COP15 sur la biodiversité: ce qu'il faut savoir sur le projet d'accord présenté par la Chine

La COP 15 au Palais des Congrès de Montréal (Canada), 16 décembre 2022 - LARS HAGBERG / AFP
L'objectif de protéger 30% de la planète a été retenu par la présidence chinoise de la COP15 dans le compromis qu'elle a soumis dimanche aux négociateurs, proposant par ailleurs d'atteindre au moins 20 milliards de dollars d'aide annuelle des pays riches pour appliquer l'accord biodiversité.
"Ce n'est pas un document parfait, pas un document qui satisfera tout le monde mais c'est un document basé sur les efforts de tous depuis quatre ans, un document qui doit être adopté", avait lancé samedi à ses homologues le ministre chinois de l'Environnement Huang Runqiu.
Sur la base du texte de la présidence, les pays doivent approuver d'ici lundi "l'accord de Kunming-Montreal", feuille de route cruciale pour stopper la destruction de la nature et de ses ressources indispensables à l'humanité d'ici la fin de la décennie. Selon les scientifiques, plus d'un million d'espèces sont en effet menacées de disparition.
Protéger 30% de la planète
L'objectif de protéger 30% des terres et des mers de la planète d'ici 2030, annoncé comme le point phare des négociations de l'ONU sur la biodiversité, figure dans le projet d'accord, présenté dimanche par la Chine, présidente du sommet. A ce jour, 17% des terres et 8% des mers sont protégées.
Si l'accord est ratifié par les autres pays ce lundi, l'humanité prendrait "le plus grand engagement de l'histoire en faveur de la conservation des océans et des terres", s'est félicité Brian O'Donnell, directeur de l'ONG Campaign for nature.
"Une conservation à cette échelle donne une chance à la nature. S'il est approuvé, les perspectives pour les léopards, les papillons, les tortues de mer, les forêts et les populations s'amélioreront nettement", a-t-il réagi.
Cet objectif, un minimum pour les scientifiques qui plaident pour au moins 50% de protection de la planète, a été présenté comme l'équivalent pour la biodiversité de l'objectif de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
Des garanties pour les peuples autochtones, gardiens de 80% de la biodiversité subsistante sur Terre, sont aussi présentes dans le texte, autres enjeux du sommet.
20 milliards de dollars annuels
Pour tenter de résoudre la question financière toujours brûlante entre le Nord et le Sud, la Chine propose d'atteindre "au moins 20 milliards de dollars" d'aide internationale annuelle pour la biodiversité d'ici 2025 et "au moins 30 milliards d'ici 2030", selon le projet d'accord dévoilé dimanche.
En échange de leurs efforts, les pays les moins développés réclament aux pays riches 100 milliards de dollars par an. Soit au moins dix fois l'aide internationale actuelle pour la biodiversité.
Une nouvelle session plénière est prévue dimanche soir, après une journée qui sera marquée de nouveau par d'intenses négociations à huis clos.
Branche dédiée à la biodiversité au FEM
Les pays du Sud poussent aussi fortement à la création d'un nouveau fonds mondial distinct dédié à la biodiversité, à l'image de celui obtenu en novembre à la COP27 en Egypte pour les aider à affronter les dégâts climatiques.
Sur ce point, la Chine propose un compromis: établir dès 2023 une branche dédiée à la biodiversité au sein de l'actuel Fonds mondial pour l'environnement (FEM), dont le fonctionnement actuel est jugé déficient par les pays les moins développés.