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Au Bourget, Emmanuel Macron défend une "sobriété écologique raisonnable et non punitive"

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Le président a refusé d'opposer un "modèle social exigeant" et "le climat", appelant à "faire les deux en même temps", lors de sa visite au salon du Bourget. Emmanuel Macron juge qu'il "ne peut pas y avoir de recommandation" en matière de trafic aérien alors que le réchauffement climatique s'accélère.

Une sortie en plein débat sur l'avenir de l'aviation. En visite au Salon de l'aéronautique au Bourget ce lundi, Emmanuel Macron a défendu un modèle économique et social basé sur l'"innovation" et la "stratégie industrielle" afin d'atteindre une sobriété écologique "raisonnable", "transparente" et "non punitive", contre un modèle où il faudrait "renoncer à la croissance".

"La sobriété bien organisée, si je puis dire 'non punitive', comprise par tous, partagée par tous, raisonnable, qui fait qu'on fait chacun des efforts (...), elle est bonne", a jugé le président au micro de BFMTV.

"Celle qui consiste à dire 'il faut tout arrêter en quelque sorte et il faut renoncer à la croissance', je ne la crois pas raisonnable", a-t-il complété, défendant la "création de richesses" qui permet de "financer l'innovation dont vous avez besoin pour décarboner".

"Ne pas choisir entre modèle social" et "climat"

"On ne peut pas demander aux gens de choisir entre un modèle social exigeant et le climat. Il faut faire les deux en même temps", a encore ajouté Emmanuel Macron.

Soutenu largement par l'État pendant la pandémie de Covid-19 puis par le plan France 2030, le secteur aérien, qui contribue à 3% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde chaque année, veut croire possible d'atteindre la neutralité carbone dans les prochaines décennies. Si les technologies semblent de plus en plus efficientes, l'avion électrique n'est pas pour demain et demeure inenvisageable pour les vols commerciaux à cause du poids des batteries.

"Il ne peut pas y avoir de recommandations de l'État"

Mais la réalité du réchauffement climatique est implacable: l'Europe s'est réchauffée de 2,3 degrés par rapport à l'ère pré-industrielle (1850-1900), ont annoncé ce lundi l'ONU et le programme Copernicus. Ces données confirment la surchauffe du continent à un rythme deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, qui alimente canicules et sécheresses exceptionnelles.

De quoi pousser les activistes pour le climat à plaider pour une limitation des vols par personne et/ou des restrictions sur le secteur aérien. Le député écologiste Julien Bayou défend de son côté l'interdiction des jets privés, dont l'usage est en très forte augmentation ces dernières années.

"Il ne peut y avoir des recommandations de l’État (en la matière) parce que moi jene souhaite pas vivre dans un pays où l’État vous dit ce que vous devez faire à chaque seconde", leur a répondu à distance le locataire de l'Élysée.

Des vols intérieurs de moins de 2h30 en partie interdits

Le secteur aéronautique veut croire, lui, dans l'avenir de l'avion à hydrogène. Mais ses limites sont très nombreuses, à commencer par le fait qu'il est actuellement produit à partir de gaz naturel fossile.

Quant aux SAF (les "sustainable aviation fuel" en anglais soit "carburants durables d’aviation") sur lesquels misent beaucoup les transporteurs ariens, ils sont loin d'être une solution miracle. Une partie d'entre eux proviennent des biocarburants, responsables en partie de la déforestation. Ceux appelés carburants synthétiques par les industriels ne dégagent quant à eux pas de CO2 mais d'autres polluants.

Les vols intérieurs sont désormais interdits en France lorsqu'un trajet en train de moins de 2h30 est possible. Mais les associations pour le climat dénoncent de nombreuses exceptions: cette règle ne concerne pas par exemple par les vols en correspondance et de nombreuses liaisons aériennes restent maintenues comme Lyon-Paris Charles de Gaulle ou encore Orly-Bordeaux.

Marie-Pierre Bourgeois