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Gouvernement

Michel Barnier, menacé de censure, estime que les Français "souhaitent de la stabilité, de la sérénité"

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Les ténors de la gauche menacent de déposer une motion de censure contre Michel Barnier si ce dernier a recours au 49.3 pour faire adopter le budget.

Face aux menaces de censure brandies par la gauche et l'extrême droite, Michel Barnier a estimé ce jeudi 21 novembre que les Français souhaitaient plutôt "la stabilité, la sérénité".

"Le temps que j'ai devant moi, ça dépend d'une éventuelle coalition des contraires, si je puis dire, à l'Assemblée nationale. Je ne sais pas si cela se produira. J'y suis prêt", a déclaré le Premier ministre devant le 106e Congrès des maires.

Avant d'ajouter: "Je sais que ce n'est pas ce que souhaitent les Français, qui souhaitent aujourd'hui la stabilité, la sérénité".

Cette "stabilité" a aussi été souhaitée par Emmanuel Macron ce mercredi. "C'est normal qu'il y ait des débats parlementaires. Je crois que le gouvernement, avec méthode, va continuer avec les forces du socle commun qui constituent aujourd'hui cette majorité relative et avec les oppositions d'avancer", a-t-il déclaré devant la presse après le sommet du G20 à Rio de Janeiro.

"Moi, je souhaite de la stabilité. Notre pays a besoin de continuer à avancer", a-t-il plaidé.

Le RN enclin à voter une motion de censure

Le Nouveau Front populaire a en effet fait savoir ce jeudi dans une tribune publiée dans les colonnes du Monde vouloir à nouveau dégainer une motion de censure si Michel Barnier adoptait le budget en recourant au 49.3. Une hypothèse publiquement envisagée par le locataire de Matignon.

Ainsi, de Manuel Bompard à Olivier Faure en passant par Fabien Roussel, Marine Tondelier et la candidate de l'union de la gauche à Matignon, Lucie Castets, tous menacent le Premier ministre de le renverser dans les prochaines semaines.

"Si Michel Barnier impose son budget par 49.3, nos groupes parlementaires déposeront une motion de censure", peut-on lire dans la tribune du Monde.

Cette motion de censure pourrait aussi être votée par le Rassemblement national. La présidente des députés RN a affirmé qu'elle "voterait la censure" si "le pouvoir d'achat des Français était encore amputé".

De quoi rendre tout à fait crédible le renversement du gouvernement de Michel Barnier. Pour y arriver, il faut récolter 289 voix - soit le soutien de la moitié des forces de l'hémicycle. La gauche et ses 193 députés ainsi que Marine Le Pen et ses 126 députés rassemblent 320 voix, soit largement assez pour faire tomber le gouvernement actuel.

Les mesures fiscales de Barnier contestées par les macronistes

Michel Barnier est aussi fragilisé au sein de son gouvernement par les macronistes qui contestent ses mesures fiscales. Face à quoi, le Premier ministre a estimé qu'il y avait "un intérêt commun plus important que nos propres intérêts à travailler ensemble", ajoutant, dans une allusion au ministre de l'Économie Antoine Armand, que "quand on est loyal (...) on a de meilleures chances de faire face à l'adversité".

Le locataire de Bercy a déclenché une mini-tempête en s'opposant au Premier ministre sur les suppressions d'allègements de cotisations patronales, même réduites de quatre à trois milliards d'euros par le Sénat. Elles déplaisent à Gabriel Attal, chef de file des députés macronistes, pour qui elles vont à rebours de la politique de l'offre soutenue depuis 2017.

Au-delà du budget, un "moment particulièrement difficile", Michel Barnier a souhaité relever "la ligne d'horizon" et promis de présenter en début d'année prochaine "une cinquantaine" de mesures qui seront "mises en chantier" dans les trois ans. "Je ne suis pas là seulement à Matignon pour, avec le gouvernement, gérer en défensive, le dos au mur, un budget difficile et faire des économies effrénées", a-t-il expliqué.

Juliette Brossault avec AFP