Bernard Cazeneuve signale à la police les photos d'exactions de Daesh tweetées par Marine Le Pen

Le bras de fer s'intensifie entre le gouvernement et Marine Le Pen. Après Manuel Valls qui a qualifié la présidente du Front national "d'incendiaire du débat public" en réactions aux photos d'exactions du groupe Etat islamique publiées sur Twitter, Bernard Cazeneuve a annoncé mercredi devant les députés les avoir signalées auprès de la plateforme Pharos de la direction centrale de la police afin qu'elle "puisse se saisir de l'affaire.
Ces photos sont celles "de la propagande de Daech et sont à ce titre une abjection, une abomination et une véritable insulte pour toutes les victimes du terrorisme", a renchéri le ministre de l'Intérieur, qui répondait à une question du député socialiste Joachim Pueyo.
La plateforme internet Pharos recueille les signalements de contenus illicites reçus par les internautes comme des images pédopornographiques, jeux illégaux en ligne, tweets racistes ou homophobes. Ces signalements peuvent entraîner l'ouvertures d'enquêtes pénales. Les contenus litigieux peuvent aussi être retirés à la demande de la police sans ouverture d'une enquête.
La réaction du gouvernement a fait bondir la principale intéressée. Toujours sur Twitter, Marine Le Pen a d'abord répondu au Premier ministre qu'elle accuse d'avoir "insulté" le Front national pendant la campagne pour les régionales. Une manière de faire référence aux déclarations de Manuel Valls qui avait qualifié le parti à la flamme d'"arnaque", qui mène "à la guerre civile".
Face à l'horreur des photos publiées, Marine Le Pen utilise aussi l'ironie pour réagir à la décision du ministre de l'Intérieur de signaler ces photos à la police. "Est-ce que Bernard Cazeneuve va me poursuivre pour diffamation contre Daesh?", raille-t-elle.
"Une communauté d’esprit"
Mardi matin, Marine Le Pen a posté trois photos avec le texte "Daech c'est ça!" Sur ces clichés, on voyait un homme vêtu d'une combinaison orange sous les chenilles d'un char. Sur un autre, un homme vêtu de la même manière enflammé dans une cage, ou encore un corps d'homme décapité avec la tête posée sur le dos.
La présidente du FN entendait répondre, avec ces images choc, au journaliste Jean-Jacques Bourdin, qui aurait, selon elle, "fait un parallèle" entre Daesh et le Front national. Alors qu'il présentait le livre de son invité Gilles Kepel, spécialiste de l'islam, le journaliste a questionné: "Dans votre livre vous faites le lien entre le jihadisme français et la poussée du Front national?".
Puis, après une première réponse de l'islamologue, le journaliste de RMC et BFMTV a ajouté: "Je vais revenir sur les liens entre Daesh et le Front national, enfin les liens… pas les liens directs entre Daesh et le FN mais ce repli identitaire qui finalement est une communauté d’esprit, parce que l’idée pour Daesh c’est de pousser la société française au repli identitaire?".