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Une ONG pointe l'inaction de nombreuses grandes entreprises, certaines françaises, contre la déforestation

Vue aérienne d'une zone de déforestation de l'Amazonie, le 15 septembre 2021 à Labrea, au Brésil

Vue aérienne d'une zone de déforestation de l'Amazonie, le 15 septembre 2021 à Labrea, au Brésil - MAURO PIMENTEL © 2019 AFP

Les groupes agroalimentaires français Savencia et Fleury Michon, le Crédit Mutuel et le groupe BPCE sont épinglés par l'ONG Global Canopy, qui rèvle que de nombreuses entreprises n'ont pas de stratégie claire sur la déforestation.

De nombreuses grandes entreprises et institutions financières qui contribuent, directement ou indirectement, à la déforestation n'ont pas de politique pour protéger les forêts, a alerté mercredi une ONG, pointant le "terrible" retard du secteur financier.

Au total, 40% de 500 entreprises sélectionnées pour être "les plus à risque d'accélérer la déforestation" n'ont "aucune politique" dans ce domaine, explique Global Canopy.

Parmi les 200 entreprises n'ayant pas de stratégie claire sur la déforestation: le mastodonte de l'automobile Volkswagen et le géant allemand des chaussures Deichmann, ainsi que les groupes agroalimentaires français Savencia et Fleury Michon.

Savencia, concerné à travers son utilisation du soja et de l'huile de palme, explique n'acheter "que de l'huile de palme durable" et "s'engage à favoriser les actions collectives menées contre la déforestation liée à la production de soja en Amérique du Sud".

De nombreuses institutions financières

Le rapport annuel s'intéresse à 350 entreprises consommatrices de matières premières liées à la déforestation (bois, huile de palme, boeuf, cuir, papier...) et aux 150 banques et fonds qui les financent.

L'étude intervient deux mois après un accord adopté par plus de 190 Etats sous l'égide de l'ONU pour tenter d'enrayer la destruction de la biodiversité, indispensable à l'humanité.

Ce "pacte de paix avec la nature", appelé "accord de Kunming-Montréal", vise à protéger 30% de la planète d'ici 2030 et à porter à 30 milliards de dollars l'aide annuelle pour la biodiversité dans les pays en développement.

"En finir avec la déforestation tropicale est crucial pour atteindre les objectifs mondiaux" de protection du climat et de la nature, a commenté Niki Mardas, directeur exécutif de Global Canopy, dans un communiqué.

Du côté des institutions financières, 92 sur 150 n'ont aucune politique pour limiter la déforestation, dont les plus grands fonds d'investissement du monde. En France, Global Canopy épingle notamment le Crédit Mutuel et le groupe BPCE.

Au total, les institutions financières scrutées par Global Canopy ont financé à hauteur de 527 milliards de dollars des entreprises sans aucune politique concernant la déforestation.

Un espoir en 2023?

Une centaine d'entreprises, dont Danone, LVMH et Unilever, ont défini des politiques pour endiguer la déforestation pour l'ensemble des matières premières à risque, selon Global Canopy.

Mais "seulement la moitié surveille activement" les fournisseurs et les régions concernés, relève l'ONG, dont le rapport relève toutefois "l'espoir de progrès". "Les entreprises n'ont jamais eu de meilleures données, d'outils et de lignes directrices pour les aider à éliminer la déforestation", note Global Canopy.

"2023 est vraiment la meilleure année pour agir sur la déforestation", a expliqué à l'AFP Emma Thomson, autrice principale de l'étude. "Si les entreprises et institutions financières agissent, cela pourrait avoir un grand impact sur la crise climatique et naturelle."

A.G avec AFP