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Avion électrique: la compagnie SAS ouvre les réservations pour son premier vol prévu en... 2028

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La compagnie scandinave prévoit trois vols inauguraux en Suède, au Danemark et en Norvège. 90 places sont mises en vente.

"Un nouveau chapitre de l’histoire de l’aviation". Ce vendredi 2 juin, la compagnie scandinave SAS ouvrira les réservations pour ses trois premiers vols commerciaux en avion électrique en Suède, en Norvège et au Danemark. 90 billets (30 par vol) seront mis en vente pour monter à bord du futur ES-30 de la start-up suédoise Heart Aerospace. Il faudra toutefois prendre son mal en patience puisque ces vols inauguraux ne sont pas prévus avant… 2028.

"Depuis sa création en 1946, SAS a été l’un des pionniers de l’industrie du transport aérien, en étant par exemple le premier opérateur aérien commercial à survoler le pôle Nord pour réduire considérablement le temps de vol entre les continents. (…) Le fait que nous puissions désormais inviter nos passagers à la prochaine étape majeure de l’avenir de l’aviation est dans la continuité de cet esprit pionnier et une étape importante sur notre chemin vers une aviation plus durable", a déclaré Anko van der Werff, PDG de SAS.

Chaque voyageur désireux de prendre part au premier vol électrique de SAS pourra réserver deux sièges maximum. Le prix du billet a été fixé à 1946 couronnes suédoises, danoises ou norvégiennes (entre 160 et 260 euros), clin d’œil à l’année de création de la compagnie aérienne.

L'avion électrique, une alternative crédible?

Dans la course à la décarbonation, SAS s’est fixé l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050. Une "partie importante" de son action pour y parvenir "consiste à développer et à utiliser des innovations technologiques telles que les avions électriques sur des trajets plus courts". Et pour cause, si l’avion électrique peut constituer à l’avenir une alternative viable pour les vols régionaux de petite capacité, son développement ne permettra pas de décarboner les gros porteurs effectuant des vols long-courriers en raison de la puissance trop faible des batteries, comme l'expliquait dès 2019 l'ancien directeur général de Safran, Philippe Petitcolin:

"Sur ce type d'avions et de distances, il y aura certes de l'hybridation avec de l'électricité qui arrivera aux moteurs thermiques, mais remplacer des moteurs thermiques par des moteurs électriques, il faut oublier. Nous avons été bernés par ce qui se passe dans le secteur automobile, mais la batterie électrique ne répond pas aux demandes de l'aviation commerciale".

Auprès de L’Usine Nouvelle en novembre, l’actuel patron de Safran, Olivier Andriès, émettait quant à lui des réserves sur l’avion à hydrogène, "une solution séduisante" mais qui ne devrait pas permettre d’atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050 en raison "des challenges techniques et d’écosystèmes considérables". Par ailleurs, cette alternative ne serait pas non plus adaptée aux long-courriers, qui représentent plus de la moitié des émissions du secteur, mais uniquement à "l’aviation régionale, avec 1000 à 1500 km de rayon d’action", estimait le dirigeant.

Restent les carburants de synthèse qui représentent aujourd’hui l’alternative la plus crédible. Leur principal inconvénient est toutefois d’être environ trois fois plus chers que le kérosène et "je pense que nous n’atteindrons jamais le prix" des carburants classiques, a prévenu le directeur général de Boeing, David Calhoun, la semaine dernière.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco