"Il reste campé sur ses positions": Marine Le Pen sort déçue de sa réunion avec Michel Barnier sur le budget

Michel Barnier a-t-il sauvé sa peau ce lundi 25 novembre? "Rien n'est moins sûr", a lâché Marine Le Pen à la sortie de son entretien d'une heure avec Michel Barnier à Matignon.
Le Premier ministre joue sa survie politique alors que la présidente des députés du Rassemblement national menace de censurer son gouvernement sur le budget à la mi-décembre.
"Ce sera la censure"
Le chef du gouvernement "m'est apparu en même temps courtois et campé sur ses positions", a regretté l'ancienne candidate à la présidentielle, assurant avoir "répété les lignes rouges du RN".
"En l'état" et modification du budget de l'État dans les semaines, "nous l'avons toujours dit, ce sera la censure", a donc jugé la députée du Pas-de-Calais.
En l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a déjà prévenu qu'il emploierait "probablement" la cartouche institutionnelle du 49.3, cet article de la Constitution qui permet de faire adopter un texte sans vote.
Un renversement de Barnier probable
Mais cette manœuvre permet également dans la foulée pour les oppositions de déposer une motion de censure. Si elle récolte au moins 289 voix, Michel Barnier et son gouvernement sont renversés.
Dans le cas de figure où les voix du RN s'additionnent à celle de la gauche, son avenir politique sera stoppé net. Le nouveau front populaire et les députés de Marine Le Pen comptent en effet à eux seuls 320 voix, soit largement assez pour faire tomber le gouvernement actuel.
Autant dire que Michel Barnier a tout intérêt à convaincre l'extrême droite de ne pas soutenir cette motion de censure. Parmi les lignes rouges posées par le RN, on trouve notamment le refus d'une augmentation des taxes sur l'électricité et le fait que tous les retraités ne verront pas entièrement leur pension revalorisée du montant de l'inflation, comme l'a expliqué la députée du Pas-de-Calais sur RTL la semaine dernière.
"Nous verrons si le propos d'aujourd'hui fait son chemin"
Marine Le Pen a répété ce matin "pour la énième fois les lignes rouges du RN", sans manifestement convaincre le Premier ministre de lâcher du lest.
"Nous verrons si le propos d'aujourd'hui fait son chemin, mais rien n'est moins sûr", a encore lâché l'ancienne patronne du parti à la flamme.
En attendant le renversement éventuel de son gouvernement, Michel Barnier tente de banaliser la situation. Cette "coalition des contraires", "je sais que ce n'est pas ce que souhaitent les Français, qui souhaitent aujourd'hui la stabilité, la sérénité", a lancé jeudi le locataire de Matignon depuis le congrès des Maires.
La menace d'un "scénario à la grecque"
Pour sortir de l'ornière, le gouvernement mise sur deux cartes. Il espère d'abord convaincre les socialistes de ne pas voter la motion de censure. Sans leur soutien, impossible de faire tomber Michel Barnier.
Le Premier ministre compte également le spectre d'un "scénario à la grecque", décrit par la porte-parole Maud Bregeon ce dimanche dans les colonnes du Parisien.
Suffisant pour convaincre alors que la situation affrontée par Athènes en pleine crise de la dette publique en 2008 était très différente? La teneur des entretiens à Matignon qui se continuent dans les prochains jours devraient donner le ton.