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Terrorisme

Attentat en Isère: les confessions de l'ex-prof de sport de Yassin Salhi

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Le Parisien a rencontré l'ancien entraîneur de Yassin Salhi, principal suspect dans l'attaque de l'Isère. Il décrit un homme très doux mais capable d'exploser soudainement de rage, et qui lui aurait confié avoir passé six mois en Syrie entre 2010 et 2011.

La personnalité de Yassin Salhi apparaît de plus en plus au grand jour, deux jours après l'attentat et le meurtre qu'il est soupçonné d'avoir commis dans une usine à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère. Ses voisins, rencontrés par BFMTV, confient ainsi l'avoir vu se radicaliser ces dernières années, mais décrivent toutefois un homme "aimable" et "poli". 

Un autre homme dit l'avoir bien connu il y a environ quatre ans: il s'agit de son ancien professeur de sport, Sébastien (*), qui l'a initié aux sports de combat. Rencontré par Le Parisien, l'entraîneur livre un témoignage édifiant, qui apporte un nouvel éclairage à la part d'ombre du père de famille, actuellement en garde à vue. "Quand il est arrivé, il m'a dit: "Je voudrais faire du free fight" (une forme de combat extrêmement violent où tous les coups sont permis, ndlr). Je lui ai répondu: "Ici, on ne fait pas n'importe quoi, on fait des arts martiaux, avec des règles". Cela ne l'a pas découragé, et nous avons commencé les cours collectifs", raconte le professeur.

"Il ne se battait pas: il faisait la guerre"

Décrit comme un homme avec "une grande barbe et des cheveux longs", Yassin Salhi aurait vite dévoilé une nature dangereuse et bouillonnante. "Lors des combats en face à face, il se laissait taper sans réagir, sans même protéger son visage. Et puis, au bout de quelques minutes, il explosait de colère et frappait dans tous les sens avec une rage inouïe. Il était dangereux, pour lui-même et pour les autres. Il ne se battait pas: il faisait la guerre", poursuit Sébastien, qui raconte qu'au bout de quelques cours, les autres élèves n'ont "plus voulu se battre contre lui". L'homme dégageait pourtant selon lui "une douceur incroyable" lorsqu'il "n'explosait pas de rage". 

Pressentant en son élève une "bombe à retardement", Sébastien, désireux de réussir à "canaliser cette haine" dont il ne connaissait pas "l'origine", ne l'a pas lâché. "On a commencé à parler en dehors des cours. Sa conversation était centrée sur l'Islam", rapporte-t-il au Parisien. "Mais il ne débordait jamais: il ne parlait que d'amour, de paix, de foi. J'ai compris qu'il avait des failles et que cette religion lui avait donné des repères".

Il lui aurait confié avoir voyagé six mois en Syrie

Un jour, Yassin Salhi lui aurait même confié avoir voyagé durant "six mois en Syrie" entre 2010 et 2011, période durant laquelle il aurait étudié "dans une école coranique" et visité le pays. Faut-il y voir là les prémices d'une radicalisation, et des rencontres qui l'auraient poussé vers le terrorisme? Pour Sébastien, son endoctrinement ne fait aucun doute. "J'ai eu la sensation d'avoir à faire à quelqu'un d'endoctriné, sous influence", estime-t-il. 

Aujourd'hui, Sébastien, abattu de voir les faits dont on soupçonne son ancien élève, ne se dit pourtant pas étonné. "Je savais au fond de moi qu'un jour il exploserait. Mais ce n'était pas un meneur: je suis persuadé qu'on l'a utilisé, lobotomisé. S'il avait continué le sport (il a arrêté parce qu'il ne respectait pas les règles de laïcité du club, Ndlr), je suis sûr qu'il n'aurait jamais fait tout ce mal. J'ai fait de mon mieux pour tenter de désamorcer la bombe, mais je n'ai fait que retarder son explosion". 

(*) prénom modifié

Alexandra Gonzalez