BFMTV
Élysée

Hollande et les chefs de la majorité: un dîner stratégique

François Hollande s'est donné pour mission de réussir à rassembler la majorité avant les prochaines élections.

François Hollande s'est donné pour mission de réussir à rassembler la majorité avant les prochaines élections. - -

François Hollande dîne lundi à l’Élysée avec les chefs de partis de la majorité, avec pour difficile objectif de ramener entre eux une cohésion avant les élections de 2014.

C'est une première dans son quinquennat. Lundi soir, François Hollande invite les chefs de partis de la majorité à dîner à l'Elysée. Alors qu'il avait promis de ne jamais se poser en chef de la majorité, le président a pris conscience des liens qui unissent son destin et celui de la gauche, alors que la majorité absolue à l'Assemblée nationale ne tient plus qu'à trois sièges.

L'objectif est donc clair: le chef de l'Etat veut à tout prix resserrer les liens à l'heure où le bateau vacille, alourdi par de nombreuses discordes, avant de périlleuses élections l'an prochain. Explications.

> Une majorité longtemps sans chef

Il l'avait juré lors de l'entre-deux tours: "Moi président, je ne serai pas le chef de la majorité". Une pique directe à son prédecesseur, Nicolas Sarkozy, et une promesse tenue durant la première année du quinquennat.

Résultat? La cohésion entre les différents partis a souvent fait défaut ces derniers mois. François Hollande a donc décidé de changer de cap. Lundi soir, à table, il dînera en son palais en compagnie d'Harlem Désir (Parti socialiste), Jean-Michel Baylet (Parti radical de gauche), Pascal Durand (Europe Ecologie Les Verts), Robert Hue (Mouvement unitaire progressiste), et Jean-Luc Laurent (Mouvement républicain et citoyen).

> Des liens de plus en plus flottants

Un an après son élection, et alors que la crise perdure, des doutes ne cessent d'agiter la majorité, y compris au sein du PS où l'aile gauche réclame un changement de politique.

Régulièrement, les Verts haussent le ton, demandent des gages sur la transition écologique et menacent de quitter le gouvernement. Le récent limogeage de Delphine Batho du ministère de l'Ecologie, alors qu'elle contestait les coupes budgétaires dans son portefeuille, a achevé de déterrer la hache de guerre.

Les Radicaux de gauche, eux, se sont rebiffés contre l'interdiction du cumul des mandats, avec plus d'éclat au Sénat -où ils pèsent davantage- qu'à l'Assemblée, et ont également haussé le ton contre la transparence financière, dénonçant "une forme de voyeurisme profitant au Front national".

A cela s'ajoute la succession d'échecs d'électoraux depuis un an -huit au total, dont deux avec élimination du candidat PS dès le premier tour-, qui ne laisse rien augurer de bon pour la majorité aux municipales et aux européennes de 2014.

> Une restructuration urgente

Finie l'époque où François Mitterrand pouvait, comme en 1993, dire à sa majorité: "Je crois que vous, les socialistes, allez perdre les élections législatives." Aujourd'hui, "les sorts du président et de la majorité sont communs", a reconnu jeudi devant la presse le chef de l'Etat. "On est liés."

Pour les municipales, "François Hollande estime donc qu'il faut un rassemblement au premier tour pour faire le score le plus haut possible", explique un ministre. D'où, poursuit-il, l'importance de structurer la majorité. "De positiviser, de construire de manière collective", ajoute Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et un de ses plus fidèles.

Officiellement, le dîner de lundi soir doit permettre de revenir sur l'année écoulée, et de préparer la rentrée. Mais en réalité, il n'a qu'un seul objectif: reconstruire une majorité solidaire.

Alexandra Gonzalez