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Présidentielle

Ralliements, espionnage... Zemmour et Le Pen pourront-ils se mettre d'accord au soir du premier tour?

(photo d'illustration)

(photo d'illustration) - Montage BFMTV-AFP (Joël Saget et Christophe Archambault)

Alors que les deux candidats sont dans un mouchoir de poche dans les sondages et que le départ de cadres du RN pour Reconquête empoisonne la campagne à l'extrême droite, la question d'un accord au second tour se pose.

Se disputer par équipe interposée tout en sachant se réconcilier le moment venu. Après une série de ralliements de cadres du RN à Éric Zemmour, les tensions sont encore montées d'un cran entre les deux équipes. Alors que les anathèmes ont volé entre le député européen Nicolas Bay et le RN, dont il vient d'être exclu, certains pensent déjà à l'après-premier tour.

A l'instar de Robert Ménard, le maire de Béziers qui a tenté en septembre dernier, sans succès, d'organiser une rencontre entre Marine Le Pen et le patron de Reconquête.

"Il va falloir, pour ce camp de la droite de la droite, se retrouver au lendemain du 10 avril. Il faudra bien qu'ils se mettent d'accord pour le deuxième tour", avance ce mercredi matin l'édile sur France info.

Des propos qui ne laissent pas augurer d'une alliance

Un accord de second tour entre les candidats est-il vraiment possible? Si les deux se connaissent, ils n'ont jamais entretenu de relations particulièrement fortes avant l'entrée en campagne de l'ancien journaliste du Figaro.

Depuis le mois de septembre, il ne cesse d'ailleurs de critiquer la candidate. Morceaux choisis: "tout le monde sait qu'elle ne peut gagner" lance-t-il sur BFMTV en septembre, "l'Arlette Laguiller de la droite", juge encore le sexagénaire sur notre antenne en janvier.

Un temps tentée de ne pas lui répondre, Marine Le Pen rend désormais coup pour coup. Après l'avoir qualifié de "marchepied pour Valérie Pécresse" sur BFMTV, elle l'estime incapable de "formuler une proposition qui ne soit pas une division" dans les colonnes du Figaro.

Une main tendue pour Le Pen, un non ferme pour Zemmour

Une éventuelle réconciliation serait pourtant possible suivant la dynamique de chaque candidat, avance Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite.

"Du côté de Marine et du RN, on garde en tête qu'au niveau des électeurs, les positions ne sont pas si différentes entre l'électorat d'Éric Zemmour et le leur. Je l'imagine appeller à voter pour lui si elle n'est pas au second tour", juge l'historien pour BFMTV.com.

"Ils n'ont qu'un objectif: nous saboter. Ils ne pensent qu'à 2027. Quand il y a le feu, on appelle les pompiers maintenant et pas dans 5 ans", nous assure de son côté le député européen RN Jean-Lin Lacapelle. Comprendre: hors de question de tendre la main quelle que soit la configuration.

Du côté de l'ancien éditorialiste, l'union semble difficilement envisageable, qu'il passe ou non la marche du premier tour.

"Il veut faire l'union des droites et a donc tout intérêt à tuer Marine Le Pen. Son projet, c'est l'après-2022 et le RN n'a aucune place dans le dépassement politique qu'il envisage", avance encore le politologue.

Nicolas Bay, qui occupait une place centrale dans l'appareil politique du RN jusqu'à son éviction, partage l'analyse. "Après le reset (le résultat du second tour à la présidentielle et la défaite de Marine Le Pen NDLR), on reconstruit avec un parti structuré, qui a des militants et de l'argent", prophétise-t-il dans les colonnes du Monde.

"Un pacte de non agression"

"On discutera avec toutes les bonnes volontés. Ce sera à Éric Zemmour d'en décider bien sûr mais une chose est certaine. Ce sera 'tous sauf Macron'", nuance de son côté Stanislas Rigaut, le président de Génération Z pour BFMTV.com.

Un bon observateur de la droite nationale évoque, lui "un pacte de non-agression" entre les deux figures de l'extrême droite le soir du premier tour.

"Je ne vois pas vraiment un duel à mort... Sauf si les deux candidats sont dans un mouchoir de poche. Là, ça risque d'être sanglant parce que d'une certaine façon, les électeurs n'auront pas tranché", explique cet ancien élu du RN.

Des députés à négocier

En filigrane, c'est aussi la question des législatives qui se joue. En cas de bon score pour le polémiste, son équipe sera tentée de compter ses forces pour les investitures en espérant dérocher un groupe à l'Assemblée nationale.

En cas d'absence au second tour ou de score très loin de celui de Marine Le Pen, un éventuel accord autour de circonscriptions négociées pourrait permettre à Reconquête de s'installer dans le paysage politique. Au risque de faire disparaître le RN tout en lui permettant d'avoir une réserve de voix pour le second tour de la présidentielle.

"Soyons tous très modestes. Il peut se passer encore beaucoup de choses dans les semaines à venir. Et personne ne sait vraiment où en seront les uns et les autres au lendemain du premier tour", relativise Jean-Yves Camus.

Marine Le Pen récolte 16,5% des voix contre 14,5% pour Eric Zemmour dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express.

Marie-Pierre Bourgeois