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En Seine-et-Marne, les feux de récoltes peuvent "faire partir en fumée le revenu de toute une année"

Les images satellites analysées par les sapeurs-pompiers de Seine-et-Marne permettent de décompter près de 200 hectares de cultures détruites par les flammes cet été.

Les images satellites analysées par les sapeurs-pompiers de Seine-et-Marne permettent de décompter près de 200 hectares de cultures détruites par les flammes cet été. - Photo par BERTRAND GUAY / AFP

Les incendies de récoltes sont de plus en plus fréquents en Seine-et-Marne. Selon les pompiers, au même titre que les feux de forêts dans le sud de la France, ce phénomène est un indicateur du réchauffement climatique.

Des parcelles agricoles vues du ciel, complètement carbonisées: à l'heure du bilan saisonnier, les images satellites analysées par les sapeurs-pompiers de Seine-et-Marne permettent de décompter près de 200 hectares de cultures détruites par les flammes cet été.

"Dans le sud de la France, on voit que les feux de forêt sont de plus en plus intenses. Chez nous, l'indicateur du réchauffement climatique, c'est les feux de récoltes", explique le commandant Tanguy Bannier, référent adjoint en charge des feux agricoles au Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) de Seine-et-Marne. Ces incendies accidentels, qui se déclenchent sur des surfaces cultivées pendant les périodes de moissons, sont "liés à l'activité de l'agriculteur dans le champ", explique-t-il.

"L'arrivée de la moisson fait rentrer des machines dans les parcelles, machines qui génèrent des incendies de par leur fonctionnement (...) soit via un contact avec les pierres qui crée une étincelle, soit à cause de leur mécanique qui peut générer des feux", précise-t-il. La météo est aussi un facteur essentiel dans les départs d'incendies: "plus il fait chaud et sec, plus le risque est important", résume le commandant.

Jusqu'alors événements considérés comme exceptionnels et moins pris en compte dans les protocoles que les feux de forêts, les incendies de récoltes sont devenus depuis quelques années monnaie courante dans ce territoire agricole, qui compte près de 300.000 hectares de cultures.

Les agriculteurs savent réagir

En 2021, une convention a ainsi été signée par plusieurs acteurs du département, dont le SDIS, la préfecture et les syndicats agricoles pour prévenir et coordonner la lutte contre les feux de récoltes, en impliquant notamment les agriculteurs. Syndicats et pompiers étaient réunis jeudi pour discuter du bilan de la saison.

"L'un des éléments les plus efficaces pour lutter contre les incendies en milieu agricole, c'est l'intervention mécanique des tracteurs et des déchaumeuses qui procèdent à des coupe-feu pour éviter la propagation, à la fois dans nos parcelles, mais aussi et surtout aux maisons riveraines", assure Pascal Verrièle, secrétaire général de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) de Seine-et-Marne.

Désormais, la plupart des agriculteurs du département savent réagir en cas de départ d'incendie dans leurs champs: "il y a même eu des cas où les feux étaient déjà éteints quand les pompiers sont arrivés", se targue le représentant syndical à l'issue de la réunion. Des réflexes qui ont selon lui permis de sauver des hectares de parcelles, et donc d'éviter de lourdes pertes économiques pour les agriculteurs.

Car ce type d'incendie peut "faire partir en fumée le revenu de toute une année", souligne l'agriculteur. Il rappelle que "les conséquences économiques (sont) aussi pour toute la filière, car ce sont des volumes qui ne sont pas récoltés, donc qui ne rentrent pas dans la filière de transformation".

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"Il n'existe pas d'étude de référence évaluant le coût spécifique d'un incendie par hectare en zone agricole, bien que l'occurrence des incendies soit en augmentation et que leur impact économique devienne de plus en plus significatif", indique un rapport financé par le ministère de la Transition écologique et publié en juillet 2025.

L'étude rappelle que la lutte contre les incendies à l'échelle nationale "ne doit pas se limiter aux forêts, mais doit englober (...) les zones agricoles" qui "dans les années à venir, deviendront de plus en plus vulnérables aux incendies".

Amélie Com avec AFP