Dérèglement climatique: comment limiter le réchauffement à 1,5 degré?

Pour contribuer à la protection de l'environnement, chacun peut essayer de modifier ses habitudes de transports - GUILLAUME SOUVANT / AFP
Demain, il sera trop tard. Le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) a publié ce lundi un rapport alarmant sur le réchauffement climatique, qui devrait "atteindre 1,5 degré entre 2030 et 2052". Pour enrayer ce phénomène avant que le pire ne se produise, les experts climat de l'ONU somment les Etats à engager des transitions "rapides" et "sans précédent", englobant l'énergie, les industries et les infrastructures.
Et les actions mises en oeuvre par chaque pays devront aller au-delà des directives de l’accord de Paris. Car même si chaque Etat respecte ses engagements, la planète se réchauffera de 3 degrés d’ici la fin du siècle. Alors quelles solutions mettre en oeuvre, aussi bien au niveau global qu'au niveau individuel, pour éviter ce cataclysme?
Miser sur les énergies renouvelables
Pour le Giec, il est indispensable de baisser drastiquement les émissions de CO2 d'ici 2020. Dans un premier temps, il faut les décroître de 45% par rapport à leur niveau de 2010, avant d'atteindre vers 2050 une "neutralité carbone". Ce qui signifie, arrêter de mettre dans l'atmosphère plus de CO2 que l'on ne peut en retirer. Concrètement, il faudrait à partir de là ne garder plus que les "émissions résiduelles" pour les secteurs qui ne peuvent pas s'en passer, comme l'aviation par exemple, et pomper ce surplus de CO2.
Les autres gaz à effets de serre comme le méthane ou l'hydrofluorocarbure devront eux aussi être réduits, mais ne sont pas aussi prioritaires que le CO2 car ils sont moins persistants. Il faut donc dès à présent commencer à baisser les émissions de gaz à effets de serre, qui sont liées pour les trois quarts à l’utilisation des énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz).
"Il faut agir très vite, c’est la dernière chance", alerte Jean-Louis Caffier, consultant environnement BFMTV. "Si on n’attaque pas le problème dès maintenant on va vers une hausse des températures qui sera difficilement gérable. A 2 degrés de hausse, on ne sait plus comment on assure les biens et les personnes avec les phénomènes qui vont accompagner une hausse de cette importance".
Les énergies fossiles devront rapidement laisser leur place aux énergies renouvelables, bien moins polluantes et déjà employées dans de nombreux pays, mais à trop faible échelle. Pour rester à 1,5 degré, ces énergies renouvelables devront passer de 20% à 70% de la production électrique au milieu du siècle. En même temps, la part du charbon devra être réduite à poussière, la demande d'énergie devra baisser, et l'efficacité énergétique croître.
Revoir la politique des transports
Selon le rapport publié par le Giec, les transports devront majoritairement passer aux énergies bas carbone dans les années à venir pour conserver un réchauffement climatique à 1,5 degré. Le groupe d'experts préconise un passage à 35-65% en 2050, contre moins de 5% en 2020.
Des politiques radicales devront alors être mises en place pour interdire les voitures polluantes. Déjà en service dans de nombreuses régions, les véhicules électriques devront remplacer les véhicule essence et diesel le plus rapidement possible.
Pour donner un ordre d'idée, les transports (de marchandises et de voyageurs) représentent un tiers de la consommation totale d'énergie en France.
Rénover les logements
C'est un effort à faire au niveau de la collectivité, mais également au niveau individuel. L'isolation des logements est un autre point essentiel pour lutter contre l'émission de gaz à effet de serre. Dans ce sens, le gouvernement a présenté en avril dernier son plan pour la rénovation énergétique des bâtiments, qui prévoit la rénovation de 500.000 logements par an pour limiter leur consommation énergétique.
Sans grande surprise, d'après un rapport du Ministère du Développement Durable datant de 2015, plus les logements sont récents, plus le niveau de consommation d'énergie est faible. Si sa propre habitation n'est pas concernée par des aides l'Etat ou de sa collectivité, un particulier peut lui-même essayer d'isoler son logement en effectuant des travaux. Isoler les murs, les plafonds et bien choisir ses fenêtres permet de réduire les déperditions thermiques (pertes de chaleur), et donc l'énergie.
D'un point de vue individuel une nouvelle fois, pour limiter la consommation d'énergie en fonction de son logement, il est plus que recommandé de choisir une habitation à la taille du nombre d'habitants. Ainsi, mieux vaut éviter un appartement trois pièces pour une personne seule, ou encore une grande maison pour deux. Par ailleurs, les immeubles collectifs sont moins gourmands en énergie que les maisons individuelles.
Réduire sa consommation d'énergie au quotidien
Si les grandes mesures doivent être impulsées par les décideurs politiques et économiques, chaque individu peut agir à son niveau au quotidien. Comme l'explique Cécile Duflot, directrice d'Oxfam France, au micro de BFMTV, "c'est une action individuelle de chacun et chacune d’entre nous".
"Changer nos modes de déplacement, changer nos modes d’alimentation, arrêter de jeter de la nourriture tout simplement", aiguille l'ancienne ministre de l'Égalité des territoires et du Logement. "Le gaspillage alimentaire est l'une des causes principales d’émissions de gaz à effets de serre, arrêter de jeter serait donc un moyen efficace pour lutter contre ces émissions".
L'objectif serait donc au niveau individuel de parvenir à réduire au maximum sa consommation énergétique. Chacun peut, au premier niveau, modifier ses habitudes de transports. Ainsi, pour un petit trajet, mieux vaut privilégier la marche ou les transports en commun, plutôt que la voiture ou la moto. Pour un voyage au niveau national, il est recommandé de prendre le train, plutôt que l'avion.
En ce qui concerne l'alimentation, cap sur les fruits et légumes de saison, qui demandent moins d'énergie pour être produits. Il faudrait également privilégier les produits locaux, qui nécessitent un transport moins riche en émissions de gaz à effet de serre, contrairement à un produit qui viendrait d'un autre pays et nécessiterait un transport en avion par exemple. Il est également important de trier ses déchets, pour entre autres favoriser le recyclage.
Il est également important pour l'environnement de réduire sa consommation d'eau, en prenant une douche au lieu d'un bain, en pensant bien à refermer le robinet, ou encore en optant pour une chasse d'eau économique. Dans un même esprit, chacun peut réduire sa consommation électrique, en éteignant à chaque fois ses appareils au lieu de les laisser en veille, en réduisant le chauffage, ou encore en s'équipant d'appareils économes en énergie.
Des petits gestes simples qui pourraient protéger la planète du déclin. "C’est une sorte d’union sacrée pour l’avenir de l’humanité qu’il faut mettre en oeuvre" entre décideurs politiques, économiques et particuliers, résume Cécile Duflot.