Militaires fauchés à Levallois: "un intérêt récent mais certain" du conducteur pour Daesh
Une attaque "préméditée" et "à caractère terroriste". Le procureur de la République de Paris a donné des détails sur les investigations portant sur l'attaque des militaires qui a eu lieu le 9 août dernier à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine. Si le suspect, Hamou B., n'a toujours pas pu être entendu en raison de son état de santé, les enquêteurs se sont attardés sur des éléments techniques, et notamment l'analyse de téléphones portables découverts dans le véhicule et au domicile de l'homme.
Hamou B. avait "un intérêt qui semble, certes, récent mais certain pour les organisations terroristes islamiques avec d'éventuelles velléités de départ", a indiqué François Molins.
Dans les deux téléphones portables, les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure et de la Sous-direction de l'antiterrorisme ont retrouvé des recherches sur Internet portant sur les modalités d'obtention d'un visa pour la Turquie, sur des hôtels à Istanbul, sur la ville d'Itleb en Syrie. Ces velléités de départ sont également confirmées par des recherches, effectuées à la fin du mois de mai, pour des vols Paris-Istanbul pour un départ en septembre. Hamou B., proche de l'Association pour la prédication, qui prône un islam rigoriste, a également consulté des articles concernant "la légitimité de tuer des musulmans ou des mécréants", détaille le procureur.
Repérages
Outre cet intérêt confirmé pour les thèses terroristes, le caractère prémédité de l'attaque du 9 août, au cours de laquelle six militaires de l'opération Sentinelle ont été blessés dont trois plus grièvement, a été prouvé. Les images de vidéosurveillance de la commune alto-séquanaise ont permis d'observer les repérages réalisés par le suspect de 36 ans trois jours avant l'attaque.
"Il apparait en effet que le véhicule utilisé par Hamou B. se trouvait place de Verdun, à Levallois-Perret, le dimanche 6 août (...) autour de 9 heures puis après 15 heures roulant à très faible allure sur l'allée semi-piétonne entre les véhicules stationnés de la mission Sentinelle et le local de repos des militaires", poursuit François Molins.
Il était alors passé à l'acte le 9 août à 8 heures du matin en fauchant les militaires, qui n'avaient pas pu faire usage de leur arme, avant de prendre la fuite. Il avait été interpellé 5 heures plus tard sur l'autoroute A16. Blessé à cinq reprises lors de son arrestation, Hamou B., transféré à Paris, a subi plusieurs opérations depuis. "Son état ne permet toujours pas, à ce jour, une audition par les services de police", a précisé le procureur de la République de Paris, précisant que, selon le corps médical, ces auditions ne pourraient avoir lieu que dans quelques jours, voire quelques semaines.
C'est désormais à un juge d'instruction de mener les investigations alors qu'un information judiciaire pour "tentative d'assassinat contre personne dépositaire de l'ordre public en relation avec une entreprise terroriste" a été ouverte. Elles devront notamment s'attacher à savoir comment ce suspect, inconnu des services de renseignement, est passé à l'acte. Titulaire d'un titre de séjour, renouvelé en mars 2017, il avait seulement été signalé, en 2009, à Toulouse pour la vente de cigarettes de contrefaçon et défaut de titre de séjour. Employé comme manutentionnaire depuis 2015, il cumulait un second emploi de chauffeur pour une entreprise de transport de personnes qui avait loué le véhicule, une BMW, qui a servi à l'attaque.