Censure de Michel Barnier: Marine Le Pen attend la commission mixte paritaire pour prendre sa décision

La présidente des députés RN veut encore donner une chance au Premier ministre sur le budget. Marine Le Pen compte sur un éventuel accord entre les députés et les sénateurs sur le projet de loi de finances avant de se décider ou non à renverser le gouvernement.

Marine Le Pen fait redescendre la pression. Après avoir brandi à nouveau la menace d'une motion de censure à l'issue d'un rendez-vous avec Michel Barnier ce lundi 25 novembre, la présidente des députés RN arrondit finalement les angles.

Le Rassemblement national compte attendre la commission mixte paritaire pour prendre sa décision avant de compter soutenir ou non une motion de censure, d'après des informations de BFMTV.

Michel Barnier "campé sur ses positions"

L'ex-candidate à la présidentielle a rappelé au Premier ministre plus tôt dans la matinée "ses lignes rouges", qui la pousseraient à soutenir une motion de censure. Parmi celles-ci, on trouve notamment le refus d'une augmentation des taxes sur l'électricité et le fait que tous les retraités ne verront pas entièrement leur pension revalorisée du montant de l'inflation.

Le chef du gouvernement "m'est apparu en même temps courtois et campé sur ses positions", a jugé Marine Le Pen en sortant de son entretien à Matignon.

Mais finalement, l'ex-patronne du parti à la flamme veut se donner du temps. Elle compte désormais sur la commission mixte paritaire (CMP), cet organe composé de 7 députés et de 7 sénateurs chargés de se mettre d'accord sur une version commune du budget.

Un accord qui contiendrait les dispositions qui agacent Marine Le Pen

La CMP se réunira dans les jours qui suivent le vote solennel du budget au Sénat le 12 décembre. Elle pourrait éventuellement revenir sur les dispositions dans le budget qui crispent Marine Le Pen. Si les députés et les sénateurs arrivent à se mettre d'accord, le texte reviendra à l'Assemblée nationale pour un vote solennel le 18 décembre.

Mais même dans ce cas-là, Michel Barnier a toutes les chances d'utiliser un 49.3, cette cartouche institutionnelle qui permet de faire adopter un texte sans vote des députés. En effet, en l'absence de majorité absolue, même le budget qui est parvenu à contenter la CMP n'a guère de chance de contenter largement l'Assemblée.

Le 49.3 ouvre la possibilité ensuite de déposer une motion de censure que pourra toujours soutenir Marine Le Pen. En cas de vote des députés RN et des députés de gauche, le chef du gouvernement sera renversé.

Barnier défend "la stabilité"

Mais la volonté de l'ex-candidate à la présidentielle de laisser une chance à la CMP laisse entendre que si le Premier ministre reprend à son compte l'accord conclu entre les sénateurs et les députés, ses troupes pourraient ne pas voter la motion de censure.

Le 49.3 laisse en effet la possibilité à Michel Barnier de reprendre seulement les dispositions qu'il souhaite dans son budget. Pour apaiser Marine Le Pen, il pourrait donc finalement décider de faire sortir du projet de loi de finances les dispositions qui la crispent.

De quoi permettre au locataire de Matignon de sauver son poste pour les prochains mois. Michel Barnier a assuré jeudi devant le Congrès des maires que les Français aspiraient à "de la stabilité, de la sérénité".

Sophie Dupont et Marie-Pierre Bourgeois