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Parlement

Les ténors de la gauche menacent Barnier de motion de censure en cas de 49.3

Des représentants du Nouveau front populaire à l'Élysée le 23 août 2024

Des représentants du Nouveau front populaire à l'Élysée le 23 août 2024 - Dimitar DILKOFF / AFP

Le nouveau front populaire compte à nouveau dégainer une motion de censure pour renverser Michel Barnier après l'adoption du budget très probable par 49.3. Avec les voix des députés de Marine Le Pen, la gauche pourrait remporter son pari.

Une tribune qui réunit tous les grands noms du Nouveau Front populaire. De Manuel Bompard à Olivier Faure en passant par Fabien Roussel, Marine Tondelier et la candidate de l'union de la gauche à Matignon, Lucie Castets, tous ses représentants menacent le Premier ministre de le renverser dans les prochaines semaines.

"Si Michel Barnier impose son budget par 49.3, nos groupes parlementaires déposeront une motion de censure", peut-on lire dans une tribune du Monde, publiée ce jeudi 21 novembre.

Un 49.3 sans grand suspense

Le locataire de Matigon a de nouveau évoqué l'hypothèse d'activer cette cartouche institutionnelle qui permet de faire adopter un texte sans vote, dans les colonnes de Ouest France la semaine dernière.

Il faut dire que dans un contexte de majorité relative, Michel Barnier n'a guère d'autre choix pour parvenir à faire passer le budget 2025 de l'État. Considérablement modifié par la gauche qui a profité des débats pour augmenter la fiscalité liée au patrimoine des milliardaires et les impôts sur les superprofits, le projet de loi de finances a été rejetée par les députés le 12 novembre.

Pas question pour la droite et la macronie de soutenir un budget "NFP-compatible" comme le décrit la gauche. Charge désormais au Sénat qui l'étudie actuellement en commission de le rendre plus conforme aux volontés de Michel Barnier avant des débats en commission mixte paritaire.

La gauche refuse de voter un budget "injuste et irresponsable"

Cet organe parlementaire vise à trouver une version commune du budget qui reviendra ensuite dans l'hémicycle autour du 15 décembre. Sur le papier, c'est alors au tour des députés de se prononcer en seconde lecture.

Dans leur tribune, les ténors de la gauche ont déjà prévenu dans leur tribune: "nous nous refusons" à "accepter l'injustice et l'irresponsabilité du budget proposé par Michel Barnier".

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge", a lancé de son côté Marine Le Pen ce mercredi sur RTL.

Un renversement de Barnier très possible

En cas d'addition des voix des députés RN et des députés de gauche pour voter contre le budget, il serait alors rejeté. Une catastrophe pour Michel Barnier qui ferait alors face à un cas inédit depuis la 5è République. De quoi le pousser donc à dégainer le 49.3 en amont.

Mais cette possibilité ouvre dans le même temps le champ au dépôt d'une motion de censure. Là encore, la présidente des députés RN a affirmé qu'elle "voterait la censure" si "le pouvoir d'achat des Français était encore amputé".

De quoi rendre tout à fait crédible le renversement du gouvernement de Michel Barnier. Pour y arriver, il faut récolter 289 voix - soit le soutien de la moitié des forces de l'hémicycle. La gauche et ses 193 députés ainsi que Marine Le Pen et ses 126 députés rassemblent 320 voix, soit largement assez pour faire tomber le Premier ministre.

Un rendez-vous lundi pour éviter la motion de censure

Soucieux de faire redescendre la pression, le chef du gouvernement reçoit tous les groupes parlementaires lundi à Matignon. Suffisant pour mettre en échec cette future motion de censure?

Plus que le sort de Michel Barnier en lui-même, c'est plutôt la situation politique inédite qui s'ouvrirait qui pourrait faire reculer une partie des oppositions. Difficultés incommensurables à trouver un successeur au Premier ministre, des législatives qui ne pourraient être organisées avant l'été...

Le pays pourrait rentrer dans une situation politique inextricable. À gauche, certains espèrent, à l'instar de François Ruffin, que l'atmosphère pousse alors Emmanuel Macron à la démission.

Marie-Pierre Bourgeois