Sondage présidentielle 2027: le RN loin devant, les macronistes au 2nd tour, Glucksmann favorisé dans une gauche dispersée

En vue de l'élection présidentielle de 2027, une unique certitude se dégage: le Rassemblement national, peu importe par qui il sera représenté, a des chances considérables d'être propulsé largement en tête du premier tour. C'est l'un des enseignements d'un sondage Elabe pour BFMTV-La Tribune Dimanche publié ce samedi 5 avril. Candidats à gauche, au centre, à droite ou à l'extrême droite: qui a le plus de chances à deux ans du coup d'envoi?
• Marine Le Pen et Jordan Bardella portent le RN à plus de 30% d'intentions de vote
Ce lundi, la justice a condamné Marine Le Pen pour détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants parlementaires du Front national, devenu Rassemblement national. Une peine de quatre ans de prison dont deux fermes a été prononcé, ainsi qu'une inéligibilité de cinq ans avec application immédiate. Ce qui pourrait l'empêcher de se présenter à l'élection présidentielle. Un revers pour le RN?
Pas forcément. Selon l'enquête d'opinion menée par Elabe, si le 1er tour de l’élection présidentielle avait lieu ce dimanche, "les deux personnalités du Rassemblement national obtiendraient un score d’intention de vote très proche – 32%-36% (selon la configuration) pour Marine Le Pen et 31%-35.5% pour Jordan Bardella".
Dans les deux cas, le Rassemblement national se trouverait en tête, avec plus de cinq points d'avance sur ses concurrents de gauche et de droite, dans l'ensemble des six scénarios envisagés. Des scores qui sont à relativiser avec tant d'avance sur le scrutin, et en fonction des effets des rendez-vous judiciaires, notamment le nouveau procès en appel de la cheffe des députés du RN.
• Les macronistes au 2nd tour? Avantage pour Édouard Philippe devant Gabriel Attal
Qui prendra la suite d'Emmanuel Macron, figure centrale du "macronisme" depuis son élection en 2017? Elabe juge que le parti se classe en deuxième position dans les intentions de vote, avec deux candidats hypothétiques qui "devanceraient les candidats de gauche et de droite".
Dans le détail, c'est Édouard Philippe, ancien Premier ministre et maire du Havre, qui obtient le plus d'intentions de vote (20,5%-24%), devant l'autre ancien Premier ministre Gabriel Attal (18%). Leurs électeurs type: les cadres, les retraités, les résidents d'Île-de-France et "les électeurs qui bouclent leurs fins de mois sans avoir à se restreindre".
"Édouard Philippe bénéficierait de meilleurs reports de voix des électeurs du camp présidentiel (7 sur 10) et de droite (4 sur 10) que Gabriel Attal (6 sur 10 et 2 sur 10)", récapitule l'institut de sondage.
• Bruno Retailleau peut espérer deux fois plus de votes que Laurent Wauquiez
Alors que la "guerre des chefs" fait rage pour diriger la droite, l'étude d'opinion montre que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau dispose d'un meilleur réservoir de voix que le Président du groupe La Droite républicaine à l'Assemblée nationale, Laurent Wauquiez.
"Bruno Retailleau est crédité de 8%-10% des intentions de vote exprimées, 4.5% pour Laurent Wauquiez", chiffre Elabe.
Ce scénario est toutefois celui de candidatures solitaires, alors que l'hypothèse d'une primaire allant de la gauche du camp présidentiel jusqu'à Bruno Retailleau est envisageable et envisagée. Cette alliance éviterait d'éparpiller certaines voix entre le centre et la droite, le ministre de l'Intérieur pourrait par exemple emporter jusqu'à 15% des voix des électeurs d'Ensemble dans le cas contraire.
• Raphaël Glucksmann en tête devant Jean-Luc Mélenchon dans une gauche constellée
Sans union, la gauche ne risque pas d'atteindre le second tour de l'élection présidentielle, après avoir remporté les législatives grâce à une alliance. Le sondage partagé ce samedi ne dégage pas de leader clair et puissant que ce soit chez les modérés ou les plus radicaux.
Le premier sur le podium de la gauche serait Raphaël Glucksmann. L'eurodéputé peut espérer rallier à lui 10,5% des votes, devant Jean-Luc Mélenchon (9.5% à 11% en fonction du panel d'autres candidats en lice).
Du côté des autres composantes du Nouveau Front populaire, Marine Tondelier pourrait obtenir dans une candidature solitaire 3,5 à 6% des voix, au coude-à-coude avec Fabien Roussel (4,5 à 6%). D'autres candidatures avoisinent des scores similaires, dont l'ancien président François Hollande ou l'actuel patron du PS Olivier Faure.
"Le vote des électeurs de gauche est très dispersé : 1 électeur du NFP sur 3 voterait pour Jean-Luc Mélenchon, 1 sur 4 pour Raphaël Glucksmann, et moins d’1 sur 5 pour les autres candidats testés", selon l'étude d'opinion.
À noter que Raphaël Glucksmann est le seul candidat étiqueté à gauche avec suffisamment de proximité avec le centre droit pour recueillir des voix du camp présidentiel, avec 15% d'électeurs d'Ensemble susceptibles de soutenir cette candidature.
• Dominique de Villepin et Éric Zemmour sous la barre des 5%
Sauf retournement de situation - ce qui peut se produire en l'espace de deux ans - plusieurs candidats hypothétiques sont déjà rayés de la course. Le président de Reconquête, Eric Zemmour, pourrait dans la fourchette haute espérer glaner 5% des voix, mais aussi ne pas atteindre ce pallier qui permet de rembourser les dépenses de campagne.
Autre hypothèse sans entrain à ce stade: l'entrée en campagne de l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, revenu sur le devant de la scène avec notamment des positions propalestiniennes dans le conflit entre Israël et le Hamas. Celui qui a confié le 26 mars ne pas être "obsédé par la présidentielle de 2027" n'est pas non plus l'objet de l'obsession des électeurs, ceux-ci lui attribuant entre 2,5% et 5% selon les configurations.
Méthodologie et marge d'erreur:
Échantillon de 1.533 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus, dont 1.413 inscrits sur les listes électorales. Interrogation par Internet du 2 au 4 avril 2025. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge, catégorie socio-professionnelle, région de résidence et catégorie d’agglomération.
Pour les questions d’intention de vote, seules les personnes inscrites sur les listes électorales et ayant l’intention d’aller voter sont prises en compte.
Marge d’erreur comprise entre 1,4 et 3,1 points de pourcentage.