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Rassemblement national

Risque de motion de censure: comment le RN fait monter la pression sur Michel Barnier

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Marine Le Pen et les autres députés du Rassemblement national évoquent de plus en plus possibilité de voter la censure du gouvernement Michel Barnier.

"On n'acceptera pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé". Marine Le Pen pose ses conditions à Michel Barnier, sous la menace d'une possible motion de censure pour contester la politique budgétaire du gouvernement. Une façon pour la cheffe des députés RN de mettre la pression avant la rencontre prévue lundi matin entre elle et le Premier ministre à Matignon.

"Il y a zéro ambiguïté. Depuis le départ nous avons dit ce que nous souhaitons. Il l'entend ou il ne l'entend pas. On est bien conscient qu'il ne peut pas tout prendre mais on n'acceptera pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé", a-t-elle déclaré ce matin sur RTL.

Une stratégie pour revendiquer des victoires

Des députés confient que leurs électeurs en circonscriptions leur demandent maintenant de censurer le gouvernement. "Même les retraités et les CSP+ nous le réclament", confie un élu. 

La semaine dernière, en marge de la soirée de lancement du livre de Jordan Bardella, Marine Le Pen mettait déjà en garde.

"Si Monsieur Barnier pense qu'il bénéficie d'un avantage positif dans l'électorat RN, il commet une lourde erreur d'appréciation", avait-elle alors déclaré, avant de confier qu'"un chemin se fait dans (s)on esprit" à propos d'une éventuelle censure.

"On se rapproche du mur (la fin des discussions budgétaires, NDLR) donc oui on klaxonne de plus en plus fort" prévient un député RN.

"C'est un raisonnement en deux temps. On fait monter la pression pour essayer d'obtenir des avancées, c'est Marine Le Pen qui négociera, si on en n'obtient aucune, on prendra le choix de censurer ou pas" affirme un autre. 

Le cheval de bataille de la patronne des députés RN: le prix de l'électricité. "Je vais lui (Michel Barnier, NDLR) dire que l'augmentation de 6 milliards envisagée sur le prix de l'électricité c'est inadmissible pour nous", a-t-elle encore indiqué ce matin sur RTL.

Sur BFMTV, Bardella menace Barnier de censure - 19/11
Sur BFMTV, Bardella menace Barnier de censure - 19/11
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La hausse du prix de l'électricité: la ligne rouge?

Une déclaration qui n'a pas échappé à un proche de Jordan Bardella: "Marine Le Pen a posé une condition ce matin: la taxe sur l'électricité, on verra". C'est en effet sur cette demande que certains, au sein du socle commun, anticipent un éventuel geste du gouvernement. 

Il y a quelques jours, plusieurs personnalités du bloc central telles que le député Droite Républicaine Vincent Jeanbrun, la députée Ensemble pour la République Prisca Thévenot ou encore le député Modem Richard Ramos ont cosigné une lettre, publiée dans L'Opinion pour demander à Matignon de renoncer à cette surtaxe, pour des raisons écologiques. 

"À Matignon, ils ont compris que d'autres voix allaient dans le même sens que le RN sur ce sujet", analyse un député de la Droite républicaine. Michel Barnier pourrait autrement dit céder sur ce point, sans donner l'impression de ne donner le point qu'au Rassemblement national.

Un tel geste du gouvernement suffira-t-il à faire baisser la tension? Sur RMC ce mercredi matin, le président du RN Jordan Bardella rappelait tout de même que d'autres signaux ne conviennent pas à son parti:

"On ne peut pas accepter un budget qui durcit le malus sur les véhicules, qui prévoit une augmentation des taxes sur l'électricité, qui prévoit de dérembourser des médicaments", a-t-il énuméré.

"Ils n'iront pas soutenir une motion de la gauche"

Un véritable coup de pression ou bien un simple coup de bluff de la part du RN?

"Si on doit censurer, ce ne sera pas une censure à contre-cœur car on a déjà laissé deux chances: en les laissant se mettre en place et en discutant avec le Premier ministre lundi" prévient un élu. "Si on obtient quelques avancées, qu'on limite la casse, à quoi ça sert de censurer dans l'attente d'une dissolution prochaine..." 

Au sein du bloc central, plusieurs sources doutent de la réalité de la menace. "Le RN ne censurera pas", assure l'un de ses élus. "Ils n'iront pas soutenir une motion de la gauche, il y a eu trop d'expressions différentes sur le budget ces derniers mois."

Un cadre de droite fait aussi un lien direct avec le feuilleton judiciaire de Marine Le Pen: "ce qui prime dans la grille de lecture du RN, c'est, est-ce que la censure la sert pour son procès?"

D'autres, enfin, doutent qu'elle prenne le risque de passer pour celle qui ouvre une nouvelle période d'instabilité politique. Sa décision, quelle qu'elle soit, ne devrait toutefois pas être prise avant la mi-décembre.

Sophie Dupont et Alexis Cuvillier avec Hugues Garnier