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Sur l'immigration, Marine Le Pen n'attend "absolument rien d'Emmanuel Macron"

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En déplacement à Mayotte, le chef de l'État a fait un diagnostic de la situation dans ce département fortement touché par l'immigration clandestine. Invitée dans la foulée de BFMTV, la patronne du RN l'a accusé au contraire d'aggraver le problème sur l'ensemble du territoire français.

Sur l'île de Mayotte, la problématique de l'immigration prend une forme autrement plus complexe qu'en métropole. Emmanuel Macron a abordé ce sujet explosif ce mardi, à l'occasion de son déplacement dans le département d'outre-mer. Rappelant que la population de Mayotte était à 48% faite d'étrangers (dont la moitié sont clandestins), le chef de l'État a voulu afficher sa fermeté. 

"La lutte contre l'immigration est le premier pilier de notre action pour la sécurité à Mayotte", a-t-il notamment déclaré, ajoutant que "les reconduites à la frontière augmentent fortement". Et le président d'invoquer le chiffre de près de 24.000 depuis le début de l'année 2019, contre 9800 l'an dernier.

Pas de quoi pavoiser, selon Marine Le Pen. Invitée de BFMTV en parallèle de la conférence de presse d'Emmanuel Macron ce mardi soir, la présidente du Rassemblement national a d'abord fait dans l'ironie:

"C'est bien de voter Rassemblement national. (...) Ça oblige, en réalité, Emmanuel Macron à s'intéresser à la situation, qui est catastrophique, de l'île de Mayotte."

Être plus ferme vis-à-vis des Comores

Pointant du doigt l'absence de "fermeté" de la part du président de la République vis-à-vis du gouvernement des Comores, la députée du Pas-de-Calais lui a reproché de "vider la mer avec une petite cuillère". 

"Je prendrais l'argent que l'on donne aux Comores et je le donnerais aux Mahorais, (...) pour, précisément, arrêter cette immigration clandestine. Oui, il faut supprimer le droit du sol. (...) L'idée même que l'on puisse, par le simple fait d'accoucher sur le territoire, être régularisé, est irrépressible."

Marine Le Pen exige entre autres une profonde réforme du droit d'asile. Il doit être, selon elle, demandé "dans les ambassades et les consulats dans n'importe quel pays du monde". "Il sera traité à l'étranger et lorsqu'on vous dira 'oui', alors vous pourrez rejoindre le territoire national", prévient-elle, sans toutefois préciser comment les étrangers éligibles au droit d'asile (à savoir, contraints de fuir leur pays pour des raisons politiques) pourraient physiquement se rendre, dans les cas les plus compliqués, dans l'ambassade d'un pays voisin. 

L'immigration "aggravée" par Macron

Interrogée sur l'approche globale d'Emmanuel Macron sur le sujet de l'immigration, l'élue du Pas-de-Calais a déclaré ne rien attendre de sa part. "Il faut des actes courageux. (...) Depuis deux ans et demi qu'il est au pouvoir, il n'a rien fait en matière d'immigration, (...) il l'a aggravée", a accusé Marine Le Pen, assimilant le phénomène dit des "mineurs isolés" à un appel d'air pour de futures arrivées illégales sur le sol français. 

"Je n'attends absolument rien d'Emmanuel Macron. Moi j'ai entendu ses discours de campagne. Moi je me souviens du discours de Marseille (celui du 1er avril 2017, NDLR). Moi je sais que c'est un homme qui considère que l'immigration est utile pour l'économie, parce que ça permet d'avoir des gens à bas coût."

Et la présidente du RN de fustiger dans la foulée le patronat français, coupable selon elle de vouloir ouvrir "une nouvelle filière d'immigration": 

"Ça s'appelle la privatisation des profits - eux, ils sont contents, ils ont de la main d'œuvre à bas coût -, mais après, il y a la (socialisation) des risques, car c'est la société qui prend en charge, (...) et la société française ne peut plus le faire."

Jules Pecnard