bras le corps", a-t-il assuré. "La parole s’est libérée, elle doit continuer de se libérer", a clamé Emmanuel Macron.

"On a formé des policiers et des gendarmes", a-t-il commencé à lister. "On a mis en place des systèmes d'alerte dans les pharmacies, dans certains supermarchés, pour que les femmes qui ont peur puissent envoyer des signaux. On a mis en place des bracelets, des téléphones grave danger. Il y a tout un système qui doit continuer de se mettre en place."

Interrogé sur les accusations de viols et d'agressions sexuelles visant Nicolas Hulot, Emmanuel Macron a assuré ne pas regretter sa nomination au gouvernement. "On ne peut pas regretter quand on ne sait pas tout", a-t-il affirmé, expliquant que son ancien ministre avait nié les faits lors des premières révélations en 2018.

“Il est resté ministre, parce que quel était l’autre choix que nous avions”, a déclaré le chef d’État, expliquant que le manque de procédure judiciaire ne permettait pas de s’en séparer à cette période. "On doit faire attention. Si sur la base d'une accusation vous dites 'c'est fini', alors il n'y a plus de vie en société possible".

• Le "grand remplacement", "il n'est pas là"

"Nous sommes une nation d’immigration", a analysé Emmanuel Macron, rejettant les promesses d’"immigration zéro". "Je ne crois pas au 'grand remplacement'", "il n’est pas là", a-t-il déclaré, expliquant cependant que la France n’avait pas su "intégrer" une partie des immigrés.

"Ce que je veux, c’est une réforme de (l'espace) Schengen", a rappelé le président, quelques jours après l’avoir déjà proposé lors d’une conférence de presse.

Il a également appelé à un meilleur partenariat avec l’Afrique pour mieux gérer les flux migratoires.

• Une candidature qui se fait toujours attendre

Emmanuel Macron a nouveau refusé de se prononcer officiellement sur une éventuelle candidature à l’élection présidentielle.

"J'agirai jusqu'au dernier quart d'heure", a-t-il affirmé. "Je n'ai jamais pensé qu'on pouvait transformer un pays en 5 ans. Je continue à me projeter."

Reconnaissant malgré tout une ambition pour le futur, il a déclaré: “si j’étais un candidat comme les autres, je ne pourrais pas prendre les décisions que je dois prendre”.

Anthony Audureau